Maroc : Toujours le couteau entre les dents

En Afrique, le Maroc fait figure d'ogre. Ses coureurs trustent depuis 2010 la première place du classement individuel et par équipes de l'UCI Africa Tour. Cette saison devrait être l'occasion d'une nouvelle démonstration de force, comme les Marocains l'ont laissé paraître sur le Challenge de la Marche Verte, une série d'épreuves de catégorie 1.2 disputées au Sahara Occidental, dans la pointe sud du pays.

Vainqueur de la première manche ce jeudi, Essaïd Abelouache s'est entretenu avec www.directvelo.com pour parler de son quotidien de coureur cycliste au Royaume du Maroc. Ce routier-sprinter, 25 ans, multiple vainqueur d'étape sur le Tour du Maroc, s'est classé 3e de l'UCI Africa Tour l'an passé.

N'étant pas salarié par sa fédération ou par un club, il gagne sa vie grâce aux compétitions. "Mon salaire, ce sont les primes de courses". Pour lui, le soutien de la Fédération royale marocaine consiste à une aide au matériel, la sélection sur des épreuves et des stages (comme en Italie l'an passé, pour préparer les Championnats du Monde). Cette politique a au moins le mérite d'encourager les coureurs comme Essaïd Abelouache à jouer les premiers rôles et à prendre le départ de chaque course le couteau entre les dents.

D'où un programme de compétitions particulièrement copieux. "Après les Championnat du Monde fin septembre, j'ai continué à rouler, raconte-t-il. J'ai repris début janvier à la Tropicale Amissa Bongo, au Gabon. Maintenant, nous sommes engagés sur les Challenges du Sahara (9 jours d'épreuves, dont 6 de niveau national et 3 de niveau UCI, NDLR), puis nous partons en Algérie pour 20 jours de courses et nous revenons ici début avril pour le Tour du Maroc".

Sans pause hivernale, ce calendrier peut interpeller les coureurs de l'hémisphère Nord. Sauf que, pendant un mois, alors que la saison bat son plein en Europe, le jeûne musulman devient le moment propice à une coupure. "Pendant le Ramadan, je travaille seulement ma condition physique, je fais un peu de musculation", dit Essaïd Abelouache.

Le routier-sprinter confie rouler environ 30 000 kilomètres par saison. En 2014, son programme de courses est encore plus copieux. Cette hausse des déplacements à l'étranger s'explique par le fait que les meilleures équipes africaines peuvent envoyer d'avantage de coureurs au Jeux Olympiques. Devenir meilleure équipe ? Justement l'objectif de la fédération marocaine.

Même s'il a quitté la catégorie Espoirs, Essaïd Abelouache rêve encore du cyclisme professionnel. "Si on me propose un contrat, je signe". Un rêve, mais aussi un bon moyen de s'assurer enfin un revenu fixe pendant au moins une année.

Crédit Photo : Yves Mercier

Par Yves Mercier
 

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