Clément Chevrier : « Se tester face aux meilleurs »

On avait pris de ses nouvelles après le Tour de San Dimas - qu’il avait remporté - et le Redlands Classic. Depuis, Clément Chevrier a découvert le Tour du Gila, au Nouveau-Mexique. Encore très régulier, il a terminé dans le Top 20 de chacune des cinq étapes pour prendre la 12e place du classement général final. "C’était avant tout une course de reprise pour moi après trois semaines sans dossard", concède-t-il. Place désormais au Tour de Californie à partir de dimanche prochain, une épreuve que le grimpeur de l’équipe Bissell attend depuis de nombreux mois.

« Le Tour du Gila est l’une des courses les plus renommées aux Etats-Unis. En arrivant sur cette épreuve, je connaissais la qualité de mes adversaires mais je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait en termes de parcours et de difficultés. C’était une course particulière puisque nous étions toujours à 1800m d’altitude ou plus. En fait, nous logions à Silver City, à 1800m. Et plusieurs étapes tournaient autour de cette ville. Courir aussi haut du départ à l’arrivée, ça n’arrive jamais en Europe et c’était donc particulier pour moi. Nous étions au Nouveau-Mexique, dans le désert. C’était très venteux, très sec. Il a fait très chaud, le thermomètre est monté à 31 degrés lors de la dernière étape.  

« DES AIRS DE TOUR D’OMAN »

C’était avant tout une course de reprise pour moi même si j’avais quand même des ambitions car finalement, je ne cours pas tant que ça et que quand j’enfile un dossard, j’ai envie de bien faire. Le Tour du Gila devait aussi me servir de dernière préparation avant le grand rendez-vous du Tour de Californie. La 1e étape était très ventée ; 140 kilomètres de routes très larges pour finir avec une montée de 4 bornes. Cela avait des airs de Tour d’Oman même si la Montagne Verte est quand même plus difficile. Le final a été marqué par une énorme chute qui a envoyé de nombreux coureurs au sol alors que nous étions dans une descente, à 80-85 km/h. Heureusement, j’ai pu éviter la chute de peu. Dans la montée finale, j’ai pris la 11e place ce qui était rassurant pour moi après trois semaines sans courir. Le lendemain, l’étape s’est jouée au sprint mais uniquement entre hommes forts, dans un petit peloton. Dans le final, j’ai pu travailler pour notre sprinter Nicolai Brochner, qui a remporté l’étape. C’était une bonne journée.

« SUR L’ETAPE REINE, J’AI LACHE A DEUX BORNES DU SOMMET »

Le troisième jour, j’ai dû me frotter à un contre-la-montre de 26 bornes sans un mètre de plat, avec de longs faux-plats descendants et deux grosses « patates » au milieu (rires). Je me suis un peu surpris sur ce chrono (19e). Depuis deux ans, je prenais souvent cher en contre-la-montre mais j’ai progressé avec le bon matériel que l’on a chez Bissell et le renforcement musculaire de cet hiver. L’avant dernier jour, je me suis fait sortir du Top 10 du général à cause d’une échappée qui est allée au bout lors sur un critérium à l'Américaine d'1h30. Enfin, le Tour du Gila s’est terminé avec l’étape reine et ses 3000m de dénivelé. Je savais que ma condition n’était pas encore parfaite mais j’attendais quand même avec impatience cette journée. Dans l’avant dernier col, tout a explosé. Il faut dire que le « Gila Monster » était un gros morceau ! On s’est rapidement retrouvé à sept ou huit à l’avant. Malheureusement, j’ai lâché à deux bornes du sommet. Je me suis alors retrouvé dans un premier groupe de contre qui n’a jamais pu rentrer sur la tête jusqu’à l’arrivée (12e de l’étape et du général, NDLR). Sur la ligne, j’étais un peu déçu car si j’avais basculé avec le groupe de tête au sommet, je m’assurais un Top 7 au général.

« CES MECS-LA, J’AVAIS DES POSTERS D’EUX DANS MA CHAMBRE »

Le Tour de Californie qui arrive est la course de l’année pour l’équipe. Moi aussi, j’attends ce moment depuis longtemps. Mais je ne veux pas me mettre de pression négative pour autant. Je ne veux pas commettre les mêmes erreurs que par le passé... je pense notamment aux rangs Juniors où je faisais tout pour être en Equipe de France, je ne courrais que pour ça. Je me mettais de la pression. Je ne serai pas en Californie pour me dire que ce sera la vitrine parfaite, que je dois me montrer auprès des meilleures équipes. Non, je veux avant tout me faire plaisir. Ce sera ma première très grosse course. Je vais côtoyer de grands champions ! Quand je vois par exemple qu’Omega Pharma-Quick Step vient avec Cavendish, Boonen, Renshaw... ces mecs-là, j’avais des posters d’eux dans ma chambre quand j’étais gamin, et là je vais courir à leurs côtés. Ça fait plaisir. Maintenant, je ne veux pas me laisser intimider non plus. Je dois me convaincre qu’il n’y a pas un Monde entre ces coureurs-là et moi. J’ai énormément de respect pour eux mais je n’ai pas de cadeaux à faire malgré tout.

« J’ESPERE QUE JE SERAI A LA HAUTEUR »

Ce qui m’inquiète un peu, c’est de n’avoir qu’une quinzaine de jours de course dans les pattes, alors que les autres ont beaucoup plus couru et qu’ils vont arriver en parfaite condition. Je sais que des mecs comme Bradley Wiggins vont venir pour gagner. J’espère que je serai à la hauteur. Je veux me tester face aux meilleurs, alors pourquoi ne pas jouer le général. Ce n’est pas un souci pour moi d’être concentré sur le général, tous les jours, pendant une semaine. Au contraire, je pense que ça permet de rester concentré même lors des étapes dites de plaine. Il faut toujours être bien placé, surtout dans le final. Il faut être acteur. Je n’ai pas envie de me dire que sur telle ou telle étape je vais rester en fin de paquet car je n’ai rien à jouer. C’est bon d’être acteur, de se sentir concerné. Je suis là pour apprendre et il faut que je me fasse violence sur tous types de parcours. »

Crédit Photo : bisselldevelopmentteam.com
 

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