Tao Geoghegan Hart : « J'aime la montagne »

Marrant, le poil roux, la démarche traînante et le passeport britannique : Tao Geoghegan Hart ressemble au Bradley Wiggins des jeunes années. Il est aussi l'une des révélations du Tour de l'Avenir qui s'est achevé samedi du côté de la Toussuire (Savoie) : 11e au classement général (à 8'56'' de l'intraitable Colombien Miguel Angel Lopez). Et deuxième coureur sorti des rangs Juniors, après l'Australien Rob Power, le dauphin de Lopez.
 
"Je ne savais pas à quoi m'attendre pour ma première course de montagne en Europe, confie-t-il DirectVelo. Je voulais surtout revenir à 100% de ma forme d'ici la fin de saison."
 
En mai, le grimpeur mi-anglais et mi-écossais est en effet resté trois semaines sans rouler, trois semaines "assez inquiétantes" pendant lesquelles les médecins ont tardé à livrer leur diagnostic. Il s'avère que Tao Geoghegan Hart souffrait d'un problème au système nerveux.
 
"Je ressens encore de la douleur et je manque encore de puissance quand il faut produire des accélérations", admet-il. Sur le Tour de l'Avenir, il cédait au bas de chaque ascension finale, sous les coups de boutoir des principaux protagonistes. Puis le coureur du Team Bissell Development s'accrochait à un deuxième ou troisième groupe, dodelinant de la tête, se calait sur son rythme propre et essayait de sprinter dans les derniers hectomètres, pour gagner quelques secondes.
 
Keith Lambert, l'entraîneur national des Espoirs britanniques, juge "très satisfaisant la performance de Tao, surtout quand on pense qu'il n'a que 20 ans." Entre son jeune âge et les séquelles de sa maladie qui s'estompent peu à peu, c'est peu dire qu'il lui reste une marge de progression pour 2015.
 
Son futur proche, Tao l'imagine accroché aux grands cols. Classé 3e de Liège-Bastogne-Liège au printemps, vainqueur l'an passé du Tour d'Istrie et du Tour de la Lunigiana, il avait déjà montré qu'il se plaisait dans les bosses et la moyenne montagne. Au Tour de l'Utah ou au Tour de Californie, sur un profil encore plus ardu, il s'était déjà régalé malgré la souffrance encore tenace. "Mais avec le Tour de l'Avenir, il est désormais clair que j'aime la montagne, la haute montagne", dit-il.
 
Pas question toutefois de se restreindre à une catégorie avec une petite étiquette en bristol posée dessus. "Je suis avant tout un compétiteur, nuance-t-il. Je veux encore courir Paris-Roubaix l'an prochain [il avait fini 3e de la version Juniors en 2013] et d'autres épreuves très variées."
 
Car Tao Geoghegan Hart, qui depuis un an a renoncé à la piste pour mieux progresser sur route, se donne du temps. "Je veux apprendre", insiste-t-il. "Pendant ta première année Espoir, tu dois voir comment ton corps réagit aux charges d'entraînement ou aux déplacements en avion, par exemple. Mais j'ai aussi appris de ma maladie. C'était certes une période désagréable et douloureuse, mais c'est bien de faire face à une situation pareille quand tu es dans ta première année."
 
Rassuré par son Tour de l'Avenir, et excité sous ses airs très cool, Tao Geoghegan Hart espère décrocher sa place pour les Championnats du Monde Espoirs, fin septembre. Si sa guérison se confirme, il pourrait alors poser quelques mines dans la côte du circuit, à Ponferrada (Espagne).

Crédit photo : Alexanne Bonnier

Mots-clés