Caroline Mani : « Prouver que j'ai ma place au Mondial »

Dimanche à l’issue de la première manche de Coupe du Monde au Cauberg à Valkenburg, Caroline Mani (Raleigh-Clement Cyclo-Cross), la double championne de France Elite de cyclo-cross 2010 et 2011 a livré à www.directvelo.com ses impressions sur sa nouvelle vie aux USA et ses ambitions pour la présente saison.

DirectVélo : Te revoilà à nouveau sur le circuit européen des cyclo-cross ?
Caroline Mani : Je fais juste un retour éclair pour les deux manches de Coupe du Monde, à Valkenburg et samedi à Tabor. Ma vie est maintenant aux Etats-Unis puisque j’habite à Colorado Springs. J’ai fait l’école de commerce à Montpellier avec mes deux stages en entreprise, de neuf mois en 2011 aux USA et de six mois en 2012. J’ai reçu mon diplôme master 2 en mai dernier et je parle couramment anglais. Je m’assume pleinement là-bas car je ne me voyais pas à vingt-six ans demander à papa-maman de continuer à me nourrir et de payer mon loyer parce que je voulais partir vivre aux USA.

Comment as-tu appréhendé ce début de saison de cyclo-cross ?
Pour l’instant mon quotidien est de passer ma vie dans les hôtels car on court beaucoup avec mon team Raleigh-Clement Cyclo-Cross. Avec la manche aujourd’hui (dimanche) au Cauberg, j’ai déjà douze courses dans les pattes depuis début septembre. On a eu un gros début de calendrier. J’ai eu du mal à enchaîner car je suis tombée un peu malade. Nous avons fait un mois complet de déplacements sans être à la maison. Le 14 septembre j’ai couru le cross de Seattle, puis le mercredi 18 au soir à Las Vegas. Ensuite il y a eu le samedi-dimanche à Madison dans le Wisconsin puis d’autres épreuves au sud de Boston. Pour l’instant, je fais deux à trois courses par semaine. Le Colorado où j’habite est plus ou moins au milieu du pays. C’est assez pratique mais les Etats-Unis sont tellement grands que cela fait des voyages à répétition en avion et donc quand même un peu de fatigue.

« SANS MES PARENTS, JE N'AURAIS PAS D'ASSISTANCE A TABOR »

Est-ce que ton team te suit sur ces deux manches européennes ?
Non, je me débrouille toute seule. Avec Nadia Triquet et son mari Jean-Philippe Claude qui tiennent un magasin de cycles à Saint-Dié-des-Vosges, nous sommes de très bons amis depuis quelques années. Ils ont deux enfants maintenant mais c’était l’occasion de passer ce week-end ensemble. Ils ont accepté de m’épauler pour cette manche à Valkenburg. Je pense que ça a fait drôle à Nadia de revenir sur une Coupe du Monde mais c’était super d’avoir autour de moi des gens qui m’aiment et qui m’ont assuré une super assistance !

Et comment vas-tu t’organiser pour Tabor ?
Je loge durant la semaine chez mes parents à Besançon. Ça me fait du bien de voir des gens qui me manquent. Vendredi nous partirons ensemble en voiture vers Tabor. Malgré le fait qu’ils ne connaissent rien au vélo, heureusement qu’ils sont là car sinon je n’aurai pas d’assistance !

Espérais-tu déjà performer à Valkenburg ?
Je vais faire toute la saison aux Etats-Unis et ne reviendrai que pour les manches de Coupe du Monde. J’ai essayé d’être plus tôt dans le rythme cette saison car l’hiver passé ça m’a joué des tours au moment de la sélection pour le Mondial, qui plus est se déroulait aux USA presque à la maison ! J’ai vécu une saison et un moment difficile. C’est dommage mais on ne va pas revenir là-dessus même si je n’ai toujours pas compris toutes les explications de ma non-sélection. C’est du passé, et maintenant je tiens à prouver que j’ai ma place en 2014 (le Mondial se déroule à Hoogerheide, aux Pays-Bas, comme en 2009 lorsqu’elle termina cinquième d’un précédent championnat là-bas, NDLR).

« REMONTER AU CLASSEMENT UCI »

Cette dixième place est donc un bon début ?

Je suis effectivement satisfaite de faire un Top 10 après la dernière saison compliquée. Il y a longtemps que cela ne m’était pas arrivé de faire un tel résultat à ce niveau. C’est encourageant car généralement je suis beaucoup mieux seulement sur la fin de saison. Faire une place de dix à l’occasion de la première manche de Coupe du Monde, je trouve que ce n’est pas si mal en ayant fait un départ un peu poussif et en m’étant fait serrer. Pour l’instant je suis assez loin au classement UCI mais j’espère rapidement remonter. Je vais faire en sorte de progresser au cours des compétitions pour arriver au Championnat de France puis sur le Mondial au top de ma forme.

Le cyclo-cross prend t’il un réel essor aux USA après les Championnats du Monde à Louisville l’hiver dernier ?
Nous, athlètes, faisons pas mal de choses pour promouvoir notre sport, car les américains sont très investis pour les autres. Pour expliquer un peu cela, je peux dire que lors de la dernière compétition là-bas, nous sommes allés avec quelques autres de mon team le vendredi matin dans une école pour expliquer à deux cents gamins tout excités ce qu’on faisait, et signer des autographes. Les mardis également, nous allons faire régulièrement ce qu’ils appellent des "clinic", c’est-à-dire des mini-stages gratuits pour expliquer aux personnes la technique, comment déclipser, aborder les virages et passer les planches notamment. Mon team Raleigh-Clement essaie de populariser notre discipline. C’est beaucoup d’énergie à donner en dehors des entraînements et des compétitions, mais je m’éclate dans tout ce que je fais là-bas. L’ambiance est particulière mais toujours super sympa. C’est une grande famille et je m’y sens bien. Cela m’a en tout cas donné des perspectives au niveau du cyclisme, mais aussi pour ma reconversion professionnelle lorsque je passerai la main.

Crédit Photo : Hervé Dancerelle - www.directvelo.com
 

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