Fabien Grellier ne reste pas sur le carreau

Lundi, sept heures : rude retour à la vie de tous les jours pour Fabien Grellier. La révélation de Paris-Roubaix Espoirs dimanche (5e et premier Français) reprend son stage en entreprise dans le carrelage-mosaïque. C'est un champion toutes surfaces : tantôt carreaux de sol, tantôt pavés des champs... L'apprentissage en bleu de travail ne porte pas préjudice à ses performances de cycliste. Pour preuve, le coureur du Vendée U a passé la semaine dernière courbé à aligner des dalles, et il se glisse néanmoins dans la bonne échappée sur son premier Paris-Roubaix.
 
"Je suis très surpris, lâche-t-il. Vendredi, lors de la reconnaissance, je me suis dit que je n'étais pas fait pour les pavés ! En réalité, mon boyau était trop gonflé et il avait tendance à sauter. On a procédé à des ajustements mécaniques. Et je me suis acclimaté."
 
Cette première rencontre avec les chemins empierrés avait intrigué Thibaut Macé, le directeur sportif : "On voyait que Fabien progressait très fort en l'espace de quelques heures à peine..."
 
La suite, c'est la course dimanche matin, avec une échappée précoce de seize coureurs dont fait partie le futur vainqueur, le Néerlandais Mike Teunissen (Rabobank Development Team). Fabien Grellier est préposé au travail d'éclaireur, préparant une entrée en action de ses leaders, Thomas Boudat, Romain Cardis ou Lilian Calmejane. Mais le groupe de tête entame le premier secteur pavé avec quelque trois minutes d'avance.
 
C'est bon signe. Le représentant du Vendée U se sent à l'aise. Tant et si ben qu'il roule dans les cinq premiers au moment de franchir les secteurs les plus difficiles. "La seule fois où je me suis laissé glisser, dans un chemin que nous avions repéré à l'entraînement, j'ai chuté", sourit-il. A 70 kilomètres de la fin, il percute en effet la roue d'un adversaire qui avait brusquement changé de trajectoire. L'accident est sans séquelle.
 
"J'avais très mal au bras, mais c'était plutôt dû à la course elle-même", raconte-t-il. 
 
Dans le final, au moment de s'écarter après un long relai, il voit déboucher Teunissen et les deux sentinelles de BMC Development Team, Tyler Williams et Bas Tietema, qui s'envolent vers le podium. Impossible de s'accrocher, il vient de produire son pic d'effort.
 
Après le Carrefour de l'Arbre, Fabien Grellier reste en lice pour une place d'honneur. "Dans les quatre derniers kilomètres, nous courions les uns après les autres, dit-il. Quand j'entre sur le vélodrome, je n'ai même pas profité de l'instant. Je n'ai pas non plus regardé derrière moi. J'appuyais sur les pédales pour éviter que d'autres reviennent."
 
Deuxième de Manche-Atlantique en mars, le Vendéen, 19 ans, avait confié son intérêt pour les épreuves d'un jour, tout particulièrement pour Liège-Bastogne-Liège Espoirs (lire ici). 
 
Il aurait voulu épaissir son week-end avec une participation au contre-la-montre par équipes de la Coupe de France DN1, et contribuer ainsi au succès de son club. "J'étais déçu de ne pas avoir été sélectionné, alors j'ai pris ma revanche sur Paris-Roubaix Espoirs", sourit le 6e de la Boucle de l'Artois, une autre manche du circuit. Il place son résultat dans « l'Enfer du Nord » sous le signe du collectif, habituel au Vendée U : "On réalise finalement un très beau week-end."
 
"Fabien a accompli une performance super encourageante, ajoute son directeur sportif. Vraiment, il a montré qu'il en voulait !"

Crédit Photo : Thomas Maheux - thomasmaheux.tumblr.com
 

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