Tiesj Benoot, le Challenge DirectVelo dans le viseur

Tiesj Benoot a terminé quatrième du Championnat du Monde Espoirs. Le Belge de la Lotto-Belisol U23 tourne ainsi la page de deux années Espoirs, puisqu'il passera dès l'an prochain chez les professionnels, au sein de la formation WorldTour Lotto-Soudal. DirectVelo.be s'est longuement entretenu avec le nouveau leader du Challenge DirectVelo qui n'a toujours pas remporté la moindre victoire en 2014.

DirectVelo : Quel bilan tires-tu de ton deuxième Championnat du Monde ?
Tiesj Benoot : Je suis content de ma course car tactiquement, j'ai très bien roulé. Nous avons un peu discuté avec Jasper (De Buyst), et il se sentait bien mais ne savait pas vraiment s'il aurait su jouer le sprint. J'ai alors décidé de m'économiser jusqu'à la dernière ascension, tandis que Loic et Dylan devaient attaquer. J'ai attendu, en restant toujours entre la vingtième et la trentième position. J'avais de bonnes sensations, je tournais bien les jambes. Dans la dernière bosse, le Norvégien a attaqué et cinq hommes sont partis en contre. Moi j'ai suivi dans les roues, sans faire d'effort. Je ne devais pas rouler comme Dylan était avec le groupe de contre. C'était vraiment idéal car nous étions encore à sept détachés du peloton.

« JE PENSAIS SPRINTER POUR LE MAILLOT ARC-EN-CIEL »

La deuxième place s'est finalement jouée au sprint...
On ne roulait plus vraiment et le peloton est revenu très vite. Ils nous ont remontés des deux côtés et je me suis retrouvé enfermé. A droite de la route, Loic Vliegen est revenu avec Jasper De Buyst dans la roue. Mais je rate le train de peu, car il y avait un homme entre eux et moi. J'ai alors choisi de rester à gauche, mais je négocie le dernier virage un peu trop loin, en dixième ou en douzième position. Ensuite, je fais un très bon sprint, car j'en remonte relativement beaucoup. Je rate tout juste le podium, mais je pense que je peux être satisfait de ma course.

Tu as des regrets ?
Si j'arrive à prendre la roue de Jasper, je suis sur le podium. Si je peux lancer mon sprint plus près en étant trois ou quatre places plus à l'avant, il y a moyen de faire mieux. C'était très chaotique et nerveux, c'est pour ça que je n'ai pas pu prendre une roue quand on est repris, car le peloton revient bien. Je n'ai pas vu le Norvégien. Je savais qu'il y en a un qui avait attaqué, mais je ne savais pas qu'il était encore devant. Je ne l'ai vu que dans la dernière ligne droite. Je pensais sprinter pour la victoire, pour le maillot arc-en-ciel. Ewan était bien, mais pas super bien. Les Australiens se sont sur-estimés je pense. Ils ont beaucoup roulé, mais sur ce type de parcours, tu le sens vite dans les jambes. Peut-être que s'ils ont un homme en plus au sommet de la bosse, ils peuvent rentrer.

« MANQUE DE CHANCE »

Dans l'incertitude il y a un petit mois, tu es finalement de retour au meilleur niveau...
Après le Tour de l'Avenir, je doutais un peu. Mais jour après jour, ça allait mieux. Je me suis bien entraîné dans les Ardennes. J'ai tout fait pour. J'ai même dormi dans une tente hypoxique. Les sensations étaient bonnes, j'étais fort. Quatrième au Mondial, c'est quand même beau. Je suis satisafait, dommage de ne pas être podium. Mais ici, c'est du haut niveau. Il y avait beaucoup de dénivelé, mais dans la longue côte, quand tu es bien caché dans le peloton, ça passe facilement. Cela a quand même roulé. A partir du moment où le groupe d'une quinzaine est parti à trois tours de l'arrivée, c'était à fond les gaz jusqu'à la fin.

Tu le démontres une fois tu plus, tu es abonné aux places d'honneur...
C'est l'année du "juste pas". C'est un peu décevant, mais je n'ai pas à me plaindre car j'ai un contrat profesisonnel, et c'est le plus important. J'ai fait une très bonne saison. L'an passé, je gagne trois courses, mais j'étais un peu moins bon que cette année. Cette année, j'ai vraiment roulé les courses les plus dures, à un niveau supérieur et tout le monde me connait, ce qui ne facilite pas les choses. Puis j'ai aussi manqué d'un peu de chance. Quand on voit ici, le nouveau Champion du Monde Espoirs, il n'avait pas encore gagné cette année, mais c'est un bon coureur.

« CHALLENGE ? MA PREMIERE VICTOIRE DE L'ANNEE »

Tu es par contre premier au Challenge DirectVelo grâce à ta quatrième place au Mondial !
C'est un classement amusant. Je n'ai pas encore gagné, cela serait ma première de l'année (rires). Ce n'est pas vraiment une victoire, mais c'est quand même amusant. Chez les Espoirs, je devrais l'emporter quoi qu'il arrive. Avec les Elites, on verra bien mais je vais maintenant rouler uniquement des courses professionnelles donc ce sera difficile de prendre des points. Je fais l'Eurométropole Tour, Binche-Chimay-Binche, Paris-Tours, normalement chez les pros, sinon chez les Espoirs, puis peut-être Putte-Kappelen. Mais bon, il suffit d'être une fois à l'avant pour ramener beaucoup de points, peut-être à Binche ou sur une épreuve comme ça.

Tu considères quand même ta saison comme réussie ?
Je suis content de ma saison, surtout après ma mononucléose. Quand vous étiez venu chez moi, en fin de saison pour me remettre le Challenge 19 ans, j'étais déjà malade et je me souviens avoir dit "Si je fais aussi bien qu'en 2013, je serai satisfait". En fait, je n'ai pas gagné, mais c'est beaucoup mieux. Cela se voit aussi dans le classement, j'ai pu me mêler à la victoire dans presque toutes les courses, sauf au Tour de l'Avenir où je suis tombé, mais je n'ai pas à me plaindre. Je suis à un niveau supérieur. J'espère encore franchir un petit pas l'an prochain, comme chaque année. Je me sens prêt donc quand on me propose une telle chance, je ne dois pas la laisser passer. Je n'ai pas encore roulé des épreuves WorldTour, mais ce n'est pas là non plus que je devrai faire des résultats dès l'an prochain. Dans les petites courses, je pourrai peut-être recevoir ma chance.

LE RONDE ET LE TOUR

Quelles épreuves rêves-tu de disputer ?
Le Tour des Flandres et un Grand Tour, mais pas dès l'an prochain, j'ai encore le temps. Je vais commencer par profiter de chaque grande course que je pourrai disputer. 2015, ce sera de toute façon trop tôt pour disputer les classiques ardennaises avec les pros, car c'est un autre niveau, c'est plus pour les grimpeurs. On verra dans les années à venir, mais je pense que je recevrai ma chance chez Lotto de me tester sur différents parcours. Les cols seront de toute façon trop durs pour moi, car je suis trop lourd. Des courses comme l'Amstel, ça doit me convenir, peut-être le Tour des Flandres aussi, on verra. J'ai un bon sprint, mais juste pas suffisant pour gagner. C'est peut-être un point que je dois travailler cet hiver.

Le sprint, le point à travailler le plus ?
Non, c'est le contre-la-montre. C'est là que j'ai la plus grande marge, car je n'y ai jamais beaucoup travaillé. Je vais recevoir un nouveau vélo de chez Lotto, et je pourrai rouler beaucoup dessus. C'est important, comme au Tour du Danemark par exemple (lire ici). Là, mon chrono était encore bon. En ce sens, je crois en mes capacités de rouleur contre le chrono. Je ne vais quoi qu'il en soit pas exagérer tant au niveau de l'entraînement que des courses. Lotto a confiance en moi, j'ai confiance en eux, ça devrait bien se passer.

Crédit photo : Maxime Segers - www.directvelo.com
 

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