Rayane Bouhanni a remporté dimanche le Tour de l'Abitibi (Canada), une course par étapes disputée sur six jours. La France, qui domine la catégorie Juniors, se dirige vers un nouveau succès en Coupe des Nations. Julien Thollet, l'entraîneur national des Juniors depuis le début de saison, répond aux questions de DirectVelo.com. 

 

DirectVélo : Le voyage au Canada s'est bien passé avec deux victoires d'étapes, pour Rayane Bouhanni et Damien Touzé, et la victoire finale. Quel bilan en tires-tu ?

Julien Tholllet : Nous sommes partis à l'aventure, en expédition. Il y avait une vraie contrainte matérielle liée au voyage. Nous ne pouvions pas emmener par exemple six vélos de chrono. Il a fallu faire un choix, et seuls deux coureurs ont pu prendre leur vélo, Léo Danès et Rayane Bouhanni. Je savais que je pénalisais les autres, le général avait toutes les chances de se faire sur le contre-la-montre, mais je n'avais pas le choix. Nous avons finalement passé un très bon séjour ! Il y a eu un match entre les Etats-Unis, le Danemark, la France et les Canadiens. 

 

Tout n'a pas été simple... Que s'est-il passé sur la 5e étape ? 

Le vendredi, il y a eu une chute à quatre kilomètres de l'arrivée. Tous les favoris sont tombés sauf Rayane (Bouhanni). Ce qui lui a permis de reprendre le maillot de leader. Mais suite à la chute, il y a une grosse confusion. Pour les Américains, c'était de notre faute. Chacun a cherché des renseignements, nous sommes allés voir les arbitres. En fait, il y a une chute "banale". Ça frottait beaucoup, c'est tombé. C'était donc super tendu les deux derniers jours. Mais les coureurs ont été solides, avec Damien Touzé dans le rôle de capitaine de route. Ils ont répondu aux 50 attaques des Américains... 

 

Rayane Bouhanni confirme sa très bonne saison. Il est devenu un pilier de l'Equipe de France... 

Ce n'est pas le même sur le vélo et en dehors. Il est attachant, souriant, agréable à vivre, à faire des blagues... C'est un autre bonhomme une fois qu'il est monté sur son vélo. Le terme est peut-être fort mais c'est un "tueur". C'est vrai qu'il est devenu un élément important de l'Equipe de France. Il est solide, on peut compter sur lui. Le parcours n'était vraiment pas difficile. Les principales difficultés étaient des ponts d'autoroutes. Il a provoqué sa victoire d'étape le premier jour, ils ont fait un numéro à deux avec Magnus Bak Klaris (Danemark). Ils étaient les deux plus forts de l'épreuve. Rayane est, on peut le dire, la révélation de la saison. Même s'il avait remporté l'an passé la dernière manche du Challenge National, le Tour du Morbihan, il n'avait pas été sélectionné en Equipe de France en 2013. Il a pris confiance, emmagasiné beaucoup d'expérience notamment sur la Course de la Paix où il a été leader. Il devrait confirmer dans les années à venir.

 

« NE PAS NOUS ENDORMIR SUR NOS LAURIERS »

 

Avant le Championnat du Monde, qui clôturera la Coupe des Nations, la France est en route vers sa 3e victoire en quatre ans...

Je n'ai pas encore regardé combien de points ramènent les deux épreuves du Championnat du Monde. Il faut peut-être un triplé danois, et que la France ne prenne pas de points (Il y a 88 points d'écart entre les deux pays, NDLR). Nous n'avons plus quitté la tête depuis la 2e manche, le Tour d'Istrie. Comme je l'ai déjà dit, il y avait eu un sacré boulot de la part de mes prédécesseurs. Cette première place est une belle satisfaction, dans la lignée de ce qui a été fait  par le passé. C'est un beau clin d’œil au moment où deux Français ont terminé sur le podium du Tour de France (Jean-Christophe Péraud et Thibaut Pinot, NDLR). La relève est là.

 

De quoi être optimiste ?

Il ne faut pas comparer les générations. On a pu voir que des coureurs comme Thibaut Pinot et Romain Bardet figuraient parmi les meilleurs du monde chez les Juniors. Aujourd'hui, on suppose que certains coureurs de l'actuelle Equipe de France Juniors passeront chez les professionnels. Et pourquoi pas y briller pour certains également. J'ai lu l'avis de Dominique Arnaud ce matin (lire ici),  je pense personnellement que tout le système français est la raison des résultats du dernier Tour de France. Dès les Cadets, un jeune est entre de bonnes mains, avec de bons éducateurs. Je connais bien les comités départementaux et régionaux, tout est bien huilé en France. Un coureur peut avoir un beau parcours de formation. En tout cas, il ne faut pas s'endormir sur nos lauriers, toujours se remettre en cause. Les autres nations bossent ! Il faut être vigilant, ne pas se faire dépasser. 

 

Dans un futur plus proche, quel est le programme de l'Equipe de France d'ici le Mondial ?

Je vais attendre la course du Championnat de France, le 23 août à Saint-Omer (Pas-de-Calais), pour établir ma sélection pour le Mondial. Du 5 au 7 septembre, l'équipe disputera le Grand Prix Rüebliland (Suisse). Il y aura là-bas des grosses nations, comme le Danemark. Je ne sais pas encore si le stage de préparation aura lieu dès la fin de la course, ou alors après le Signal d'Ecouves (le 15 septembre), dernière manche du Challenge National. 

Crédit Photo : Nicolas Gachet - www.directvelo.com