Sud Gascogne : « Complémentaires des clubs traditionnels »

Très offensifs ce printemps, les coureurs de l'Entente Sud Gascogne ont fait contre la mauvaise fortune des chutes et des blessures bon cœur. La cinquième place de l'Espagnol Ion Pardo en Coupe de France, sur les Boucles de la Marne, vient conclure un mois de mai actif. L'équipe phare d'Aquitaine continue de briller au niveau national... quitte à faire l'impasse sur quelques courses de sa région. Son directeur sportif, Dominique Arnaud, se confie à www.directvelo.com.

DirectVélo : Vos coureurs sont engagés 80% de la saison sous le maillot de l'Entente Sud Gascogne. Sur les Championnats d'Aquitaine, dimanche, ils rouleront pour leur club respectif. Recréent-ils une course d'équipe ou bien sont-ils franchement opposés ?
Dominique Arnaud : Je crains toujours les Championnats car c'est le jour où le collectif s'effrite. Chacun espère décrocher le maillot, chacun est placé sous la pression bien légitime de son club. Je leur demande simplement d'être loyaux entre eux, mais je ne donne aucune consigne. Je serais heureux quel que soit celui qui parviendrait à gagner, pour succéder au palmarès à Stéphane Reimherr, devenu notre capitaine de route. Mais le titre pourrait très bien échapper à l'Entente Sud Gascogne. Je vois bien un ancien de chez nous, Yannick Marié, s'imposer. Il a beaucoup de classe et il sait manœuvrer.

« Très contents de notre mois de mai »

Au mois de mai, vous avez enchaîné des épreuves importantes. Quel bilan tirez-vous de cette période ?
Nous sommes très contents. Alexis Guérin est revenu en bonne condition en terminant 4e du Loire-Atlantique Espoirs et ensuite, il serait certainement monté sur le podium des Boucles de la Marne s'il n'avait pas chuté. Ion Pardo termine 4e d'une étape. Mais le plus important, c'est le comportement en course. L'équipe a cherché à créer des ouvertures et à en profiter, par exemple sur la Ronde de l'Isard - malgré l'absence de notre meilleur grimpeur Quentin Pacher, victime d'une fracture de la clavicule. Notre effectif n'était malheureusement pas au complet mais nous avons fait tout ce qui était en notre pouvoir.

Pour briller sur ces épreuves, vous avez décidé de vous tester en avril sur le Tour de Bretagne, pour la première fois. Pourquoi ce choix au calendrier ?
C'est la plus belle course par étapes de France qui nous soit accessible, et nous sommes honorés d'avoir reçu une invitation. Le Tour de Bretagne a permis à nos jeunes coureurs de "prendre la caisse" et de voir des équipes confirmées travailler. Je souhaitais que nous participions à une épreuve difficile au mois d'avril. A un moment donné, j'avais imaginé postuler pour le GiroBio en Italie.

Avant le Tour de Bretagne, vous avez disputé le Tour du Loir-et-Cher, Liège-Bastogne-Liège Espoirs et Paris-Mantes. De ce fait, vous avez dû pour la première fois renoncé à courir certaines épreuves dans votre région du Sud-Ouest. Un regret ?
Nous ne pouvions pas aligner deux fronts et nous avons en effet manqué certaines épreuves. Nos coureurs sont jeunes, ils sont donc souvent étudiants ou engagés dans la vie active ; nous avions par ailleurs des malades et des blessés. Et puis, le calendrier 2013 nous était plus défavorable qu'il ne l'a jamais été.

Comment cela ?
L'Essor basque entrait en concurrence avec la première manche de Coupe de France, le GP Souvenir Jean-Masse, la Classique de Sauveterre-de-Béarn tombait le même jour qu'une autre manche, le Prix de Beauchamps. Nous avons dû renoncer à la Vuelta a Bidasoa, à la frontière espagnole, dont la permanence est située à 400 mètres des locaux de notre sponsor, Philippe Lapègue. Pour moi qui suis très attaché à notre région, il s'agit de déceptions. Mais quand on est inscrit en DN1, on doit courir un programme adapté.

« Les ententes sont une réponse au cyclisme de haut niveau dans des régions devenues désertiques »

Comme vous regroupez la plupart des meilleurs coureurs d'Aquitaine, certains prétendent que votre calendrier national et international pourrait priver les courses locales de leurs vedettes locales. Quel est votre avis sur la question ?
Avec les clubs qui travaillent avec nous, nous avons toujours été attentifs aux organisations locales. L'an passé, nous avons décidé de renforcer la liste des engagés pour le Tour des Landes en faisant appel aux clubs qui composaient notre Entente. Sinon, le peloton aurait été bien maigre. Nous veillons à ce que les bons coureurs de la région disputent un certain nombre de jours par an dans la région. Mais nous faisons un autre vélo que les structures traditionnelles qui se concentrent sur les épreuves 1-2-3, que nous respectons et avec lesquels nous agissons en complémentarité. Mais il faut en finir avec les polémiques : si nous n'existions pas, si Océane U-Top 16 n'existait pas en Charente, il n'y aurait aucun club de DN1 sous une ligne allant de la Vendée jusqu'à Aix-en-Provence ! Les meilleurs coureurs d'Aquitaine s'en iraient tous dans des clubs éloignés !

Vous avez cité l'Océane U-Top 16, qui fonctionne comme vous selon un regroupement de clubs. On pourrait y ajouter l'Occitane Cyclisme Formation, basé en Midi-Pyrénées et évoluant en DN2. Votre modèle "d'entente" a-t-il fait ses preuves ?
Oui. L'Occitane fait du très bon boulot. On voit des jeunes progresser dans le sillage de Lilian Calmejane. Chaque année, ce club progresse. Même chose pour Océane U-Top 16. Les ententes sont une réponse au cyclisme de haut niveau dans des régions devenues désertiques. Les clubs qui font partie de notre réseau peuvent garder leurs coureurs licenciés parce que nous leur offrons la garantie de participer à de grandes épreuves et donc de progresser vers le monde professionnel. Tout le monde sort gagnant de ce système.

Crédit Photo : Pierre Carrey - www.directvelo.com
 

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