La Grande Interview : Franck Bonnamour

Cyril Gautier, Johan Le Bon, Warren Barguil, Olivier Le Gac, Elie Gesbert et désormais Franck Bonnamour. Le Costarmoricain est venu compléter la liste des Bretons qui ont brillé récemment au plus haut niveau chez les Juniors. Lui, c'était en juillet, lors de la course en ligne sur les Championnats d'Europe, en République Tchèque. Deux mois plus tard, au Mondial, il a rêvé du doublé, quand il s'est retrouvé échappé dans le dernier tour avec le futur vainqueur, Mathieu Van der Poel. "Il m’a lâché dans les très forts pourcentages. J’ai tout tenté, je n’ai aucun regret", disait-il à l'arrivée. La cote de Bonnamour aurait pu flamber après cette saison : intérêt des médias et des équipes amateurs pour lui faire signer un contrat au plus vite... Mais son entourage, en premier lieu son père Yves (professionnel de 1988 à 1990 chez SEFB-Tönissteiner, Super U et Castorama) l'ont aidé à gérer ce parcours jusqu'à présent prometteur. Le Champion d'Europe a ainsi choisi de s'engager au BIC 2000. Avant d'entrer dans le peloton Espoirs, il s'est prêté au jeu de « La Grande Interview » pour DirectVelo.com.

DirectVélo : Qu'est-ce que ça représente de courir avec le maillot de Champion d'Europe ?
Franck Bonnamour : C'est quelque chose de génial. Il y a forcément une pression supplémentaire. Je savais que j'allais être plus attendu, notamment par les spectateurs. Dans le peloton, tu es davantage surveillé. Il n'est plus possible de placer quinze attaques. Mais je ne vais surtout pas me plaindre... Et puis je ne suis pas d'un naturel stressé. J'ai pris les courses comme elles venaient.

« AUX CHAMPIONNATS D'EUROPE COMME EQUIPIER »

Avec le maillot étoilé, ta saison 2013 est une réussite ?

Je m'étais fixé de marcher sur le Challenge National et au moins une participation en Equipe de France. Mais je suis tombé. Ça m'arrive rarement mais c'est ce que j'ai subi sur deux rendez-vous importants. D'abord sur la Classique des Alpes, ce qui me coûte certainement la victoire au Challenge National [Franck Bonnamour termine 2e à 22 points d'Aurélien Paret-Peintre, NDLR]. Ensuite, je suis tombé au Championnat de France de l'Avenir et j'ai dû abandonner. En quelques minutes, je suis passé du statut de coureur à celui de spectateur. J'ai pu voir mes coéquipiers Elie Gesbert et Axel Journiaux terminer aux deux premières places. Même si évidemment j'aurais voulu les aider, c'était vraiment génial de pouvoir vivre ce doublé.

Aux Championnats d'Europe, par contre, c'était le sans faute ?
Pourtant, je ne m'attendais pas à gagner, La semaine précédente, je ne me sentais pas très bien sur l'Ain'ternational Valromey Tour. Je pense avoir frôlé le sur-entraînement. Je me suis donc rendu au Championnat d'Europe pour jouer un rôle d'équipier. Au final, je me retrouve échappé avec Elie Gesbert. Nous avions convenu d'attaquer chacun notre tour. Comme il venait de faire un gros effort pour revenir sur le groupe de tête, il a proposé que ce soit moi qui lance la première attaque. C'était la bonne...

Avec Elie Gesbert, vous vous entendez bien ?
Oui, on s'apprécie. Nous sommes souvent engagés sur les mêmes courses depuis notre première année Cadet en 2010. Sur vélo, on se tire la bourre mais ça s'arrête là. A l'arrivée, celui qui finit derrière l'autre va serrer la main au vainqueur pour le féliciter. Je pense que nous n'avons pas tout à fait le même registre. Elie est davantage fait pour les courses par étapes que moi, il grimpe mieux. Pour ma part, je pense être meilleur puncheur.

« JE PENSE ETRE UN PUNCHEUR »

Quel type de coureur es-tu ?

J'arrive à limiter la casse en contre-la-montre [il remporte le chrono de la première épreuve du Challenge National 2013, NDLR]. Je peux aussi m'en sortir au sprint et j'aime bien l'effort qu'on produit dans la montagne. Je suis assez complet mais je pense tout de même être davantage un puncheur. En réalité, je ne connais pas encore mon profil exact. Chez les pros, les courses qui m'attirent sont les classiques belges.

Et chez les amateurs ?
La Route Bretonne et Manche-Atlantique, une course mythique pour tous les coureurs bretons ! L'équipe a posé une demande pour participer à Liège-Bastogne-Liège Espoirs. Ce serait une épreuve idéale pour un puncheur. Comme j'arrive chez les Espoirs, je ne pense pas participer au Tour de Bretagne, je me verrais davantage sur l'Essor Breton.

Les sollicitions des clubs de DN n'ont pas dû manquer ?
Il y a eu le BIC 2000, l'Armée de Terre, Sojasun espoir-ACNC, le CC Nogent-sur-Oise, le Team U Nantes Atlantique et Laval Cyclisme 53. J'ai été contacté par ces clubs après le Championnat d'Europe. J'ai pris mon temps pour prendre une décision. Rien ne pressait. Je voulais avant tout rester concentré sur la fin de saison. J'ai effectué mon choix après le Championnat du Monde.

Pourquoi le BIC 2000 ?
Mon cousin Romain Le Roux, qui court à l'Armée de Terre, a fait l'intermédiaire entre son équipe et moi. Mais il n'a pas trop cherché à m'influencer, il m'a simplement donné les avantages et inconvénients de l'Armée. Le BIC 2000 me proposait un beau projet. J'en ai discuté avec mon entourage et mon entraîneur, Samuel Monnerais, nous étions tous d'accord là-dessus. Par ailleurs, il y avait le côté pratique puisque je suis étudiant en STAPS à l'Université de Brest.

« BRETAGNE-SECHE ME DONNE ENVIE »

Ta famille est proche de Bretagne-Séché Environnement, ton but est d'y passer pro un jour ?

J'aimerais bien aller dans cette équipe, c'est sûr. Cette idée me plaît puisque c'est d'abord une bonne formation. En tant que Breton, ça donne envie. Ma mère travaille comme comptable dans la structure. J'ai des contacts avec les dirigeants. Ils m'ont donné un vélo pour la saison 2013. Je transmets également régulièrement mes résultats au directeur sportif, Emmanuel Hubert, et il m'envoie des messages, comme après le Championnat d'Europe.

Avec tes deux parents liés au cyclisme, était-ce une évidence pour toi d'être sur le vélo ?
Je suis dans le vélo depuis tout petit effectivement ! J'ai toujours aimé ce sport. Je regardais toutes les étapes du Tour de France à la télévision. Mais mes parents ne m'ont jamais forcé à me lancer dans la discipline. Ils m'ont laissé faire ce que je voulais. J'ai pratiqué le football pendant dix ans, jusqu'à l'époque Cadet première année. J'étais bien dans le foot, nous avions une bonne bande de copains, mais il a fallu faire un choix parce que je ne pouvais pas continuer à pratiquer les deux sports. J'allais voir courir Romain, ça me donnait envie...

Qu'est-ce qui te plaît dans le cyclisme ?
On se doit d'être rigoureux, à l'inverse du football. Par exemple, l'entraînement et la nutrition sont des choses qui me plaisent...

Avec le palmarès que tu t'es forgé comme Junior, tu as forcément un peu d'ambition l'année prochaine ?
Les dirigeants du BIC 2000 vont me laisser apprendre, comme ils me l'ont dit. J'aurai un programme plutôt allégé par rapport à d'autres coureurs de l'équipe. Mais j'aimerais quand même obtenir des résultats et obtenir également une sélection en Equipe de France Espoirs. J'ai disputé plusieurs épreuves internationales cette année alors je ne pense pas être dépaysé dans un peloton Elite amateurs, même si la marche est plus haute.  

Crédit Photo : Victor Charrier
 

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