François Pervis : « J'espère gagner à Manchester »

Revenu lundi dernier des Championnats d'Europe Elites sur piste d'Apeldoorn (Pays-Bas), François Pervis et l'Equipe de France sont repartis lundi. En ligne de mire, la première manche de Coupe du Monde, qui aura lieu de vendredi à dimanche, à Manchester (Grande-Bretagne). Le Mayennais revient, pour www.directvelo.com, sur ses dernières performances, ainsi que sur ses objectifs du week-end prochain.

DirectVélo : Tu es revenu des Championnats d'Europe avec exactement le même bilan que ceux de 2011, déjà à Apeldoorn. En es-tu satisfait ?
François Pervis : On m'aurait dit, avant d'y aller, que j'allais gagner une médaille d'argent et une médaille de bronze, j'aurais signé tout de suite. Parce que ça ne fait qu'un mois que j'ai repris l’entraînement. A cette période, on fait, en plus, beaucoup de quantité. La condition physique devait donc s'en ressentir. Finalement, ça s'est bien passé. J'avais des jambes très correctes. J'ai même fait mon meilleur temps, hors altitude, en vitesse par équipes. Sachant que Grégory (Baugé) n'était pas au mieux de sa forme, et qu'il peut donc me lancer encore plus vite... Il y a encore de la marge !

« J'AVAIS LA FORCE POUR ETRE CHAMPION D'EUROPE DU KEIRIN »

Et en ce qui concerne ton autre épreuve, le keirin ?

J'ai facilement gagné ma série de qualification, et ma demi-finale. Avec de très bons temps dans les 200 derniers mètres, et avec plusieurs longueurs d'avance sur le deuxième, en me relevant à chaque fois. J'étais donc très serein pour la finale. Malheureusement, ça ne s'est pas déroulé aussi bien. J'étais dans la roue du futur vainqueur, l'Allemand Maximilian Levy. Il a très bien manœuvré, en m'empêchant de faire mon sprint. J'étais obligé d'attendre qu'il bouge... ce qu'il a fait au dernier moment. Et forcément, je n'avais plus le temps pour le remonter. J'ai fait l'extérieur, et Jason Kenny qui a, lui, fait l'intérieur, me saute sur la ligne pour la deuxième place. Je suis un peu déçu car j'avais la force pour remporter ce titre. Je me suis d'ailleurs impressionné moi-même sur ce tournoi. Et je pense que mes adversaires l'ont été aussi (rires).

Il te manque toujours la médaille d'or sur cette compétition...
Oui, même si ces deux nouvelles médailles sont belles, je les aurais bien échangées contre une seule en or. J'ai cinq titres continentaux Juniors et Espoirs confondus. Mais, en effet, toujours aucun chez les Elites... En avoir un cette année aurait été génial, j'aurais ainsi eu tous les maillots en 2013 (sourire).

Tu dis n'avoir repris l’entraînement qu'il y a un mois. Pourquoi ?
J'ai disputé ma dernière course au Japon, à la mi-août. C'était une sorte de super-finale pour laquelle les participants sont sélectionnés. J'ai eu l'honneur de l'être... c'est très rare pour un étranger ! J'étais notamment opposé à un Vice-Champion olympique d'Athènes, en vitesse par équipe (Toshiaki Fushimi, NDLR). Je pense que ma forme du moment, obtenue en à peine un mois, est en grande partie due à mon séjour là-bas. J'en suis revenu encore plus fort ! Puis la semaine d'après, j'étais aligné aux 24 heures du Mans Vélo. J'ai ensuite coupé une semaine, pour ne reprendre que par de la route. Je n'ai recommencé les sprints, et la musculation que mi-septembre, à l'INSEP. La reprise, et l'adaptation au nouveau rythme de travail (six jours d’entraînement au lieu de cinq auparavant, NDLR) a été un peu dure, car les autres avaient déjà fait les leurs depuis plusieurs semaines. J'ai eu des courbatures pendant quinze jours (rires) !

« DECU SI JE NE GAGNE PAS LE KEIRIN A MANCHESTER »

Tu viens de disputer les Quatre Jours de Grenoble. Quel bilan en tires-tu, à une semaine du début de la Coupe du Monde ?

Ces quatre jours ont été très bons. Il y avait, comme d'habitude, un super public, et une excellente ambiance... J'ai remporté plusieurs épreuves. Deux le mercredi, le keirin et l'élimination. La vitesse, le lendemain. Le vendredi, avec les belges Iljo Keisse et Jasper De Buyst, nous avons établi, de justesse, un nouveau record du contre-la-montre par équipe, en 34"450 (la précédente marque de 34"643 datait de l'an dernier, et était à l'actif de Morgan Kneisky, Bryan Coquard, et Jason Kenny, NDLR). C'est en fait une vitesse par équipes lancées, avec une paire d'américaine et un sprinteur, qui fait le dernier tour. Et enfin, le samedi, j'ai terminé en apothéose, en battant le record de la piste sur le tour lancé. J'ai réalisé 10"471 (la référence était alors de 10"721 et avait été réalisée, en 2009, par Kévin Sireau, NDLR).

Sur cette petite piste de 210 mètres, faire de tels chronos a dû être délicat...
Oui, on n'est pas habitué à la vitesse dans ces virages, où il y a une grosse force centrifuge. Le matériel est donc mis à rude épreuve. Du coup, on y a un peu peur... Pour mon tour lancé, j'ai débranché le cerveau, et j'ai tout donné. Ce temps est très conséquent... ça veut dire que j'ai fait un peu moins de dix secondes sur 200 mètres. Sur une telle piste, il faut s'accrocher ! Par comparaison, aux Championnats d'Europe, le meilleur temps du 200 mètres lancé a été de 9"992. Si le vélodrome avait été similaire, j'aurais probablement réalisé 9"8, voire 9"7... comme Jason Kenny aux Jeux Olympiques l'an dernier.

Quelles épreuves feras-tu à Manchester ?
Je ne ferai que le keirin, le samedi. L’entraîneur, Justin Grace, veut voir tout le monde en compétition sur la vitesse par équipe. Elle sera composée de Julien Palma, Kévin Sireau, et de Quentin Lafargue. En ce qui me concerne, l'objectif sera la gagne, comme pour chaque manche de Coupe du Monde. J'en ai déjà gagné, et je fais très souvent un podium. Donc si je n'y arrive pas, je serais très déçu. Surtout après ce que j'ai montré à Apeldoorn. J'espère cependant que les Quatre Jours de Grenoble n'auront pas trop altéré ma condition. Les efforts y ont été différents, on se couchait tard, on n'était pas massé, et on était très sollicité.

Crédit Photo : Anaïs George-Molland
 

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