Edward Theuns : « Le contrat pro ? Ce n'est que le début »

2013 fut une année grand cru pour Edward Theuns. Le coureur de Gentbrugge s'est montré à son avantage aussi bien sur les contre-la-montre, les classiques que sur les épreuves par étapes. Sous les couleurs de VL Technics Abutriek, il a décroché trois victoires et une volée de places d'honneur sur des courses relevées. Points d'orgues de cette saison : sa victoire finale au classement Espoirs du Challenge DirectVélo Belgique et évidemment son contrat pro de deux ans chez Topsport Vlaanderen-Baloise. Pour www.directvelo.be, Theuns (22 ans) revient une dernière fois sur son année 2013 et nous parle de ses futurs débuts dans le monde professionnel.

DirectVélo : Quel bilan tires-tu de ta dernière saison chez les espoirs ?
Edward Theuns : J'ai été très régulier. J'ai très souvent terminé dans le top 10 et, sur les grandes courses, c'était le cas presqu'à chaque fois. Logique puisque je n'ai participé qu'à cinq courses régionales maximum. Dans l'ensemble, je suis donc très content mais j'aurais quand même bien voulu échanger quelques places d'honneur contre une grande victoire.

« MA VICTOIRE SUR LE TOUR DU PIEMONT VOSGIEN FUT LA PLUS BELLE DANS LA MANIERE DONT JE L'AI ACQUISE »

En 2013, tu as remporté trois courses importantes : le contre-la-montre du Triptyque des Monts et Châteaux, la première étape de Tour du Piémont Vosgien et le prologue du Tour de Flandre-Orientale (Ronde van Oost-Vlaanderen). Quelle fut la plus belle ?
Ma victoire sur le contre-la-montre du Triptyque des Monts et Châteaux est sans aucun doute la plus prestigieuse mais mon succès d'étape sur le Tour du Piémont Vosgien, je le trouve encore plus beau dans la manière dont je l'ai acquis. Avec Dimitri Claeys, nous avions vraiment la course sous contrôle. Nous avions manqué l'échappée et, par conséquent, nous avons roulé en tête du peloton. A quatre ou cinq tours de la fin, nous sommes partis. Seul Stig Broeckx a pu nous suivre. Un peu plus tard, quelques coureurs ont su revenir sur nous. L'étape se terminait dans une côte longue de quatre ou cinq kilomètres. Je pensais que cette montée serait un peu trop difficile pour moi mais ça allait encore. Je l'ai emporté et Dimi a pris la deuxième place. Ce doublé a rendu ma victoire encore un peu plus belle. Une victoire sur un contre-la-montre est vécue différemment d'un succès sur une simple course. Le Triptyque des Monts et Châteaux reste pour moi une course assez spéciale car c'est sur cette épreuve que j'ai remporté une étape en tant que première année espoir. Les contre-la-montre de courte distance me conviennent bien mais ici, avec la présence de Dylan van Baarle et des coureurs de Leopard-Trek, la concurrence était rude. Grâce à ce succès sur le contre-la-montre, j'ai pu endosser la tunique jaune de leader du classement général. Dans l'après-midi, j'ai cassé ma chaine. J'ai dû changer de vélo à vingt kilomètres de l'arrivée et j'ai donc perdu cette position de leader. Je me demande vraiment ce qu'il se serait passé si je n'avais pas eu ce souci technique. Au lieu du Tour de Flandre-Orientale, j'aurais préféré prendre part au Tour de l'Avenir mais je comprends que le coach national ne m'ait pas sélectionné après mes mauvaises performances sur le Tour de Liège et le Tour de Namur. J'avais très bien reconnu le parcours du Tour de Flandre-Orientale. J'étais le grand favori et j'ai confirmé mon statut en m'imposant avec huit secondes d'avance sur le second. Sur la deuxième étape en ligne, l'équipe était peut-être un peu trop courte niveau expérience mais bon, j'aurais aussi dû moi-même me glisser dans l'échappée décisive (Daan Myngheer s'est montré le plus rapide d'un groupe de 23 coureurs et s'est emparé définitivement du maillot jaune de Thens, ndlr). Par ailleurs, je trouve que c'est une très bonne idée d'avoir créé une épreuve par étapes réservée exclusivement aux espoirs. Les jeunes, qui ont moins la chance de prendre part aux grandes épreuves, peuvent se montrer sur ce type de course.

« JE PREFERE ATTAQUER PLUTOT QUE D'ATTENDRE TOUTE LA COURSE AVANT DE SPRINTER »

Quelle prestation t'a le plus surprise ?

Ma sixième place sur Liège-Bastogne-Liège Espoirs, je ne m'y attendais vraiment pas. Je pensais que la Doyenne était bien trop difficile pour moi. En plus, après une période intensive avec l'enchainement Triptyque des Monts et Châteaux, Tour des Flandres Espoirs et la Côte Picarde, je pensais vraiment être en moins bonne forme. Cela m'a surpris que j'aie aussi loin. Dans la finale, j'ai même tenté de partir seul derrière le groupe d'échappés.

Avec tes succès sur le Triptyque des Monts et Chateaux et sur le Tour de Flandre-Orientale ainsi que ta troisième place sur le Championnat de Belgique contre-la-montre, tu parais être un spécialiste du chrono. T'entraines-tu spécifiquement pour cela ?
A mon grand étonnement, je me suis classé deuxième du Championnat provincial contre-la-montre alors que je n'étais que première année espoir. C'est par la suite que j'ai donc réellement commencé à travailler le chrono. J'ai aussi reçu un vélo contre-la-montre de la part de l'équipe. L'an dernier, avec ma formation, mon entraineur Kristof De Kegel et mon coéquipier Christophe Sleurs, nous nous sommes préparés de manière optimale pour le Championnat de Belgique contre-la-montre à Maldegem. J'ai vraiment tout donné sur ce national. Je ne pouvais pas espérer mieux que cette troisième place car Victor Campenaerts et Frederik Frison étaient au-dessus du lot. Nous avions aussi très bien préparé le contre-la-montre par équipes de la Top Compétition à Borlo mais, malheureusement, après une chute à sept ou kilomètres du but, nous avons perdu toute chance pour terminer à une jolie place. Par contre, je travaille moins à mon sprint. Je préfère attaquer que d'attendre durant toute la course.

« J'AI SUIVI DE TRES PRES LE CHALLENGE DIRECTVELO BELGIQUE »

Tes grosses performances en 2013 ont abouti à une sélection pour le Championnat du Monde. Ce ne fut cependant pas une grande réussite...
Je tiens d'abord à dire que Jean-Pierre Dubois est vraiment un très bon coach. Il ne met pas de pression sur les coureurs. Il essaie de nous détendre jusqu'au début de la course. En effet, le Championnat du Monde fut une réelle contre-performance. Je pense personnellement que le parcours était un peu trop difficile pour nous. C'était plus ardu que prévu. Surtout la longue montée. En plus, il faisait chaud et la course a été très soutenue. Je pensais que j'aurais pu tenir plus longtemps la distance mais j'ai beaucoup travaillé pour l'équipe. Je n'avais pas non plus ce rôle de leader. En plus, depuis le mois de mai au Giro del Friuli Venezia Giulia, je n'avais plus eu l'occasion de grimper. Cela s'est donc ressenti.

Ta régularité t'a permis de remporter le classement Espoirs du Challenge DirectVélo Belgique. Que signifie ce trophée pour toi ?
Je dois bien avouer que j'ai suivi de très près et durant toute la saison ce challenge. Cette victoire finale est très importante à mes yeux. Elle signifie que je fus tout simplement le meilleur de ma catégorie en 2013. A Paris-Tours Espoirs, Tiesj Benoot (qui était classé deuxième Espoir au Challenge DirectVélo Belgique 2013, NDLR) m'a dit : "Attention, ça peut encore être passionnant!" Heureusement, le dénouement s'est bien passé.

« KRISTOF DE KEGEL A UN GRAND MERITE DANS MA PROGRESSION »

Tu travailles déjà depuis quatre ans avec ton entraineur Kristof De Kegel. Quelle importance a-t-il pour toi ?

J'ai commencé à travailler avec lui dès mon arrivée chez VL Technics Abutriek. Nous avons établi une bonne collaboration. Nous nous comprenons parfaitement. Kristof sait de quoi il parle et tu peux tout lui dire. Par exemple, si je suis vraiment fatigué, il me laisse simplement m'échauffer. Kristof a un grand mérite dans mon évolution, ma progression. Il ne m'a pas seulement donné mes schémas d'entrainement, il a aussi corrigé ma position sur mon vélo de contre-la-montre. Il me donne constamment un feed-back et ça, c'est important pour moi.

Tu as toujours porté les couleurs de VL Technics Abutriek. Pourquoi être resté durant quatre saisons dans cette équipe ?
J'y suis donc arrivé en tant que première année espoir. C'était aussi la seule équipe qui s'intéressait à moi. J'étais un bon coureur chez les juniors mais je n'étais pas dans le top du peloton. J'ai vécu une très bonne première saison chez les espoirs. J'ai remporté une étape du Triptyque des Monts et Châteaux. J'ai terminé deuxième du Championnat provincial du contre-la-montre et troisième d'étape à la Vuelta al Bidasoa, qui a été gagnée par Ramunas Navardauskas. Chez VL Technics Abutriek, j'ai toujours reçu ma chance. J'ai pu rouler toutes les épreuves que je voulais et j'ai pu travailler avec Kristof De Kegel. L'équipe a grandi avec moi. Ainsi, le programme a été internationalisé puisque nous avons participé notamment au Giro del Friuli Venezia Giulia et à la Ronde de l’Isard. L'encadrement a également été amélioré.

« C'EST TOUT A FAIT POSSIBLE DE ME MONTRER DURANT CETTE PREMIERE SAISON CHEZ LES PROS »

Cette année, tu vas faire tes débuts chez Topsport Vlaanderen-Baloise. Est-ce un rêve qui se réalise ?

Je ne peux pas vraiment dire que c'est un rêve qui se réalise puisque ce contrat pro n'est que le début de ma carrière. Je veux continuer à progresser. En 2014, j'espère être encore un peu plus fort. Je pense que c'est tout à fait possible que je me montre durant cette première saison professionnelle. L'an dernier, sur le GP de Wallonie et le GP Impanis-Van Petegem avec l'équipe nationale, j'étais plutôt à mon avantage (Il a pris respectivement la 38e et la 13e place, ndlr) mais je sais que ce sera bien différent durant la première partie de saison.

T'es-tu préparé différemment par rapport aux autres années afin d'être prêt pour ta première saison pro ?
Les années précédentes, j'attendais février avant de partir en stage mais là, j'ai déjà eu un stage avant les vœux de fin d'année. De plus, j'ai pu m'entrainer durant tout l'hiver. Les années précédentes, je devais à chaque fois passer des examens en janvier. C'est pourquoi il était difficile d'être fin prêt pour le début d'année. Désormais, j'espère être au top pour le coup d'envoi de la saison.

Quels sont tes objectifs pour les deux prochaines années ?
C'est difficile de dire quelles sont mes attentes. Cette saison, je dois me découvrir car le peloton professionnel, c'est un autre niveau de course. Chez les espoirs, j'étais un des meilleurs spécialistes du contre-la-montre mais ce sera encore autre chose chez les pros. C'est évident que je tire mon plan sur toutes les sortes de parcours. Je peux aussi bien être bon dans le contre-la-montre que dans un sprint ou sur un parcours vallonné. J'ai attendu longtemps avant de décrocher ce contrat pro. Au Championnat du Monde, je ne savais pas encore si j'allais être professionnel en 2014. Topsport Vlaanderen-Baloise me semble être l'équipe idéale pour un néo-pro. J'ai la chance de prouver mes qualités sur différents types de course. En tant que nouveau venu, je devrai vraisemblablement me contenter de petites courses au début mais j'espère pouvoir participer à de plus grandes épreuves par la suite comme Gand-Wevelgem ou Kuurne-Bruxelles-Kuurne.

Interview réalisée par Renaud Collette, Klaas De Gruyter et Francis Spruyt.

Crédit Photo : www.directvelo.be

 

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