Juniors Dames - Belgique : « Tout coach rêve du podium »

Partie vendredi matin en direction de Ponferrada, la délégation belge se prépare peu à peu pour les Championnats du Monde. Les Dames Juniors ouvriront le bal des épreuves individuelles, avec le contre-la-montre le lundi matin. La Belgique s'y rendra avec Eva Maria Palm, qui se verra accompagnée de Lenny Druyts, Saartje Vandenbroucke et Fien Delbaere pour la course en ligne. Laurence Melys, la sélectionneuse nationale, a dévoilé pour DirectVelo.be ses ambitions pour ces Mondiaux.
 
DirectVelo : La première Belge à entrer en piste sera Eva Maria Palm, sur le contre-la-montre individuel...
Laurence Melys : En effet, elle n'est que première année mais a terminée huitième du Championnat d'Europe. C'est donc normal qu'on veuille voir où elle se situe au niveau international. Elle a montré d'excellentes capacités, tant physiques que mentales et a encore une belle marge de progression.
 
Tu ne prends qu'une seule fille, alors que l'UCI t'autorisait à en emmener deux...
J'ai préféré ne pas attribuer la deuxième place, car Jesse Vandenbulcke (la championne de Belgique de la discipline, NDLR) n'était pas intéressée et que Lenny Druyts privilégie la route. Jesse a des objectifs cet hiver sur la piste où elle rejoint la catégorie des Dames Elites. Elle est déjà assez fatiguée et n'aurait jamais su récupérer pour ses échéances sur la piste. C'est un choix réfléchi. Tandis que pour Lenny, nous avons décidé de privilégier la route. Combiner le chrono et la route aurait été de trop.
 
TOP QUINZE AU CHRONO
 
Huitième aux Championnats d'Europe, Eva Maria Palm peut viser le Top 10 à Ponferrada ?
Un top dix serait magnifique, mais le niveau sera beaucoup plus élevé. On risque de tomber face à des filles qui ne roulent pas souvent en Europe. Un Top 15 serait déjà une belle façon de conclure une première année dans la catégorie Juniors.
 
Au contraire de Druyts, Palm doublera chrono et course en ligne...
Nous avons beaucoup discuté pour faire le choix ensemble. On a réfléchi à la faisabilité. Au Championnat d'Europe, elle avait déjà fait les deux épreuves alors qu'il n'y avait qu'un jour de récupération, donc ici, avec trois jours, ça devrait aller encore mieux. Elle aura le temps de bien digérer le chrono et d'arriver en bonne condition pour la route. 
 
Elle a pourtant été freinée par quelques pépins physiques ?
C'était il y a près d'un mois, et maintenant, ça va mieux. Elle a pu prendre une semaine pour récupérer puis elle s'est préparée pour les Championnats du Monde. La semaine passée, sur une course avec les garçons, elle a fait la course à l'avant ! Elle a ainsi montré qu'elle a retrouvé son meilleur niveau tant physiquement que mentalement. C'est rassurant et motivant pour elle.
 
UN COLLECTIF COMPLET
 
Composer une équipe n'est jamais facile, surtout quand on ne peut prendre que quatre coureuses...
A vrai dire, je n'ai pas eu trop de difficulté, car il n'y avait pas de discussion possible. Eva est une attaquante, c'est le meilleur adjectif qu'on puisse trouver pour la qualifier. C'est certain qu'elle ne va pas attendre dans les roues et qu'elle misera sur une course offensive. Lenny et Saartje passent assez bien les bosses et ont une pointe de vitesse pour le sprint si elles arrivent à dix ou quinze. Fien Delbaere sait quant à elle qu'elle est là pour aider l'équipe. Elle sait et est prête à travailler dès le début s'il le faut. C'est très important d'avoir une fille prête à se dévouer pour les autres.
 
Tu as dû éliminer deux filles par rapport aux Championnats d'Europe (Laura Verdonschot, passée au cyclo-cross, et Maxime Roes, NDLR)...
Ce n'est jamais un choix très facile à faire, mais il faut surtout réfléchir en fonction des personnes dont on a besoin pendant la course. Maxime Roes était lâchée aux Championnats d'Europe. J'ai pris Fien Delbaere car elle a la mentalité pour se mettre au service de l'équipe. Elle est même contente de le faire alors que toutes n'aiment pas ce rôle. Aux Championnats d'Europe, elle est tombée en début de course. Et dans la finale, elle nous a manqué pour rattraper la petite erreur quand on avait personne dans le groupe à l'avant. 
 
Tu disposes donc d'un effectif très complémentaire !
C'est vrai ! Au vu du parcours et du niveau international actuel, ce ne sera pas facile de contrôler la course. Il faut s'attendre à une course de mouvement, et pas à une arrivée en groupe. Je dis toujours aux filles que ça ne sert à rien de faire la course avant qu'elle ne soit roulée. Evidemment, on envisage plusieurs scénarios mais on ne peut jamais être sûr qu'il se déroulera. Pour nous l'idéal serait soit qu'Eva se retrouve dans un petit groupe, soit d'arriver au "sprint" avc Saartje ou Lenny.
 
LA BELGIQUE PAS FAVORITE
 
Ces quatre filles se connaissent bien ?
Nous avons fait plusieurs petits stages et nous sommes souvent ensemble. Le week-end dernier, les filles ont encore fait une course avec les garçons, en Débutants pour prendre de la vitesse. Le niveau est plus élevé et ça roule plus vite que chez les filles ! Je me retrouve avec quatre filles motivées et une belle ambiance dans le groupe. Quand on est si peu, ce n'est pas facile quand il y a des tensions. Mais ici, elles se connaissent bien. Elles savent et ont envie de rouler ensemble.
 
Avec tant d'atouts, on peut mettre la Belgique parmi les favorites ?
On peut espérer faire une belle course, et obtenir un résultat à la fin serait encore mieux. Mais nous ne sommes pas les favorites au départ. Ce sera aussi un avantage, on pourra partir sans pression, sans avoir à contrôler la course. 
 
Quel objectif te fixes-tu ?
Un podium serait top ! Tout coureur ou tout coach espère de terminer sur le podium au départ d'un Mondial, c'est logique. Quand Jessy Druyts avait terminé deuxième à Copenhague, c'était une performance magnifique. Mais au vu du niveau, nous serions déjà satisfaits d'un Top 10. Ce serait positif pour l'équipe.
 
Quelles nations places-tu dès lors dans les favorites ?
L'Italie comme l'Australie sont toujours très fortes. La France a un très bon collectif, et il faudra compter sur elles pour voir une course offensite. Il y a aussi la Colombie et les filles des pays de l'Est qu'on ne connait pas toujours bien et qui sont présentes au rendez-vous. Puis il ne faut pas oublier Nicole Koller, la Suissesse deuxième des Championnats d'Europe. Le potentiel est très haut, et plusieurs équipes sont fortes sur le papier. Après tout, c'est positif pour le cyclisme féminin d'avoir un niveau si élevé dès les Dames Juniors.

Crédit photo : Paul Verdonschot
 

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