Néo-pros français : 2015, une année faste

34 coureurs néo-professionnels composeront le peloton français en 2015. C'est la troisième promotion la plus riche depuis trente ans. DirectVelo vous livre des chiffres et des explications sur cette évolution d'une catégorie de coureurs qui retient toute notre attention...

Mais, d'abord, qu'est-ce qu'un néo-pro ? Pour cette étude, nous avons retenu les coureurs qui passaient pour la première fois dans un groupe sportif, de 1ère, 2e ou 3e division et qui ont une activité sur la route. Sont donc exclus les néo-pros individuels comme les pistards (Patrick Da Rocha, Frédéric Magné, Marc Meilleur, Florian Rousseau etc...) ou les cyclo-crossmen (David Pagnier, Bruno Le Bras) ou les néo-pros spécialisés dans la piste, qui ont essentiellement été recrutés par Cofidis (Arnaud Tournant, Laurent Gané, Kévin Sireau, François Pervis entre autres).

Par convention, nous avons compté les néo-pros passés après le 1er août d'une année N dans le total de l'année N+1. C'est ainsi que Olivier Le Gac est comptabilisé sur 2015 et Philippe Bouvatier et Jean-François Bernard, sur 1985 (trente ans déjà !).

Premier constat, les néo-pros français sont plus nombreux aujourd'hui qu'il y a trente ans. Nous en avons recensé 17 en 1985 et 34 pour 2015. Le record est atteint en 2008 avec 37 nouveaux pros. L'étiage est à 7 en 1993, alors qu'une année post-olympique était souvent propice à une vague de renouvellement du peloton professionnel. Mais en 1993, un an après les Jeux de Barcelone, il n'y a plus que 4 équipes pro en France : Castorama, Chazal, Gan et Novémail. C'est là une évidence mais une difficulté pour les aspirants : pour qu'il y ait des néo-pros, encore faut-il qu'il existe des équipes pro !

Petit retour en arrière. À la création des équipes de marques extra-sportives, à la fin des années 50, ces « intrus » devaient obligatoirement s'associer à une marque du sérail de l'industrie du cycle, principalement les marques de vélos. En 1963, alors que le cyclisme est le sport le plus populaire en France, il y a six équipes tricolores. Elles sont entretenues par six marques de cycles associées, donc, à des entreprises de bière, d'apéro, de pinard ou d'essence. Vingt ans plus tard, le cyclisme français est content quand il peut encore compter six équipes. Certes, on recense sept groupes sportifs en 1985 mais parmi eux, il y a l'équipe des chômeurs de l'UNCP, preuve qu'on manque de places disponibles ces années-là. Il est alors difficile pour des amateurs de trouver un contrat dans les équipes françaises.

En 1993, la Ligue réagit en inventant les « équipes promotionnelles ». Le but de ces formations est de servir de marche-pied entre les équipes amateurs (la Division Nationale vient d'être créée) et les équipes pros. En 1999, l'UCI va reprendre l'idée française avec la création des GS3 qui vont devenir les équipes Continentales. En 1994, arrivent donc chez les pros le CM Aubervilliers et l'AS Corbeil-Essonnes-Catavana. L'année suivante, ce sera La Mutuelle de Seine-et-Marne, émanation de l'US Créteil. Ces créations d'équipes, issues du monde amateur, forment un appel d'air pour les néo-pros. On passe ainsi de 7 à 27 néo-pros entre 1993 et 1994 à 31 en 1995. C'est le premier pic sur la courbe d'évolution.

Pour avoir des néo-pros, il faut donc parfois lancer de nouvelles équipes. Pourtant, en 1997, le passage à 7 formations françaises n'empêche pas la chute de la courbe. Normal, cette augmentation n'en est pas vraiment une : elle correspond au passage de l'équipe Festina sous pavillon français (elle était enregistrée en Andorre auparavant).

A la création des GS3 en 1999, les naissances de Besson Chaussures (avec Benoît Luminet par exemple) et Saint-Quentin-Oktos font repartir la courbe des néo-pros à la hausse. Ces pics se répètent à chaque création d'équipe : Bonjour, Jean Delatour, Bretagne, Roubaix, Besson-Sojasun, Team La Pomme Marseille, Véranda Rideau et, en 2015, l'Armée de Terre.

Au niveau mondial, les équipes WorldTour font passer très peu de coureurs directement des amateurs (14 en 2015). Elles préfèrent en effet embaucher un cycliste qui a fait ses preuves dans les rangs des Continentales ou des Continentales Pro. Les équipes françaises ou belges (comme Lotto, qui puise dans sa réserve non labélisée Continentale) font figure d'exception : elles donnent leur chance aux amateurs. Toutefois, à la création du ProTour en 2005, les néo-pros ont été avantagés, parce que les effectifs ont augmenté – les anciens pros en ont aussi profité. D'où cet autre pic constaté en 2005.

Photo : Guillaume Thévenot, Thomas Boudat et Julien Morice, les trois néo-pros d'Europcar en 2015 - Directvelo.com
 

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