On a retrouvé : Fabien Sanchez

Il avait la classe du grand poursuiteur. Pour ses premiers Jeux Olympiques à Athènes, Fabien Sanchez  sort un temps de 4'20"606 sur les 4 km. Il n'y a que Francis Moreau à avoir fait mieux en France. Quatre ans plus tard, il arrête sa carrière une première fois après son échec en poursuite aux JO de Pékin, "un peu sur un coup de tête." Il revient en 2010 sous le maillot de l'AVC Aix-en-Provence pour finir "en paix avec le vélo."
De 2003 à 2006, il a couru chez les pros, d'abord chez La Française des Jeux puis chez Cofidis.
Futur responable de magasin, Fabien Sanchez suit toujours le cyclisme en particulier la piste, et se "révolte" parfois, lui qui faisait partie de la dernière équipe de France à remporter une médaille mondiale en poursuite par équipes. C'était en 2003 à Stuttgart. Avec ses trois équipiers (Merciris, Perque et Neuville), ils avaient réussi un temps de 4'04"119. DirectVelo.com l'a retrouvé.

DirectVelo : On se souvient de ton retour cycliste en 2010, avant de te voir "disparaitre" de nouveau. Que s’est il passé pour toi ?
Fabien Sanchez : J’avais arrêté le vélo une première fois après les JO de Pékin, un peu sur un coup de tête. En descendant de mon vélo, lors de l’épreuve de poursuite individuelle, j’ai annoncé la fin de ma carrière. En fait, j’y réfléchissais depuis un moment, mais l’excitation de la course a accéléré la chute, après une année terrible physiquement mais aussi et surtout moralement. Mais l’année suivante, j’ai été directeur sportif à la Pomme Marseille et le fait de côtoyer les coureurs chaque week-end m’a montré que la compétition me manquait. Je roulais toujours beaucoup, et j’ai alors pris la décision de recourir. J’avais des choses à me prouver.

« JE N'AVAIS PLUS CONFIANCE EN MOI »

Qu’avais tu besoin de te prouver ?
Que j’étais capable de regagner une course Elite, retrouver un niveau physique correct. Jacky Mourioux, le sélectionneur de l’équipe de France piste, m’a cassé le moral. J’ai vraiment été dégouté du vélo à ce moment-là. Je n’avais plus du tout confiance en moi.

Une année t’a donc suffi ?
Oui. Je suis très fier d’avoir gagné le Circuit des 4 Cantons devant des coureurs tels que Dérangère, Grammaire ou les frères Samokhvalov. Sportivement, je n’avais ensuite plus rien à me prouver. Mon passé de sportif était clairement derrière moi, même si je n’avais que 27 ans. Après mes blessures à répétition lorsque j’étais chez les professionnels, je n’arrivais pas à retrouver un niveau assez important sur la route pour pouvoir espérer plus. Et puis, en parallèle de ma reprise cycliste, j’avais aussi repris une licence professionnelle. J’ai réussi à finir premier de ma promo après six ans passés loin des bancs de l’école. A la sortie de l’école, j’ai postulé à plusieurs boulots de responsable de rayons dans des commerces sportifs. Mais les six premiers mois qui ont suivi ma carrière, nous avons décidé avec ma femme de vivre six mois à la Réunion. Nous voulions profiter un peu d’une vie sans les contraintes auxquelles nous étions obligés de nous plier lorsque j’étais coureur cycliste.

« J'AI FINI EN PAIX AVEC LE VELO »

L’envie de reprendre de nouveau le vélo ne t’a donc pas effleuré l’esprit ?
Non, à aucun moment. J’ai fini en paix avec le vélo et je ne ressens pas le moindre manque. J’habite à Montpellier depuis quatre ans, et j’ai sorti le vélo une seule fois. J’ai pourtant toujours mon matériel qui est au top mais faire du vélo pour faire du vélo ne m’intéresse pas. Je n’aime pas rouler à deux à l’heure !

Tu as toujours un œil sur le monde du cyclisme ?
Bien sûr, car j’aime ce sport. J’ai encore quelques contacts avec Alexandre Geniez par exemple que j’entrainais avant qu’il ne passe professionnel. Je reçois de temps en temps des sms des copains tels que Patanchon, Marié, Monier ou Lebas pour ne citer qu’eux, mais je n’ai pas de relations hyper proches.
J’ai toujours un œil assez critique sur ce qu’il se fait sur la piste. Cela me fait beaucoup de peine et me révolte que l’équipe de France sur piste n’aligne plus de sélection de poursuite par équipes sur les grands rendez-vous, sur les Jeux Olympiques. En France, c’est difficile de s’investir sur la piste, même quand on a un gros potentiel.

«TON EMPLOYEUR TE PAIE POUR ÊTRE BON SUR LA ROUTE »

Qu’est ce qu’il faudrait améliorer selon toi ?
A partir du moment où ton employeur te paie pour être bon sur route, il n’accepte pas de te laisser te préparer vraiment comme il le faut pour tes objectifs sur piste. Je me souviens qu’en 2005, trois jours après les Championnats du Monde à Los Angeles, j’étais au départ du Tour du Pays Basque. Passer de la piste aux cols du Pays Basque, il n’y avait aucune cohérence, et surtout aucun temps de réadaptation. Mon physique n’a pas accepté et j’ai subi une grosse tendinite, qui a été le point de départ de mes soucis. Aujourd’hui, rien n’a changé dans le fonctionnement. J’espère qu’un coureur comme Bryan Coquard, par exemple, aura la possibilité d’allier les deux de façon intelligente.

Aujourd’hui, de quoi est fait ton quotidien ?
Je suis responsable de magasin Lidl à Montpellier. Enfin, pas encore. Je le serai officiellement après ma formation de trois mois qui me permet de voir le fonctionnement précis de l’entreprise. Après avoir été responsable de rayons dans des commerces sportifs, je suis content car c’est une véritable évolution professionnelle. Le commerce ça bouge tout le temps, et même si c'est différent du vélo puisque l’on est enfermé dans des bureaux, cela reste un travail où chaque jour est différent.

Crédit photo : www.velofotopro.com
 

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