Romain Pillon : « J’avais besoin de changer d’air »

Après sept années à l’ESEG Douai, Romain Pillon - 24 ans - vient de décrocher son premier contrat professionnel avec Roubaix-Lille Métropole. "On ne va pas se mentir, je sais très bien que je n’ai pas été pris chez les pros pour mon nombre de victoires, mais j’ai quand même été régulier. Notamment en Belgique, où j’étais l’un des meilleurs français derrière Sénéchal et Alaphilippe." Amoureux des courses belges, il aura bientôt l’occasion de découvrir quelques-unes des courses de ses rêves comme Kuurne-Bruxelles-Kuurne, où il pourra côtoyer Tom Boonen, son "idole". En attendant, Romain Pillon se livre pour DirectVelo.com.

« Les pros, c’est vraiment un niveau au-dessus des amateurs ! Et encore, je n’ai disputé que le Grand Prix La Marseillaise et l’Etoile de Bessèges (sa prochaine épreuve sera le Tour du Haut-Var, NDLR). Il n’y avait pas toutes les grosses écuries du WorldTour. Par moments, ça roule beaucoup plus vite que chez les amateurs. Et puis, on ne peut pas toujours se placer comme on le voudrait. Quand on aborde un sprint massif, on ne peut pas facilement déranger les grosses équipes de sprinters comme la FDJ.fr ou Giant-Shimano. Je sens que si je viens me placer, tout seul, dans les dix premières positions du peloton... on va me regarder l’air de dire ‘‘qu’est-ce que tu fais là toi ?’’. Pour se faire une place en tête de peloton, il faut monter avec une bonne partie de l’équipe. C’est mieux pour se faire respecter.

« J’admire les mecs comme David Boucher »

Sur ces premières courses, j’ai été très intimidé, même si ça allait de mieux en mieux au fil des jours. Il y a des marques à prendre. J’espère pouvoir faire des résultats, mais c’est vrai que je me vois avant tout comme un équipier de luxe, un vrai bosseur. Cela ne me gêne pas, bien au contraire. Dans le cyclisme, il n’y a pas que le vainqueur qui compte ! On l’a encore vu à Bessèges. Des gars comme Coquard ou Bouhanni n’oublient jamais de remercier leurs équipiers, leurs poisson-pilotes. Ils savent que sans eux, ils ne gagneraient peut-être pas. Dans une équipe, il faut des mecs qui bossent toute la journée, qui vont chercher des bidons, qui vont ramener les coupe-vent et qui derrière vont encore avoir l’énergie de rouler en tête de peloton. Parfois, quand on voit un mec finir dans les dernières positions tous les jours, on se dit qu’il doit être mauvais. Mais les gens ne comprennent pas que ce gars-là a sûrement passé les trois premiers quarts de la course à bosser pour ses leaders. Moi, j’admire des mecs comme David Boucher. C’est un exemple, un vrai guerrier. J’espère qu’il gagnera une grande course.

« Je ne suis pas là grâce à mon père »

J’ai bien conscience que ce sera difficile pour moi d’avoir des résultats même si je sais que l’équipe me donnera ma chance. Je ne suis pas un sprinter et je ne serai jamais un grand grimpeur non plus, même si je m’améliore (sourires). Ma seule façon de jouer la gagne, c’est de prendre des échappées. Le reste du temps, je serai prêt à aider mes leaders. Après, comme tout le monde le dit, une équipe comme Roubaix-Lille Métropole ne doit être qu’un passage avant d’essayer de monter plus haut. Or, je ne pense pas qu’il y ait nécessairement besoin de gagner des courses pour accéder au plus haut niveau. Il faut simplement faire son travail du mieux possible, respecter les consignes du briefing. J’ai entendu des critiques à droite à gauche, comme quoi je n’aurais pas ma place chez les pros, et que si je suis là, c’est uniquement grâce à mon père ! (Laurent, ancien pro et DS de l'ESEG Douai, NDLR) C’est complètement faux. En plus, je repars à zéro cette année. Après sept saisons à l’ESEG Douai, j’avais besoin de changer d’air, de couper le cordon ombilical avec mon père justement.
 
« En Belgique, je suis transcendé »


On ne va pas se mentir, je sais très bien que je n’ai pas été pris chez les pros pour mon nombre de victoires, mais j’ai quand même été régulier. J’ai pris plein de places d’honneur. Notamment en Belgique, où j’étais l’un des meilleurs français derrière Sénéchal et Alaphilippe. Mais les Français sont très chauvins, et personne n’a vraiment jeté un œil à mes résultats sur les courses belges. Si ce n’est Francis Van Londersele. Il sait que je peux être une carte intéressante sur les courses belges. J’aime frotter. Et en Belgique, ça frotte plus qu’en France ! L’expérience est capitale sur des courses comme Kuurne-Bruxelles-Kuurne, le Mémorial Samyn ou les Trois jours des Flandres Occidentales, des épreuves que je vais disputer cette année. J’adore les courses en Belgique. En plus, ces courses-là – les (semi-)Classiques – ce sont pratiquement les seules qui se jouent à la pédale. 80% des autres courses se terminent au sprint. Quand je cours en Belgique, je suis transcendé. J’ai toujours une motivation supplémentaire à courir là-bas. Un gars comme Tom Boonen, c’est mon idole. Maintenant, je suis moi aussi coureur professionnel. Et il va falloir que je me fasse ma propre place. »

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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