Louis Vervaeke : « J'ai cru en moi »

Une montée sèche par 27°C, une étape de cols dans la neige le lendemain, un chrono par équipes éreintant et une dernière étape dans laquelle il a failli tout perdre, isolé d'entrée de jeu dans un groupe de trente coureurs... Avant de s'imposer sur la Ronde de l'Isard dimanche, Louis Vervaeke (Lotto-Belisol U23) a franchi un parcours du combattant. Pour le grimpeur de 20 ans, ce succès est surtout le fruit de la patience et de l'expérience. Il se confie à www.directvelo.com.
 
DirectVélo : Cette victoire sur la Ronde de l'Isard était quasi programmée ?
Louis Vervaeke : Oui. J'ai cette course en tête depuis le mois de janvier. Dans les médias, je disais qu'une place sur le podium me conviendrait, pour ne pas avoir la pression. Mais j'avais confié ma réelle ambition à mon entraîneur et à mon kiné : la victoire. Cette année, contrairement à l'an passé, j'en avais les moyens physiques. J'ai été très strict avec mon alimentation et je me suis entraîné une demi-douzaine de fois en Toscane, dans la maison de Tim Wellens. Lui, c'est un peu mon modèle : un jeune grimpeur belge vraiment fort. Quand je suis sorti du dernier camp en Italie, une semaine avant la Ronde de l'Isard, mes données SRM montraient que j'avais progressé. J'étais prêt.
 
Le classement final de la Ronde de l'Isard est seulement la troisième victoire de ta carrière !
C'est assez drôle. Troisième victoire depuis mes débuts, première chez les Espoirs, première sur une course par étapes. Je n'avais gagné que deux kermesses jusqu'à présent, à Flobecq en 2010 et à Anzegem en 2011. Je n'étais pas très rapide au sprint, ce qui constitue un gros désavantage sur des épreuves souvent plates. Par ailleurs, je n'étais pas encore développé physiquement : je pensais 40 kilos pour 1m60 chez les Cadets... A l'époque, j'étais déjà très heureux de terminer dans le peloton.
 
Tu ne t'es jamais découragé ?
J'ai toujours cru en moi, ou plus exactement en mon rêve de passer professionnel un jour. Peut-être que j'étais naïf, mais un médecin du sport m'avait testé et il avait vu que j'avais un potentiel. Il m'avait dit que je pourrai gagner des courses une fois ma croissance achevée, et il avait annoncé que je serai un grimpeur. Le cyclisme était ma passion, alors je me suis accroché. Les choses ont commencé à changer en catégorie Juniors. Sur le Tour du Valromey 2010, j'ai bien marché (19e du général) et j'ai été intégré dans le programme de l'équipe nationale pour les grimpeurs : des stages de détections, des camps d'entraînement... Un jour, en 2011, j'ai battu les temps de référence de Tim Wellens sur une ascension du Ballon d'Alsace. J'étais devenu un coureur capable de gagner.
 
Il n'empêche que sur les épreuves par étapes, tu n'as toujours pas remporté d'étape ou de classement général dans tes deux premières années Espoirs.
C'est vrai, mais j'étais régulier (4e au Tour du Val d'Aoste et 4e au Tour des Pays de Savoie en 2013, NDLR). Contrairement aux sprinters, les grimpeurs présentent rarement de gros compteurs de victoires en fin de saison. Par contre, si on aligne des résultats d'une course sur l'autre et d'une année sur l'autre, on est capable de passer professionnel.

LE TOUR DE L'AVENIR, LE GROS OBJECTIF
 
Qu'est-ce qui a fait la différence entre toi et tes adversaires sur la Ronde de l'Isard ?
L'étape disputée dans le froid vendredi (entre Muret et L'Hospice de France, à Bagnères-de-Luchon, NDLR). J'ai vécu une expérience similaire sur le dernier jour de la Ronde de l'Isard 2012, quand le froid glacial m'avait obligé à abandonner. Depuis, j'ai retenu la leçon. Je me suis couvert avec un imperméable en début de course. Beaucoup de mes adversaires ne l'ont pas fait, à l'exception de Maxime Le Lavandier. J'ai aussi beaucoup mangé, mangé tout le temps. Je sollicitais mes coéquipiers pour aller chercher des aliments à la voiture et à la fin, je leur ai demandé de me donner ce qu'il leur restait dans les poches. Bien sûr, j'avais froid. Mais je me disais que les autres avaient encore plus froid que moi.
 
Sur la première étape, tu t'étais montré très généreux dans l'effort. Etait-ce la bonne tactique ?
Souvent, ma façon de courir m'a desservi (lire ici). Sur le Tour du Val d'Aoste l'été dernier, ça n'a pas marché. Mais j'étais plus fort cette année. Et pour s'imposer, il faut combiner la force et la prise de risque.
 
Quel sera ton prochain objectif ?
Je vais lever le pied cette semaine, voir des amis, m'autoriser de manger quelques frites ! Le 8 juin, je vais aider l'équipe sur le Mémorial Philippe Van Coningsloo, une manche de Top Compétition. Les prochaines épreuves qui m'intéressent sont le Tour des Pays de Savoie et le Tour du Val d'Aoste. Mais je vise surtout le Tour de l'Avenir. Comme les deux courses sont rapprochées et qu'on ne peut pas toujours être à 100% de sa forme, je vais voir ce que je peux faire au Val d'Aoste. Le grand rendez-vous se situe juste après.
 
Crédit Photo : Pierre Carrey - www.directvelo.com
 

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