On a retrouvé : Kilian Patour

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Kilian Patour, aujourd'hui âgé de 31 ans, a été professionnel de 2002 à 2009. Il a connu la 3e division avec le Crédit Agricole Espoirs, le ProTour avec l'équipe française puis une expérience de trois saisons à l'étranger, dans la structure de Garmin. Véritable passionné, il a terminé sa carrière au printemps 2013 après quatre années comme capitaine de route de l'UC Orléans.

DirectVélo : Quel regard portes-tu sur ta carrière cycliste ?
Kilian Patour : Je suis très fier de ce que j’ai pu accomplir tout au long de ma carrière. J’ai commencé le vélo en 1998, à l’age de 16 ans. Deux années plus tard, je suis sacré Champion de France Junior. Ce qui m’a ouvert les portes du peloton professionnel très rapidement. D’abord au Crédit Agricole Espoirs entre 2002 et 2005, puis l’équipe ProTour pour deux saisons supplémentaires. C’était du très haut niveau, puisque nous appartenions à l’élite du peloton professionnel. Nous avions à l'époque quelques « petits » coureurs... Thor Hushovd, Christophe Moreau, Bradley Wiggins, Magnus Backstedt et bien d'autres grands du vélo !

Tu as aussi défendu le maillot de l'équipe Slipstream durant trois saisons...
C'était un beau projet sur le long terme, aux Etats-Unis. Par la suite, c’est devenu l’équipe Garmin, et là pas besoin de nommer leurs références. J’ai beaucoup appris en étant à l’étranger, l’approche y est vraiment différente qu’en France. Du moins à l’époque. En France, nous avions beaucoup de retard dans de nombreux domaines, notamment sur l’entraînement, la recherche et développement du matériel. En France, je pense que nous nous cachions facilement derrière des suspicions de dopage pour cacher nos propres faiblesses. Chez Garmin, j'ai découvert un autre monde, celui de l'optimisation ! Chaque aspect du vélo était passé à la loupe afin de nous rendre plus performants. Je pense à l’entraînement, à la diététique avec la création de boissons et de la nourriture spécifique, au travail sur les vélos avec Felt avec quatre choix dans les cadres, au travail sur les matières de nos vêtements de course avec Pearl Izumi... A l'époque, c'était vraiment unique

« JE VOULAIS PRENDRE DU RECUL »

Tu as couru durant une période sombre du cyclisme. Que penses-tu de tous les problèmes de dopage ?
A l'époque, c'était le début de la lutte anti-dopage. Nous entendions parler de produits qui avaient cours, mais je n'ai jamais vu le dopage organisé que certains essaient de nous vendre. Le doute était sur tout le monde et c'était vraiment malsain. En revanche, j'ai les poils qui se hérissent quand j'entends « ils étaient tous chargés à cette époque ». C’est faux, et je ne suis pas le seul exemple pouvant se porter garant, j’en suis persuadé bon nombre de mes coéquipiers et adversaires étaient des mecs cleans et droits ! Un coureur pro est un mec hors norme. forcément ce qu'il est capable de faire est incomparable avec ce que peut faire un coureur pass'open... J’ai accepté le vélo comme il était et pris chaque instant comme une chance de participer aux plus belles épreuves de notre sport. Evidemment, parfois ce n’était pas simple mais le vélo n'est pas censé l'être ! Je préfère avoir été en règle avec le système mais surtout vis-à-vis de moi. Le dopage n'est pas une exclusivité du cyclisme, mais bel et bien une gangrène sociale. Comment lutter contre des personnes qui n'ont pas d'autres solutions que le sport pour gagner de l'argent et faire vivre leur famille ? Dans nos pays riches, il nous est si simple de trouver ces pratiques inadmissibles, mais du point de vue d'une personne issue d'un milieu défavorisé, c'est de l'argent facile et une élévation sociale au passage. Je suis persuadé qu’aujourd’hui les choses ont profondément changé avec tous les contrôles et différents suivis. La lutte antidopage porte enfin ses fruits. Nos jeunes français tant victorieux depuis trois ans en sont la preuve.

Est-ce pour ces raisons que tu as quitté le vélo pro à 27 ans ?
Absolument pas. Encore une fois, j’ai accepté les choses telles qu’elles l’étaient à l’époque. Fin 2009, j’ai décidé d’un commun accord avec mon équipe d’arrêter notre collaboration et mon aventure chez les pros. Je venais d’être papa, trois de mes meilleurs amis ont subi de graves accidents de vélo. J’ai alors beaucoup réfléchi sur les risques que l’on prenait sur le vélo en compétition à haut niveau. Je voulais prendre du recul, faire autre chose. Je progressais physiquement chaque année, j’étais de plus en plus fort mais j’étais moins fougueux je perdais confiance. j'étais totalement démuni et seul à gérer ce problème. Mon choix peut paraître étonnant, mais c’était le mien. Dans ma vie j’ai toujours fait des choix atypiques, mais je les assume totalement.

« JE SUIS UN VRAI PASSIONNE »

Pourtant, tu as couru pour l’UC Orléans, pourquoi ?
L'UC Orléans a été mon club ces douze dernières saisons et j’avais envie de rendre ce qu’il m’a apporté. J’entraîne certains jeunes du club et j’avais envie de courir avec eux. J’étais capitaine de route. Quoi de mieux que de pouvoir aider les jeunes à gagner une course ? J’ai pris énormément de plaisir en faisant ça, j’en garde de très bons souvenirs. Le bonheur vient des choses les plus simples. Si je devais retenir un moment sur le vélo, il me restera mes titres de Champion de France Junior et Espoir. Entendre la Marseillaise pour soi, c’est le pied !

Que fais tu aujourd’hui ?
Tout va bien ! Je suis père de deux merveilleux enfants, Alexandre 4 ans et Margaux 9 mois. Professionnellement, je suis actuellement commercial pour Mavic, je représente la marque dans les magasins. J'aime être auprès des magasins et pouvoir leur apporter mon aide dans leur business. J'essaie au mieux de leur apporter ce dont ils ont besoin et de leur communiquer ma passion pour ce beau sport et le matériel. C’est important pour moi, j’aime beaucoup le milieu cycliste, je suis un vrai passionné !

Crédit Photo : Christophe Baudu
 

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