Journée « historique » pour les frères Drujon

Les frères Drujon - Benoit et Mathieu -, ont vécu une drôle de journée samedi dernier. Les anciens professionnels de BigMat-Auber 93, aujourd’hui amateurs du VC Toucy, ont en effet réussi un sacré coup en remportant chacun une étape sur le Tour de Côte d’Or, et ce durant la même journée. Benoit a réglé le sprint massif matinal de Châtillon-sur-Seine avant que Mathieu ne gagne en solitaire à Alise-Sainte-Reine après une échappée. Pour DirectVelo.com, les deux hommes reviennent sur cette journée pas tout à fait comme les autres.

« LA PREMIERE FOIS QUE MON FRERE M’EMMENAIT COMME CELA »

Samedi 12 Juillet 2014, 11h02. Il reste 1500m sur la 2e étape du Tour de Côte d’Or, dominé depuis la veille par Erwan Téguel (CC Etupes). Benoit Drujon - déjà vainqueur par le passé dans cette même ville d’arrivée - est le leader désigné du VC Toucy pour le sprint massif. Son poison-pilote n’est autre que son frère Mathieu. Les deux hommes se positionnent en tête de paquet. Benoît explique : "Il y avait une descente très raide en ville. Au compteur, je suis monté à 83,5 km/h ! Il y avait un gros virage sur la gauche en bas de la descente, on a pu l’aborder en tête avec Mathieu. Il a fait un kilomètre tout seul sans que personne ne vienne nous embêter ou nous déborder. Il n’y a eu aucune vague. Il y avait un dernier virage aux 350m. J’ai lancé aux 200m et j’ai pu garder une roue d’avance jusqu’à l’arrivée."
Satisfait de décrocher son deuxième bouquet de la saison après Dijon-Auxerre-Dijon, Benoît Drujon est encore plus heureux du déroulement de ce sprint massif. "C’était la première fois que mon frère arrivait à m’emmener comme ça. Chez les pros, on se perdait souvent avant la flamme rouge. Là, on a vraiment fait du bon boulot tous les deux, ensemble." Son frère Mathieu, confirme : "Cette victoire de Benoit a été une grosse satisfaction pour moi. C’était comme une victoire. J’ai vraiment senti que l’on avait construit cette victoire à deux."

« CINQ SECONDES AVANT LA LIGNE, J’AI REALISE CE QUE L’ON VENAIT DE FAIRE »

L’après-midi même, une grosse échappée se dessine dès les premiers kilomètres. Benoit et Mathieu en font tous deux partie, avant que le groupe ne se scinde dans le final. "On est ressorti à quatre avec Patoux, Bernier et un coureur suisse (Suter, NDLR). On a de suite creusé l’écart. Le peloton était vite à une bonne minute, alors j’ai pensé à jouer ma carte personnelle, à viser la victoire d’étape", explique Mathieu. Pendant ce temps-là, Benoît a d’autres préoccupations à l’arrière. "Notre leader Jérémy Maison était deuxième du général, dans la même seconde que le maillot jaune Erwan Téguel. J’ai voulu l’emmener dans la dernière bosse pour qu’il essaie de grapiller la seconde qui allait lui permettre de prendre le maillot."
Et Jérémy Maison réussira bel et bien à décrocher Téguel pour s’emparer du maillot jaune. Carton plein pour le VC Toucy puisque pendant ce temps-là, à l’avant de la course, Mathieu Drujon se débarrasse de ses derniers compagnons d’échappée. "Bernier a accéléré. Dans un premier temps, je n’ai pas suivi, j’ai laissé faire. Quelques hectomètres plus tard, je suis parti tout seul à sa poursuite, puis je suis rentré. Il a explosé quand j’ai réattaqué. La pente était très raide. D’ailleurs, c’est la première fois que je faisais un sprint sur le petit plateau", relate l’ancien vainqueur de la Classic Sud-Ardèche.
Mathieu peut alors lever les bras et savourer son deuxième succès de la saison, quelques heures seulement après la victoire de son frère. "Pendant toute l’étape, je ne m’étais vraiment pas dispersé. J’étais concentré sur ce que j’avais à faire. Mais cinq secondes avant la ligne, j’ai réalisé ce que l’on venait de faire avec Benoît. C’est forcément une grosse satisfaction et un grand moment pour nous."

« J’ETAIS PRESSE DE LE RETROUVER EN-HAUT »

A ce moment-là, son petit frère Benoit n’est pas encore au courant de la victoire de Mathieu. "Après avoir placé Jérémy Maison du mieux possible, je me suis écarté. J’étais vraiment focalisé sur mon travail pour Jérémy. Je ne pensais plus trop à l’échappée devant. Je n’avais ni info, ni écart. J’ai essayé d’écouter le speaker, mais je n’entendais rien. Et puis j’ai vu la copine de Benjamin Pascual (coureur du VC Toucy, NDLR) sur le bord de la route. Elle m’a dit - ton frère a gagné -. J’étais vraiment pressé de le retrouver en haut, qu’on puisse savourer ce moment ensemble." .Mais pas vraiment le temps de célébrer pour les deux frères, la faute au protocole. "On n’a pas vraiment eu le temps de se voir après l’arrivée. Je l’ai simplement croisé très vite fait. Il y avait du monde partout, et puis un gars me suivait à la trace pour le contrôle", confirme Benoît. Même son de cloche pour Mathieu : "Le chaperon m’est vite tombé dessus également. Pas le temps de profiter."

« IMMORTALISER CE MOMENT »

Quelques heures plus tard, ils auront le temps de réaliser. "C’est pour des moments comme ceux-là que l’on fait du vélo. Là forcément, on a pu immortaliser ce moment", concède Benoît. Et à Mathieu de conclure : "On a quand même été boire un coup le soir même, mais pas grand-chose. Il y avait encore étape le lendemain. En tout cas, c’est historique. Cela ne se reproduira pas tous les jours, c’est clair. Et puis, je sais que cela a fait plaisir à mon grand-père, qui suivait la course sur DirectVélo. J’ai revu pas mal de cyclistes à l’entraînement ces derniers jours, et tout le monde m’en reparlait."

Crédit Photo : Bruno Arnoux - www.bruno-arnoux.com
 

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