Hanna Solovey : « Je n’ai pas d’argent pour courir »

Championne du Monde contre-la-montre Juniors en 2010, Championne d’Europe de la même discipline en 2013, Hanna Solovey a décroché sa première médaille mondiale dans la catégorie reine des Elites, à l’occasion du Championnat du Monde de Ponferrada (Espagne). "C’était mon deuxième Championnat du Monde dans cette catégorie. L’an passé, j’avais déjà fait un bon chrono en Italie (8e) mais cette fois, c’est incomparable. Je suis heureuse de ce podium. Je suis encore très jeune (22 ans) alors je me doutais que je n’allais pas décrocher la médaille d’or", explique-t-elle pour DirectVelo.com.

« SORTIR ROULER EST TROP DANGEUREUX »

Très souriante après l’arrivée, l’Ukrainienne a pourtant connu de nombreux jours difficiles. En mai 2011, elle avait été suspendue deux ans pour avoir été contrôlée positive au drostanolone, alors qu’elle n’avait que 19 ans. "C’était il y a trois ans. C’est tout. Trois ans, c’est long. Je n’ai rien à dire de plus à ce sujet", rappelle-t-elle, énervée et visiblement vexée. Depuis, Hanna Solovey a donc eu l’occasion de remonter à plusieurs reprises sur les podiums internationaux, sur route comme sur piste. Cette année pourtant, l’Ukrainienne n’a pratiquement pas pu courir de la saison. "Avec la situation politique actuelle de mon pays, c’est extrêmement compliqué de sortir pour aller rouler. C’est vraiment trop dangereux". En début d’année, la jeune femme vivait encore à Louhansk, ville tout à l’est de l’Ukraine. "Mais c’était vraiment terrible là-bas. Encore une fois, je ne voulais pas aller m’entrainer dans cette ville, c’était beaucoup trop dangereux". Désormais, la voilà provisoirement installée dans la ville de Lviv. "Actuellement, il y a un seul vélodrome disponible en Ukraine. Je m’entraine là-bas uniquement. Je ne fais rien d’autre".

Hanna Solovey espère que les choses pourront évoluer dans le bon sens prochainement. "J’aime beaucoup mon pays, mais dans les circonstances actuelles, j’aimerais vraiment pouvoir quitter l’Ukraine. Je serais sans doute beaucoup mieux ailleurs". Cette année, elle n’a pratiquement pas couru, faute de moyens. "Je ne gagne rien avec le peu de compétitions que je fais. Je n’ai pas d’argent pour courir. Sur la route, ma seule course de l’année était il y a quelques jours, en France". En effet, pour sa première course officielle de la saison, Hanna Solovey s’est permis le luxe de remporter le Chrono Champenois, mi-septembre. "Je ne peux participer qu’à une ou deux courses avec la sélection nationale. Pour le reste, c’est impossible puisque je n’ai pas de club", déplore-t-elle.

« LES JEUX OLYMPIQUES, UN REVE »

Présente sur aucune grande course internationale de la saison, l’Ukrainienne s’est donc tout de même permis le luxe de terminer deuxième du Mondial chronométré. Et elle en veut plus. "J’espère pouvoir devenir Championne du Monde dans le futur. Pourquoi ne pas faire les Jeux Olympiques également en 2016. C’est un rêve qui je l’espère, deviendra réalité".

Cette grosse et non moins surprenante performance à Ponferrada aidera-t-elle Hanna Solovey à décrocher un contrat dans une grande équipe l’an prochain ? "Je ne sais pas encore ce que je ferai en 2015. Pour l’instant, je m’entraine avec deux amies dans ce que l’on peut éventuellement appeler une équipe. Il n’y a pas d’argent dans cette équipe. C’est très compliqué pour moi. Alors oui, j’espère avoir autre chose plus tard". Cependant, l’Ukrainienne reste là encore très floue. Dans un anglais hésitant, elle confie avoir besoin de son coach de toujours. "Partir à l’étranger, d’accord. Mais pas sans mon entraineur. Cela fait 10 ans que je travaille avec lui. Je ne m’imagine pas faire du vélo sans son aide", précise-t-elle. Une chose est sûre, la sulfureuse spécialiste du contre-la-montre compte bien continuer de faire parler d’elle dans le futur. "Je reviendrai au Mondial l’an prochain. Et je serai encore meilleure".

Crédit photo : Nicolas Mabyle - www.directvelo.com
 

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Ganna SOLOVEI