Mondial Espoirs - Belgique : L'heure du bilan complet

Une semaine après les Championnats du Monde, il est l'heure de faire le bilan et l'analyse des courses avec les sélectionneurs nationaux. La première course passée au crible par DirectVelo sera celle des Espoirs, en compagnie de Jean-Pierre Dubois, le coach fédéral. Pour rappel, Tiesj Benoot avait terminé quatrième, Dylan Teuns 29e, Jasper De Buyst 33e, Loic Vliegen 38e et Floris De Tier 39e.

TIESJ BENOOT

« Il y avait un mot d'ordre : voir comment la course allait se dérouler. Comme c'était cadenassé par les Australiens, Tiesj a très vite compris qu'il fallait jouer le sprint. Il était malheureusement très mal placé dans le dernier virage. Ca lui a peut-être couté la troisième place. Caleb Ewan était peut-être inabordable, mais la troisième place aurait été possible. Ca aurait été le lot de consolation pour notre belle course d'ensemble. Mission accomplie pour Tiesj. Il avait carte blanche, tout dépendait de la course, on avait peur que les Australiens cadenassent, c'est malheureusement ce qui s'est passé. Tiesj a tenté, il aurait peut-être du attendre et jouer au poker, profiter du fait que Dylan était devant et ne pas y aller. Mais il préférait arriver à sept ou huit qu'à quarante.

LOIC VLIEGEN

Loic avait dit lui-même qu'il allait jouer sa carte à trois ou quatre tours de la fin, ce qu'il a fait. Il était au rendez-vous. Dans la phase finale jusqu'à deux tours de la fin, un groupe de 16 ou 17 part. Loic y croyait et a donné beaucoup de lui-même. Mais c'était le bon moment, car on ne pouvait pas garder tout le monde jusque la fin. Ca a provoqué un mouvement de panique chez les Australiens, et on a vu que les portes étaient grandes ouvertes à l'arrière du peloton. On a perdu un paquet de coureur juste sur un demi-tour, car l'Australie ne voulait pas laisser de champ à Kung, Latour, Van der Poel et nos deux Belges.

DYLAN TEUNS

Il a fait la course parfaite jusqu'au pied de la dernière bosse. Plus exactement, jusqu'au-dessus de la longue bosse. C'est là qu'il se retrouve 20 ou 25e pour entamer la descente. Ca roule tellement vite que les positions restent les mêmes jusqu'au pied de la côte. Je suis certain que Bystrom était 6e ou 7e maximum. Car si tu veux faire un coup quelque part, il faut être dans les tout premiers, pas aussi loin. Surtout que la première partie du peloton était en file indienne, donc c'est impossible de pouvoir surprendre les autres et faire la différence. Sur le dessus, Bystrom est déjà parti. Sur la fin de la bosse, Power part avec Teuns et un autre. Derrière, on a Benoot avec d'autres puis on se retrouve avec sept ou huit coureurs qui se rejoignent à deux kilomètres d el'arrivée. Mais tout le reste revient encore de derrière. Jusque-là, ça allait encore. Mais Bystrom a pris de l'avance dans la descente. S'il n'avait gardé que ses cinq secondes, ça changeait tout. Notre plan était de partir, mais au sommet de la bosse, il n'y a pas suffisamment d'écart avec le peloton. Sinon, c'était un scénario impecable. S'ils se retrouvent à sept ou huit pour la deuxième place, avec Tiesj, on est certain de faire deuxième au pire des cas. On aurait peut-être même pu aller rechercher Bystrom, même si j'ai des doutes car il était costaud.

JASPER DE BUYST

Il avait un rôle d'attente. Il fait une course parfaite jusqu'à 150 mètres de l'arrivée. Il est encore bien placé puis il a été tassé et gêné pendant son sprint. Sa chaîne se bloque et il ne peut plus donner le moindre coup de pédale à partir de 150 mètres de l'arrivée. Il fait 33e, mais sans son ennui, il peut aller chercher le podium car il avait été parfaitement emmené par Vliegen.

DE TIER ET VAN ROOY

Kenneth a refait un scénario similaire au Championnat d'Europe. Il était dans l'échappée où il fallait absolument être. Puis il a malheureusement eu des problèmes intestinaux. D'après le médecin, c'est une insolation. Il a vomi énormément sur le vélo, mais encore dans les box. Kenneth était au rendez-vous, dommage qu'il ait eu ses soucis, sinon on aurait pu l'utiliser encore plus longtemps.
Floris a voulu aller avec Latour. Il était omniprésent pour demander des informations à la voiture, il était bon, mais il lui a manqué un petit quelque chose dans la finale. Je pense qu'il a payé les efforts après sa chute et les efforts du contre qui a échoué. Il arrive dans le groupe pour la deuxième place, mais il n'avait plus le jus pour aider ses copains.

BENOOT-DE BUYST : LA BONNE PAIRE ?

Ce n'est pas une question d'entente. Jasper a dit qu'ils ne se sont pas cherchés car il n'y avait pas d'instruction. Je dois avouer que je n'avais donné aucune instruction. J'avais simplement dit si un des deux ne se sentait pas bien, il fallait le dire pour ne pas lancer le sprint inutilement. Là, apparemment, ils se sentaient tous les deux bien et si Jasper n'a pas son problème de chaîne, il était aussi catapulté. Ewan était sans doute imbattable, mais on peut peut-être faire 3 et 5, et là, c'est super. Tiesj aurait peut-être perdu une place, mais on aurait pu avoir Jasper sur le podium, ça aurait pu être très bien.
Loic cherchait en vain après Benoot et il a trouvé Jasper et s'est dit qu'il allait aller avec Jasper.
C'est un peu le même cas de figure qu'à Valkenburg, avec Kenneth Van Bilsen qui avait perdu Tom Van Asbroeck, puis finalement Tom revient de nulle part et fait troisième. Ici, c'est quasi le même scénario. On est troisième, mais malheureusement, il y en avait un devant...

TEUNS ET VLIEGEN A L'AVANT

Dylan n'a pas collaboré, car il pensait : "Moi, on joue ma carte dans le dernier tour, donc je ne vais pas me brûler en échappée". Mais c'est vrai que Loic a un autre raisonnement : à partir du moment où Dylan n'a pas collaboré, les Néerlandais, les Français ont commencé à hésiter. Mais quand on hésite et qu'on n'a qu'une poignée de secondes d'avance, ça a suffit aux Australiens pour faire la différence. Mais au vu du groupe d'élite qu'il y a à l'avant, si ça s'entend bien, ça va au bout. Ca aurait recassé dans la bosse la plus dure et ils auraient pu finir à six ou sept. Mais les Australiens, qui ont dû rouler à trois contre quinze ont réussi à revenir. C'est que des gars comme Kung ou Latour n'étaient pas à bloc.

LA TACTIQUE

On a pensé à durcir la course, mais le problème est qu'on ne durcit pas la course en attaquant. Il faut avoir l'aide des autres. On voyait qu'il y avait trop de différence. Pour aller plus vite que les Australiens, il fallait attaquer, puisque rouler plus vite qu'eux, c'était pas évident. Il n'y a pas beaucoup de gars qui peuvent rouler plus rapidement qu'un Champion du Monde contre-la-montre. Attaquer, oui, mais ce sont des escarmouches qui ne font pas mal à l'équipe. Il y a cette attaque de 15 coureurs, qui fait disparaitre deux Australiens, mais il restait encore Power et Ewan. Personne n'a su aller avec Bystrom, donc leurs plans ont été un peu tronqué à ce moment.

L'idée, c'était de faire bombarder à quatre tours de l'arrivée. Je pense qu'on aurait pu voir Kung, Meintjes, les Français, ... partir avec nous pour faire paniquer les Australiens. Quand ils ont vu un ou deux coureurs, je suis certains qu'ils n'ont pas paniqué du tout. Ca ne leur a pas fait perdre beaucoup de plumes. Si on avait pu avoir une situation avec quelques nations dangereuses. Ici, on a eu quelques individualités. Ce n'est pas méchant pour un peloton. Si pas de Norvégiens ou de Néerlandais, ils auraient peut-être aidé à revenir et ce serait rentré dans l'ordre.

LE BILAN FINAL

En général, on ne voit que les trois premières places. Mais nous, on tire souvent le bilan de la course. A Geelong, avec Laurens De Vreese, on fait sixième, mais on avait pesé sur la course, donc on était satisfait. Je me souviens aussi du Championnat du Monde à Copenhague en 2011. Démare gagne devant Petit, on ne fait "que" neuvième avec Tosh van der Sande. Mais on avait vu que des Belges dans les deux derniers tours. J'ai presque eu plus de félicitations qu'à Valkenburg quand on fait troisième. C'était impressionnant la façon dont ils avaient essayé de construire quelque chose. On savait que Démare était le meilleur, mais le parcours n'était pas assez dur pour nous.

Je tire donc un bilan très positif. Quand on voit les cinq garçons dans le premier groupe, c'est bon. A côté de ça les Français n'ont plus que Boudat. Nous, on en a encore cinq, si Kenneth n'est pas malade, on en a six alors qu'on a aussi été présent dans les échappés. Je suis content des coureurs et déçu du résultat. On n'est pas récompensé. Ne serait-ce que la médaille de bronze aurait confirmé notre bonne saison. On a pu l'emporter sur la Coupe des Nations, deux étapes du Tour de l'Avenir, la Côte Picarde, troisième au Tour des Flandres, sixième au Championnat d'Europe, ici encore quatrième. Je pense qu'on n'a pas du tout à rougir de la saison. Sur le peux de courses qu'il y a au top niveau, soit 4 Coupes des Nations, le Championnat d'Europe et le Championnat du Monde, c'est très bien. Et chaque fois avec des coureurs différents. »

Crédit photo : Maxime Segers - www.directvelo.be
 

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