Clément Penven : « J'ai failli me relever »

Sous le maillot de l'AVC Aix-en-Provence, Clément Penven a remporté le Grand Prix de Nogent-sur-Oise sur ses routes d'entraînement au bout d'une longue échappée à six. Après cette première victoire sur une Elite, le coureur de 25 ans espère un déclic et n'abandonne pas l'idée de passer professionnel. Il répond aux questions de www.directvelo.com.

DirectVélo : Lever les bras à la maison, c’est quelque chose de particulier ?
Clément Penven : C’est sûr, hier l’émotion était vraiment forte. En plus c’est la première fois que je remporte une Elite, une course qui compte dans le calendrier, alors forcément c’était super. Lorsque l’on court sur ses routes d’entraînement, on est plus motivé encore qu’à l’accoutumée. Hier, j’ai reçu beaucoup d’encouragements sur le bord de la route, et cela a indéniablement pesé dans la balance sur le final, j’étais transcendé.

Comment s’est passé le final justement ?
On a bien géré la course, en prenant rapidement beaucoup d’avance sur le peloton et en stabilisant cet écart (jusqu'à 9 minutes). Après, lorsqu’il a vraiment fallu lâcher les chevaux, j’ai réussi à rester très serein, à courir juste. Dans la dernière côte du parcours, les attaques se sont succédées et de mon côté, je me suis fait plutôt discret pour me faire oublier. Mon coéquipier Quentin Pacher faisait beaucoup d’efforts, ce qui m’a permis d’être attentiste, pour attaquer au bon moment. J’avais mon plan établi en tête et ça a marché.

« IL Y A TROP DE COURSES QUI SE TERMINENT AU SPRINT »

Cette manche de Coupe de France était un objectif pour toi ?
A titre individuel, pas du tout ! Le circuit du Grand Prix de Nogent n’est pas vraiment le genre de course que j’affectionne. Sur les 15 dernières années, cela s’est très souvent terminé au sprint, et ce n’est pas mon domaine. J’étais plutôt là pour aider mes coéquipiers, surtout Anthony Maldonado, le sprinter maison. Au briefing, j’avais fait part de mon envie d’être dans l’échappée, mais l’objectif était clairement de privilégier un sprint massif. D’ailleurs, j’ai failli me relever lorsque nous étions deux de l’équipe présents dans l’échappée. Nous ne voulions pas « sacrifier » deux cartes de l’équipe dans l’optique du sprint final, mais au final on a eu raison de continuer (rires). La chance a enfin souri aux audacieux, et j’espère que cela va relancer un peu une dynamique au sein du peloton amateur : il y a trop de courses qui se finissent au sprint, sans grosse bagarre !

Au départ de l’épreuve tu nous confiais une certaine frustration te plaignant d’un cruel manque de réussite, c’est du passé maintenant ?
Franchir la ligne en vainqueur, c’est un gros poids en moins pour moi, c’est sûr. Tout le monde me parle de déclic, et j’espère que c’est bel et bien le cas. Après tous les sacrifices, c’est enfin une récompense, remporter une Coupe de France c’est top, non seulement pour moi, mais aussi pour mes proches qui font tout autant de sacrifices. J’ai envie de confirmer, on n'est qu’à la moitié de saison et je veux montrer que ce n’est pas un feu de paille, que j’ai mûri.

« JE ME LOUPAIS SOUVENT »

La suite de ta saison justement passe par quelles courses ?
Le mois de mai est intéressant, avec le Tour de Berne et le Tour du Chablais le week-end prochain. Viendra ensuite le Tour de Franche-Comté, une course que j’apprécie particulièrement, avec des profils difficiles, à ma convenance. Il en sera de même pour le Tour des Pays de Savoie et le Tour Alsace par exemple. J’arrive à un âge où je me connais de mieux en mieux, je sais ce que j’ai à faire pour arriver en forme à une période donnée sans pour autant tout sacrifier pour une seule course. Les années précédentes, je me focalisais sur une épreuve précise et je me loupais souvent. J’avais alors l’impression d’avoir loupé ma saison. Du coup je me fixe certaines courses comme fil conducteur de ma saison, mais pas d’objectif concret, cela semble bien me convenir.

A 25 ans, après quoi cours-tu ?
Je prends beaucoup de plaisir à l’AVC Aix. Je ne suis pas un capitaine de route, mais mon avis compte dans le collectif. Les plus jeunes me demandent de temps en temps des conseils, ça fait plaisir. Honnêtement, bien sûr je pense toujours à passer professionnel même si j’en fais moins une fixation que lorsque j’étais Espoir. Je ne crois pas trop ceux qui courent en Elite et qui disent ne pas espérer passer pro. A part quelques exceptions, je considère qu’il n’y a pas de règle dans le vélo. A 25 ans, on n'est pas bon à mettre à la poubelle. Chaque coureur arrive à maturité physique à des âges différents. La maturité psychologique aussi joue beaucoup. Certains ont besoin de plus de temps que d’autres pour prendre conscience de ses capacités, pour apprendre de ses erreurs. Si j’ai une opportunité de passer professionnel, je ne cracherai pas dessus, rien n’est jamais terminé définitivement.

Crédit Photo : Thomas Maheux - thomasmaheux.tumblr.com
 

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