Sébastien Fournet-Fayard : « Je jouais sur du velours »

Sébastien Fournet-Fayard (Team Pro Immo Nicolas Roux), 29 ans, a enrichi son palmarès avec le général et deux étapes du Tour du Jura. Pour www.directvelo.com, le Champion d'Auvergne revient sur ses succès et sa carrière. 
 
DirectVélo : Comment as-tu construit ta victoire sur la première étape du Tour du Jura ?
Sébastien Fournet-Fayard : Nous nous sommes retrouvés à douze dans l'échappée, mais j’étais le seul de l’équipe. Initialement, nous avions pour objectif de placer plusieurs coureurs dans l’échappée, notamment les meilleurs grimpeurs tels que Bastien Duculty et Alexis Dulin. Les circonstances de course ont fait que c’était moi qui me suis retrouvé à l’avant. A partir du moment où j’ai compris que nous irions au bout, je me devais d’attaquer de loin étant donné que je ne vais pas vite au sprint. Pour le coup, c’était peut-être un peu trop loin, à 23 kilomètres de l’arrivée. Je n’ai jamais eu beaucoup d’avance, mais je savais que derrière ils finiraient par tergiverser et j’ai tenu bon.
 
Le lendemain, vous remportez le contre-la-montre par équipes...
Oui, et pour être honnête, je n’étais pas du tout confiant avant le chrono. Certes, nous avions une super équipe sur le papier, mais Nicolas Vogondy par exemple n’avait pas de vélo de contre-la-montre. Nous ne savions pas où nous mettions les pieds. J’ai été agréablement surpris de franchir la ligne en première position. A partir de là, en revanche, je dois bien avouer que je jouais sur du velours. J’étais relativement serein.
 
« RIEN DE MIEUX QUE D'ALLER AU CHARBON POUR PROGRESSER »
 
Que représentent ces trois victoires sur le Tour du Jura ?
Je suis très content, pour moi , bien sûr, mais je le suis tout autant pour l’équipe. Au Tour du Jura, nous étions un mélange de jeunes coureurs et de vieux briscards avec plus d’expérience. Ces trois jours seront profitables au groupe, notamment pour les plus jeunes. Selon moi, il n'y a rien de mieux que d’aller au charbon pour prendre de la caisse et progresser, c’est ça apprendre le métier. Actuellement, je trouve que les mentalités ont beaucoup changé, les coureurs passent leur temps à calculer leurs efforts, à en faire le moins possible. Les plus jeunes se voient vite arriver au haut niveau, sans avoir pour autant gagné beaucoup de courses.
 
Le haut niveau justement, tu l’as connu. Qu’est ce que tu retires de cette expérience ?
C’est vrai, j’ai été trois saisons au sein d’A-Style, une équipe continentale italienne. Ces trois années m’ont permis de beaucoup voyager, de vivre une expérience inédite en m’installant en Italie. Là-bas, j’y ai justement appris le sens du sacrifice, à rouler de nombreux kilomètres à l’avant du peloton. Aujourd’hui, si je suis capable de gagner des courses après 20, 30 ou 50 km en solitaire, c’est aussi et surtout grâce à ça. Mon parcours chez les pros m’a permis d’être plus résistant, c’est indéniable. J’aurais aimé retrouver un contrat chez les professionnels. J’y croyais lorsque j’appartenais à Véranda Rideau et que l’équipe est passée en continentale. Malheureusement, je suis resté sur le carreau, c’est mon seul regret. Aujourd’hui encore, je ne comprends toujours pas pourquoi, je faisais mon travail au mieux, en étant comme toujours très collectif.
 
« J'ESSAIE DE TRANSMETTRE MA PASSION »
 
D’ailleurs ton rôle au sein de Pro Immo est essentiellement celui d’un capitaine de route ?
Nous sommes trois coureurs à diriger les plus jeunes avec François Lamiraud, Nicolas Vogondy et moi. C’est vrai que je prends autant de plaisir, si ce n’est plus, à aider des plus jeunes à gagner des courses plutôt que d’essayer de lever les bras moi-même. Ma carrière est derrière moi. Bon, au Tour du Jura, c’était mon tour, alors je ne crache pas dessus non plus (rires). Au Team Pro Immo, j’essaie de transmettre ma passion et mon expérience. Comme l’avait fait Benoît Luminet avec moi, lorsque j’étais au CR4C Roanne. D’ailleurs, je trouve dommage que les équipes soient obligées d’engager un nombre limité de coureurs « âgés » pour obtenir le label DN1. Aujourd’hui, j’ai l’impression que beaucoup de jeunes sont perdus. Ils éprouvent des difficultés à bien lire la course et c’est important d’avoir à leur côté des coureurs d’expérience. 
 
A 29 ans, tu as déjà pensé à ton après-carrière ?
Lorsque je suis redescendu chez les amateurs, je ne pensais faire qu'une ou deux saisons grand maximum. Pourtant, j’aime toujours autant le vélo, la preuve en est : je suis toujours sur le vélo cette année ! Au Team Pro Immo, j’ai une double casquette puisque la semaine je donne un coup de main en faisant les courses par exemple, en nettoyant les véhicules, ou en organisant un peu les déplacements. Le projet de l’équipe me plaît beaucoup, c’est une équipe à forte identité régionale, la plupart des coureurs étant issus d’Auvergne. J’ai la chance de pouvoir bénéficier d’un contrat de travail, je n’ai pas à me plaindre de ma situation. Surtout, Nicolas Roux, le manager de l’équipe a beaucoup de contacts , notamment dans le secteur de l’immobilier et j’espère qu’il pourra m’aider à trouver un métier après ma carrière cycliste. C’est important de penser à sa reconversion, et en étant ici, je suis vraiment plus serein.

Crédit Photo : Elisa Haumesser - Cycling Pictures
 

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