La Grande Interview : Flavien Dassonville

Crédit photo Www.velofotopro.com

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On a pu dire de Flavien Dassonville qu’il gagnait peu et qu’il était passé pro trop tôt. Le coureur de BigMat-Auber 93 a apporté une réponse de son crû, en devenant Champion de France Espoirs, fin août, sur le circuit d’Albi (Tarn). Sa dernière opportunité de décrocher le titre, à 22 ans, coïncide avec sa première sélection en Equipe de France pour le Championnat du Monde. Confidences avec DirectVelo. 

DirectVélo : Tu as été sacré Champion de France il y a près de trois semaines. Avec le recul, que représente ce maillot pour toi ?
Flavien Dassonville : Malheureusement, je ne vais pratiquement jamais pouvoir le porter en course, si ce n’est sur Paris-Tours Espoirs, C’est plutôt frustrant. Je me fais quand même plaisir à l’entraînement avec ma tenue bleu-blanc rouge. D’autant plus que j’ai désormais la chance de rouler sur un vélo aux couleurs de la France, sans parler du casque et des lunettes : c’est vraiment plaisant ! J’ai encadré mon maillot, car je ne veux pas l’abîmer. Ce titre reste un souvenir impérissable.

A peine deux jours après le Championnat de France, tu as disputé le Tour du Poitou-Charentes. As-tu abordé cette course avec un état d’esprit particulier ?
Je n’avais pas bien récupéré. J’ai dû me refaire le film du Championnat trois ou quatre fois par nuit pendant un bon moment... Du coup, j’ai très peu dormi. C’était donc compliqué avec l’enchaînement des étapes. Je ne récupérais pas bien. Maintenant, ça va beaucoup mieux. J’étais bien plus en jambes sur le Grand Prix de Fourmies, dimanche dernier.

Te sens-tu plus fort désormais ?
Physiquement, pas vraiment. En revanche, j’ai un moral à 200% ! J’ai envie de tenter un plus grand nombre de choses en course. Il est important de se lâcher, de jouer les coups à fond. Or il faut beaucoup de confiance pour tenter certains coups...

Si tout semble aller pour le mieux aujourd’hui, tu es passé par des débuts difficiles chez les pros...
C’est vrai. Mais j’ai fait des erreurs. Je ne m’entraînais pas assez la première année. Je me suis même demandé si je n’allais pas arrêter le vélo. Mais j’ai su me rattraper. Ma deuxième saison était déjà bien meilleure. J’étais beaucoup plus sérieux, et cela a finalement payé.

Tu aurais pu progresser plus rapidement ?
Oui, si j’avais été plus sérieux. Je pense que j’ai vraiment perdu un an à récupérer le niveau que j’avais en Espoir 1ère année. Heureusement, mes parents et Stéphane Javalet, le manager de l’équipe, m’ont vite remis sur les rails. J’ai travaillé de plus en plus dur pour arriver là où j’en suis aujourd’hui, et obtenir une belle récompense avec ce titre de Champion de France.

« CRITIQUE DEPUIS QUE JE SUIS PETIT »

N’es-tu finalement pas passé pro un peu trop tôt ?
Honnêtement, je ne le crois pas. J’ai été dans le dur pendant ma première saison professionnelle, mais c’est avant tout à cause de mon manque de travail et pas de mon âge. Je pense que j’avais le niveau pour passer pro. J’avais réalisé une bonne saison en Espoirs 1. Il fallait que je saisisse la chance que me tendait Stéphane Javalet.

A l’époque, certaines critiques disaient que tu n’avais pas le niveau pour courir chez les pros. Comment as-tu vécu ces attaques ?
J’ai toujours été critiqué, depuis que je suis tout petit. Depuis les catégories de jeunes, on m’a toujours reproché beaucoup de choses. J’en ai pris l’habitude, et je ne veux pas y accorder de l’importance. Moi, je fais ma vie. Après, si je peux répondre sur le terrain, ce n’est pas plus mal (sourires). Au Championnat de France, c’était le cas. Je suis content de pouvoir fermer la bouche de certains : ils n’auront pas réussi à me dégoûter du vélo.

Certains de tes détracteurs ont-ils changé d’avis ?
Il y a des personnes qui me critiquaient et qui m’ont envoyé des messages de félicitations suite à ma victoire. Pour moi, ces personnes-là ne font que retourner leur veste. Je sais faire la différence entre les gens qui ont toujours été là pour moi, et les autres.

« FAIRE LE MONDIAL EST UN HONNEUR »

Revenons à tes résultats. Avant ta victoire bleu-blanc-rouge, tu avais déjà eu l’occasion de lever les bras sur le Tour du Franche-Comté : un premier déclic ?
C’était une victoire importante, ma première depuis mon arrivée chez les pros. Auparavant, j’avais fait beaucoup de courses à l’avant, mais sans aucun résultat probant. Contrairement à ce que l’on peut penser, il n’est jamais facile de gagner une course Elites, même en tant que coureur professionnel.

Tu viens d’être sélectionné pour le Championnat du Monde Espoirs. Est-ce une surprise ?
Je savais que ma seule chance d’être sélectionné était d’être Champion de France. Je n’avais pas le choix. Que Pierre-Yves Chatelon (l’entraîneur national) vienne me voir après ma victoire, c’était déjà un indice positif. Mais je n’étais encore sûr de rien. L’an passé, le Champion de France, Quentin Bernier, n’avait pas été sélectionné.

Selon toi, pourquoi ne t’a-t-on jamais donné ta chance en Equipe de France auparavant ?
Je ne sais pas. J’avais couru en Equipe de France de cyclo-cross pour des Championnats d’Europe. J’ai aussi été remplaçant pour Paris-Roubaix Juniors. Mais rien de plus. Ça a toujours été une déception, j’avais à cœur de porter ce maillot tricolore. Mais ça valait le coup d’attendre : je suis fier d’aller au Championnat du Monde cette année.

« IL FAUT QUE J'EN FASSE PLUS »

Qu’espères-tu de ce Mondial ?
Si je suis dans un très grand jour, je peux faire quelque chose. Maintenant, je ne peux pas me situer par rapport aux meilleurs Espoirs, car je n’ai pas disputé les manches de la Coupe des Nations. Nous aurons une grosse Equipe de France, complète et avec de belles individualités. Nous allons sûrement travailler pour Julian Alaphilippe. Quant à moi, je ne sais pas encore quel sera mon rôle.

Tu porteras toujours les couleurs de BigMat-Auber 93 l’an prochain, contrairement à une grande partie des coureurs de l’équipe qui vont être remerciés. Aborderas-tu 2014 avec de nouvelles ambitions ?
Oui. Il faut que j’en fasse plus. Je ne vais pas changer de statut mais je compte courir différemment. 2014 doit être dans la continuité de ma fin de saison 2013. Je pense avoir passé un cap cette année. J’arrive à être présent sur les fins de course, alors, en 2014, je ne veux plus me lancer dans des échappées qui n’ont pratiquement aucune chance d’aller au bout.

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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