Romain Guillemois : « Le moral est au beau fixe »

Romain Guillemois (Team Europcar), qui vient de fêter ses 23 ans, continue son apprentissage chez les professionnels. Fort de ses expériences exotiques au Gabon puis en Malaisie en début d’année, l’ancien pensionnaire du Vendée U sait qu’il n’a jamais brusquement franchi de palier durant sa carrière amateur. Aussi, il mise avant tout sur une progression constante dans l’Elite. A son rythme et surtout sans sauter d’étape, comme il l’explique à www.directvelo.com.

« Je suis relativement satisfait de mon début de saison, avec un programme bien fourni, où j’ai eu de de quoi varier les plaisirs avec de longues courses par étapes comme au Gabon ou en Malaisie, mais aussi des courses d’un jour comme des manches de Coupe de France. Le tout dans de bonnes conditions météorologiques puisque mes jours de course sous le mauvais temps peuvent se compter sur les doigts d’une main. Collectivement parlant aussi, je suis content de ce début d’année. L’équipe fonctionne bien, il y a une superbe ambiance. J’ai d’ailleurs eu la chance de participer à plusieurs victoires de l’équipe. Je pense notamment à celle de Natnael (Berhane) sur la Tropicale ou plus récemment à Bryan (Coquard) sur Paris-Camembert. J’espère que l’on connaîtra la même réussite ce week-end au Tour du Finistère et le Tro Bro Leon. En tout cas, le moral est au beau fixe.

« GERER AU MIEUX MES EMOTIONS »

La façon de courir n’est évidemment plus la même que chez les amateurs. Au Vendée U, j’étais capable d’être acteur à n’importe quel moment de la course. Chez les pros, il y a plus d’adversité. On ne peut pas travailler en début de course et être encore à l’avant dans les derniers kilomètres. Nous avons tous un secteur d’action précis, défini au briefing. En 2012 et 2013 notamment, j’avais eu l’occasion de jouer la gagne dès le tout début de saison. Cela n’a pas pu être le cas cette fois-ci.  Cela dit, je pourrais me retrouver à jouer ma carte personnelle un jour ou l’autre. Si tel est le cas, il faudra que je sois en mesure d’assumer mes responsabilités, et de gérer au mieux mes émotions. Lorsque l’on est dans une échappée qui peut aller au bout, il faut être capable de bien mesurer sa force, de jauger ses adversaires, savoir si l’on a une réelle chance de les battre. Il ne faut surtout pas hypothéquer les chances de l’équipe si l’on n’est pas sûr de soi à l’avant, alors que l’on a éventuellement un sprinter comme Bryan (Coquard) à l’arrière. Il faut peser le pour et le contre, et être honnête avec le reste de l’équipe. Mais si je sens que j’ai la gagne dans les pattes un jour, je sais qu’on me laissera jouer ma carte.

« COMMENCER AU GABON ETAIT L'IDEAL »

Cet hiver, on m’avait dit que le début de saison serait différent de ce que j’avais pu connaître durant mes deux stages estivaux avec l’équipe. Finalement, je n’ai pas été surpris. Il y a peut-être un peu plus d’engagement, et toujours deux-trois coureurs en forme qui sortent du lot dans chaque équipe avec par conséquent un vrai schéma de course. C’est différent des amateurs où chacun peut jouer sa carte dans une équipe. Mais globalement, je m’attendais quand même à ça. Je n’avais qu’une seule inconnue : les courses. Je connaissais déjà les coureurs et le staff via le Vendée U, et ça, c’est un point important à l’entame d’une première saison professionnelle. Commencer ma saison au Gabon, avec sept jours sous le soleil, c’était l’idéal. Evidemment, il a fallu gérer le voyage, le décalage horaire, le choc climatique... Remettre le bonnet de retour en France, ce n’était pas le plus drôle. Mais au moins, j’ai pu peaufiner ma forme avant les premières courses dans l’Hexagone.

« PAS DE SENSATIONS EXCEPTIONNELLES »

J’ai bien supporté l’enchaînement des jours de course, que ce soit sur la Tropicale Amissa Bongo ou sur le Tour de Langkawi. J’avais déjà eu l’occasion de disputer le Tour de Normandie, le Tour de Bretagne et le Tour de l’Avenir par le passé. Sans oublier le Tour de Nouvelle-Calédonie, même si ce n’était pas avec le Vendée U. Du coup, j’avais déjà une expérience des courses d’une bonne semaine. La longueur ne me faisait pas peur. Dans les jours à venir, je vais surtout participer à des courses d’un jour, à savoir le Tour du Finistère, le Tro Bro Leon, la Roue Tourangelle et le Grand Prix de la Somme. J’enchaînerai peut-être avec les 4 jours de Dunkerque. Cela dépendra de mon état de forme début mai. D’ailleurs, j’ai du mal à évaluer mon état de forme depuis le début de l’année. Pour dire vrai, je n’ai pas de sensations exceptionnelles depuis janvier. Mais je ne me sens pas ridicule non plus. J’essaie de mesurer ma condition en fonction du travail que je suis capable de fournir pour l’équipe.
    
« IL NE FAUT PAS SE BRULER LES AILES »


Je ne devrais pas avoir de pic de forme en particulier. Maintenant, j’aime bien la chaleur, alors je serai peut-être plus à mon avantage durant l’été. Il n’est pas impossible que je dispute une ou deux épreuves WorldTour cette année, mais sincèrement je n’en fait pas une fixation. Il y a d’autres belles courses au calendrier. Je suis plus à l’aise pour l’instant sur des manches de Coupe de France, des épreuves où je suis capable de terminer et éventuellement de jouer la victoire. Disputer des WorldTour précipitamment ne serait sans doute pas bénéfique ou rentable. Il ne faut pas se brûler les ailes, vouloir sauter des étapes. Que je progresse déjà sur les Coupe de France, ce sera une bonne chose ! Pour une première année, je pense qu’il faut varier les plaisir entre courses d’un jour et courses par étapes. Essayer la montagne aussi. C’est ce qui va me faire évoluer. Chaque coureur progresse différemment. Moi, je progresse tranquillement et ce n’est pas une nouveauté. »

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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