Théry Schir : « Participer aux J.O, ce n’est pas rien »

A 21 ans, Théry Schir est l’un des grands espoirs du cyclisme suisse. Il faut dire qu’une belle génération de jeunes talents arrive à maturité. "Il y a un vrai et beau projet depuis 4-5 ans maintenant. Nous sommes partis de rien mais aujourd’hui, nous avons bâtis une belle équipe, notamment une poursuite par équipes performante". Récemment à son avantage sur les routes du Tour de Franche-Comté ou de la Flèche du Sud, le coureur d’EKZ Racing Team est à l’aise sur la route, et espère d’ailleurs participer au prochain Tour de l’Avenir, "pour apprendre un maximum". Mais c’est aussi et avant tout un excellent pistard, avec un objectif bien précis en tête : les Jeux Olympiques de Rio, comme il l’explique à www.directvelo.com.

Tu as été à l’attaque tous les jours sur le Tour de Franche-Comté, avec le classement par points à la clef...
Le parcours était très difficile tous les jours. Je n’avais pratiquement aucune chance de remporter une étape alors je me suis mis en tête d’aller chercher un accessit. En l’occurrence ce classement par points. Rentrer de Franche-Comté avec un maillot distinctif était forcément une satisfaction. Depuis, j’ai enchaîne cette semaine avec la Flèche du Sud, au Luxembourg. J’étais encore acteur, notamment lors des deux premières étapes. Sur la première, je me suis retrouvé en tête avec un groupe de cinq coureurs au sommet de la dernière difficulté. Mais le peloton est rentré et l’étape se joue au sprint. Je prends quand même la 3e place (devancé par le néerlandais Coen Vermeltfoort, NDLR). Il n’y avait rien à faire face au vainqueur. Il était un cran au-dessus. D’ailleurs, il aura remporté trois étapes en tout cette semaine. Le lendemain, j’étais encore échappé. Cette fois-ci nous n’étions que deux et j’ai été repris à quelques 25 kilomètres de l’arrivée.

« LA ROUTE ET LA PISTE PEUVENT S’ACCORDER SANS SOUCIS »

Quel est ton rôle au sein de la EKZ Racing Team ?
Sur les courses d’un jour, la mentalité de l’équipe est d’être le plus actif possible, d’influer sur la course en allant dans des groupes sans attendre les sprints. C’est ce que j’essaie de faire régulièrement. Personnellement, j’ai souvent un statut de coureur protégé voire de leader. Ça dépend aussi de la topographie des courses. Quand il y a beaucoup de bosses, je ne suis pas encore assez fort pour disputer la victoire. Dans l’équipe, on a Fabian Lienhard qui marche fort en montagne. S’il faut travailler pour lui, je le fais sans problème. Mais c’est vrai que sur les courses à ma portée, je me retrouve régulièrement en position de leader. Il faut dire que je reste l’un de ceux qui a les meilleurs résultats dans l’équipe.

Tu as de très bons résultats sur la piste également. Comptes-tu malgré tout faire de la route une priorité dans les années à venir ?
En Suisse, il y a un vrai et beau projet depuis 4-5 ans maintenant. Nous sommes partis de rien mais aujourd’hui, nous avons bâtis une belle équipe, notamment une poursuite par équipes performante, et ce grâce à Daniel Gisiger qui a fait un travail incroyable pour nous tous. J’ai envie de me consacrer à la piste jusqu’aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. Ce long chemin vers les J.O commence en septembre avec les premières qualifications. Je vais quand même continuer de faire des saisons complètes sur la route car je pense que les deux disciplines peuvent s’accorder sans soucis. On voit d’ailleurs que beaucoup de coureurs professionnels sur route viennent de la piste.

« EN SUISSE, ON SE RAPPROCHE DES MEILLEURS MONDIAUX »

Tes performances en Colombie lors des Championnats du Monde sur piste en début de saison ont forcément dû te convaincre dans l’idée de pouvoir faire un résultat aux J.O ?
Participer aux J.O, ce n’est pas rien ! C’est vrai qu’aujourd’hui avec les autres coureurs suisses, nous n’avons pas à nous sentir ridicule face aux autres nations. On se rapproche toujours un peu plus des meilleurs mondiaux. On sent qu’il se passe quelque chose avec cette équipe. Je tisse notamment un lien tout particulier avec Stefan Küng, même s'il est suisse-germanophone. Nous avons de très bons résultats ensemble et c’est l’un de mes meilleurs amis hors du vélo (Champions d’Europe de l’américaine Juniors en 2011, Champion d’Europe de la poursuite par équipes Espoirs avec également Tom Bohli et Frank Pasche ou encore médaillé de bronze de l’américaine au Mondial de Cali cette année, NDLR). On se tire vers le haut. Il faut dire qu’il est aussi impressionnant sur la route. C’est l’un des meilleurs U23 de la saison au niveau international. Tom Bohli aussi est très fort. Il y a vraiment des jeunes très talentueux qui arrivent en Suisse. Etant Champion de Suisse de l’Omnium cette saison, j’espère logiquement pouvoir représenter mon pays dans cette discipline à Rio. Mais là aussi, je devrais m’imposer face à 2-3 compatriotes très costauds pour avoir cette chance de représenter mon pays.

Tu as un calendrier très chargé entre les grands rendez-vous sur piste et sur route. Faut-il par conséquent faire des sacrifices ?
Depuis les rangs Juniors, je n’ai jamais vraiment eu de coupure dans mes saisons. Quand je termine la saison sur route, j’enchaîne avec la piste. Et vice-versa. J’essaie de compenser en faisant des petites pauses d’une semaine au milieu de la saison. Des pauses régulières. Ça me suffit. J’ai remarqué que physiquement, je tenais bien le coup. Et puis je n’ai pas un calendrier surchargé non plus sur la route. Cette année par exemple, j’en étais à quinze jours de course avant le Tour de Franche-Comté. C’est raisonnable. C’est plus mentalement que c’est usant parfois. Entre les Championnats d’Europe Espoirs sur route, les Championnats d’Europe sur piste, les Mondiaux sur piste… ça fait beaucoup de grands rendez-vous. Mais je gère (rires).

« J’AIMERAIS DISPUTER LE TOUR DE L’AVENIR »

Sur la route, tu t’es montré à ton avantage sur des courses de référence comme le Tour Alsace (2e d’étape en 2013) ou encore le Tour des Flandres Espoirs cette année. C’est encourageant pour les années à venir...
Oui, d’autant que j’ai terminé 20e du Tour des Flandres Espoirs sans être au top physiquement. Il faut dire que j’ai connu un début de saison catastrophique sur la route. Je suis tombé plusieurs fois, mais je savais que la forme était là. Je n’ai pas voulu dramatiser. D’ailleurs, la chance a fini par tourner. L’année dernière, j’avais disputé mes premières Classe 2. J’étais souvent à l’attaque, mais il me manquait un résultat. Je m’étais dit que ce serait bien de viser les Top 5 ou Top 10 cette année. Je suis content de mon calendrier car il est de qualité. Même quand je cours en France en amateur, c’est tout aussi dur que les Classe 2. Je pense au Tour de Franche-Comté par exemple. Les meilleurs de ce genre de courses doivent passer professionnels.

Plusieurs événements majeurs t’attendent en fin de saison. Comment comptes-tu les préparer ?
Cette semaine, je pars en stage d’entraînement pour préparer le Championnat d’Europe sur piste de cet été. La semaine suivante, j’aurai un autre camp d’entraînement, mais cette fois-ci avec l’équipe Espoirs sur route, dans le but de préparer le Championnat d’Europe contre-la-montre et sur route, qui aura lieu... en Suisse ! Ce sera un grand rendez-vous pour nous. Idéalement, j’aimerais aussi disputer le Tour de l’Avenir avec la sélection suisse. Je sais que je n’irais pas là-bas pour gagner une étape mais j’aimerais découvrir cette grande course pour apprendre un maximum. Je sais qu’il n’y aura pas de secrets. Les meilleurs coureurs du moment seront sélectionnés par le coach. A moi de prouver que j’ai ma place.

Crédit Photo : Elisa Haumesser - Cycling Pictures
 

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