Fanny Zambon : « Il me manquait une belle victoire »

Jamais titrée au niveau national ni même au niveau régional jusqu’à présent, Fanny Zambon a lavé cet affront ce vendredi en devenant Championne de France de la Course aux Points dans la catégorie Juniors, sur la piste d’Hyères (Var). Pas forcément attendue à un tel niveau, la Haut-Savoyarde avait visiblement tapé dans l’œil de ses adversaires dès les Championnats d’Europe de Nyon (Suisse), une semaine auparavant. ‘‘Fanny, je l’avais cochée dans les filles à surveiller car on avait déjà pu voir ce dont elle était capable à l’occasion du Championnat d’Europe contre-la-montre…’’ (13e, NDLR) concède sa collègue en Equipe de France Juniors Dames, la tenante du titre Soline Lamboley. Pour DirectVelo.com, Fanny Zambon - licenciée du VC Cluses-Scionzier - revient sur cette consécration, sans oublier d’évoquer les semaines à venir, pleines de promesses.

DirectVelo : Deux jours après ton sacre sur la Course aux Points, réalises-tu que tu es Championne de France Juniors de la discipline ?
Fanny Zambon : Pas trop à vrai dire (rires). J’ai dû mal à réaliser que c’est mon maillot ! C’était un peu inattendu pour moi de gagner ici car je n’avais pas spécialement préparé ce Championnat de France sur piste. D’ailleurs, je n’avais quasiment pas mis les pieds sur la piste depuis l’hiver dernier, c’est dire. En plus, il y avait une grosse concurrence. Je pense surtout à Soline (Lamboley), qui était quand même la tenante du titre. Il y avait aussi Alphanie (Midelet), Margot (Dutour) ou Marion (Borras). J’espérais simplement améliorer mon temps de l’année dernière sur la poursuite individuelle (elle prend finalement la 4e place, NDLR) et faire au mieux sur la course aux points. Encore une fois, je n’y croyais pas vraiment, mais mon comité (Rhône-Alpes) me répétait que j’avais les moyens de le faire. Et puis, c’est vrai que la course aux points est une épreuve que j’ai toujours appréciée.

« JE SAVAIS QUE J’AVAIS LE NIVEAU »

Ce titre est d’autant plus appréciable que c’est ton premier, toutes catégories confondues…

C’est vrai, ça fait tellement plaisir ! Il me manquait vraiment une belle victoire jusqu’à présent. A chaque fois que l’on me demandait ce que j’avais fait dans le vélo, j’étais incapable de donner un résultat en particulier. J’étais toujours bien placée, régulière, mais il me manquait le résultat qui marque. C’est pour ça que c’est encore plus spécial de gagner ce Championnat. Après, j’ai eu le temps de réaliser en course. Dans les derniers tours, je savais déjà plus ou moins que j’allais gagner. Mais quand j’ai passé la ligne d’arrivée, je me suis mise à douter quand même. Je me suis dit, - finalement ce n’est peut-être pas moi -. Puis j’ai vu ma sœur, ma mère et des amis qui étaient venus me soutenir, tout sourire et là, j’ai compris que c’était fait !

Considères-tu ce titre comme une juste récompense après de longs mois de travail sur la route, et une grande régularité sur la plupart des courses du calendrier ?
Bien sûr que c’est une récompense. D’autant que comme je le disais, il manquait une belle ligne à mon palmarès. J’y pensais encore il n’y a pas si longtemps, sur le Championnat d’Europe à Nyon. Je regardais les filles de l’équipe de France et je me disais que j’étais sans doute bien la seule à ne jamais avoir fait un podium sur un Championnat de France par exemple. Je ne faisais pas de complexe pour autant, je me sentais à ma place dans l’équipe. Je savais que j’avais le niveau, mais en termes de résultats bruts, je me trouvais moyenne. En plus, marcher à Hyères était aussi une façon de vite passer à autre chose, après la déception du Championnat d’Europe de Nyon (les filles de l’Equipe de France avaient été piégées dans le final, Soline Lamboley réglant alors le sprint du peloton pour la 6e place, NDLR). C’était un gros objectif pour toutes les filles. On avait donc eu du mal à évacuer la déception sur le coup. Désormais, c’est passé et je veux me concentrer sur le Championnat de France sur route, qui sera vite là. 

« ETRE SUR LE PODIUM AU CHAMPIONNAT DE FRANCE CHRONO »

Tu ne t’envoleras donc pas pour le Portugal et le Championnat d’Europe sur piste, malgré ton nouveau statut de Championne de France ?

Je me concentre d’abord sur la route. Le Championnat d’Europe au Portugal n’était pas vraiment dans mon programme, je n’ai rien fait pour le préparer, même si ça m’aurait quand même fait plaisir d’y aller. Mais le sélectionneur national ne m’a pas trop donné de nouvelles depuis quelques temps. Et puis il faut préciser que la sélection avait déjà été faite avant ma victoire sur la course aux points. Ne pas y aller n’est pas un problème. Entre le Championnat de France sur route, le Tour du Poitou-Charentes et je l’espère, le Championnat du Monde en Espagne, il y aura de quoi faire. J’aimerais faire un bon résultat sur le chrono du Mondial. Sur la route également, je pense que le parcours pourrait me convenir. La sélection pour ce Mondial se fera lors du Championnat de France, il faudra que j’y sois performante (4e du CLM et 9e sur route lors du Championnat de France 2013).

Tu peux légitimement viser le podium sur le Championnat de France contre-la-montre…
J’avais terminé quatrième l’an dernier sans rien préparer, donc logiquement, je veux finir sur le podium cette fois-ci. Mais ce ne sera pas facile. Il y aura beaucoup de filles très fortes, y compris dans mon propre comité. Je pense notamment à Greta (Richioud), qui a quand même fait troisième en Suisse (aux Championnat d’Europe). J’aime le chrono. C’est un exercice que je travaille au maximum. J’ai fait beaucoup de progrès grâce à Julien (Guiborel, le sélectionneur national) notamment. Avant, j’avais du mal à gérer mes efforts. Je partais souvent trop vite et je m’effondrais sur la fin des chronos. J’ai aussi revu ma position sur le vélo, je suis plus aérodynamique. Et puis j’ai travaillé mes trajectoires, en visionnant des vidéos de mes chronos. Sur le Championnat d’Europe par exemple, j’étais filmée depuis la voiture suiveuse. Du coup, j’ai pu revoir les erreurs que j’avais pu commettre ce jour-là. J’espère que ça portera ces fruits au Championnat de France.

« LES ESPOIRS, CE SERA ENCORE UNE MARCHE AU-DESSUS » 

En 2015, tu passeras dans la catégorie Espoirs. Comment envisages-tu l’avenir, entre les études et le cyclisme ?  

J’ai eu mon Baccalauréat l’année dernière, puisque j’avais un an d’avance. Cette année, j’étais en première année de classe préparatoire d’école d’ingénieur, à Grenoble. J’ai la chance de pouvoir faire ça en trois ans, au lieu des deux années habituelles, et ce grâce au sport-études. J’ai des horaires aménagés, j’ai le temps d’aller rouler l’après-midi, en principe trois fois par semaine. Après, c’est clair que ce n’est pas toujours facile. Quand je rentre d’une manche de Coupe de France à 1h du matin, et que j’ai cours le lendemain à 8h... ce n’est pas très drôle. D’autant que le niveau scolaire commence à être très élevé, ce n’est plus le lycée là ! J’avais d’ailleurs quelques difficultés au début de l’année, mais maintenant ça va mieux. D’ailleurs, j’ai pu passer en deuxième année. L’an prochain, ce sera encore autre chose car je vais passer dans la catégorie Espoirs effectivement. Ce sera encore une marche au-dessus. Il va falloir franchir un nouveau cap. Mais j’espère continuer à performer dans le cyclisme. Et si j’ai dû mal par moments, alors il faudra persévérer. Je suis très motivée.

Crédit Photo : Christian Petroz  
 

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