Arnaud Démare : « J'ai énormément d'espoirs pour l'avenir »

Vainqueur du Challenge DirectVélo l’an passé, Arnaud Démare (FDJ-BigMat) a réalisé une saison 2012 de haute volée pour ses débuts chez les pros. Pour DirectVelo.com, il partage les grands moments de sa saison, sans oublier d’évoquer l’avenir.

« Je me souviens très bien de mes premiers tours de roues chez les pros, sur le Tour du Qatar. Pour une première, ça m’a fait drôle de me retrouver aux côtés de garçons comme Tom Boonen, Mark Cavendish ou Peter Sagan. L’atmosphère était particulière, surtout en étant au Qatar. C’était vraiment dépaysant. Le fait d’avoir gagné la dernière étape, c’était simplement énorme. Je ne comprenais pas trop ce qu'il m’arrivait. Je me savais capable de gagner dès ma première saison chez les pros, comme des Michaël Matthews, John Degenkolb ou Marcel Kittel. Mais de là à gagner d’entrée... Au Qatar, j’ai cru à un coup de chance et je n’aurais jamais imaginé pouvoir confirmer aussi rapidement.

« Nacer (Bouhanni) mérite son maillot tricolore »

J’ai vite gagné trois nouvelles courses (Mémorial Samyn, 2e étape des Trois jours des Flandres Occidentales et Cholet-Pays de Loire, NDLR). Me retrouver avec quatre succès à la mi-mars, c’était une situation inespérée. Je ne m’y attendais pas du tout. C’est donc avec sérénité que je me suis présenté au Tour d’Italie. Faire 5-6 heures tous les jours, c’est très épuisant. Je n’avais jamais fait cela de ma vie, même à l’entraînement. Physiquement, c’était très dur mais j’ai pu faire quinze jours en étant présent dans les sprints (Quatre Top 10, NDLR). Je suis très heureux de cette belle expérience, qui me rassure et me donne de l’espoir pour le futur. Autre moment important de ma saison 2012, le Championnat de France. Le maillot bleu-blanc-rouge, c’était un vrai objectif pour moi. Et quand on est coureur, on ne peut pas être satisfait de finir sur la deuxième marche du podium, surtout lors d’une course cochée depuis des mois. Sur le coup, j’étais vraiment déçu. Mais avec le recul, c’était une grande journée. Faire deuxième de mon premier Championnat de France, à 20 ans, c’est déjà énorme. Ce jour-là, Nacer (Bouhanni, NDLR) était le plus fort, il mérite son maillot tricolore. Je veux avant tout retenir de ce Championnat de France notre doublé. Faire 1 et 2 pour l’équipe, c’était top.

« Extraordinaire Classique d'Hambourg »

Au mois de juin, j’ai quand même un peu accusé la fatigue accumulée sur le Tour d’Italie. Je me suis bien relancé à l’occasion des Jeux Olympiques de Londres. J’étais vraiment bien préparé et motivé à faire quelque chose. Malheureusement, les conditions de course ne m’ont pas permis de m’exprimer comme je l’aurais souhaité. Mais au final, je fais quand même 4e du sprint du peloton. Cela reste satisfaisant. Puis j’ai manqué la victoire de peu sur l’Eneco Tour (2e puis 4e d’étapes, NDLR) mais je savais que ce n’était qu’une question d’ajustements. Niveau forme, il n’y avait aucun souci. Cela s’est confirmé sur la Classique d’Hambourg, le plus grand moment de ma saison. Je n’étais vraiment pas venu sur cette épreuve pour jouer la gagne. Je voulais simplement faire un Top 10, afin de marquer des points World Tour pour l’équipe. Finalement, j’ai pu m’imposer devant des gars comme André Greipel ou Tom Boonen. Après la course, je me suis amusé à parcourir le palmarès de l’épreuve. Voir mon nom inscrit après ceux de Robbie McEwen, Tyler Farrar ou Edvald Boasson Hagen, ça fait quelque chose. Me dire que j’ai gagné ici, comme eux, c’est extraordinaire. Quoi qu’il arrive par la suite, j’aurais déjà laissé une petite trace... Sur ma lancée, je voulais bien faire jusqu’au Grand Prix de Plouay. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme espéré. Je n’ai pas fait une superbe course là-bas (40e, NDLR). Puis la fin de saison a été plus compliquée que prévu. J’ai sûrement accusé le coup après une année très chargée. Du coup, j’ai préféré arrêter ma saison après le Grand Prix d’Isbergues. Continuer pour dire de continuer, ce n’était pas la peine. Mieux valait se reposer puis préparer au mieux la prochaine saison.

« Je ne me fixe aucune limite »

J’espère faire encore mieux l’année prochaine. Je suis très jeune et j’ai énormément d’espoirs pour l’avenir. Mais le vélo c’est bizarre parfois. La logique voudrait que je progresse et je fasse donc encore mieux en 2013. Sauf que ce n’est pas aussi simple. Il faut de la réussite parfois. Je sais que cela marchera plus ou moins bien suivant les saisons. Si en 2013 je fais la même chose qu’en 2012, je serai déjà très heureux. Enfin j’aurai quand même du mal à accepter de faire moins bien. Quoi qu’il en soit, je vais prendre le départ de chaque course à ma portée pour la gagner, et je ne me fixe aucune limite. Avec le départ de Yauheni (Hutarovich, NDLR), je pense que Nacer (Bouhanni, NDLR) et moi-même seront désormais les deux co-leaders pour les sprints, chacun sur notre front. Il y a suffisamment de courses pour avoir un programme différent. Après, si on doit courir ensemble quelques fois, ce n’est pas un problème non plus. On reste avant tout des coéquipiers. On verra cela lors du premier stage de l’équipe (du 6 au 14 décembre, NDLR).

« Le Tour de France n'est pas une priorité, mais Paris-Roubaix en est une »

Je ne sais pas trop à quoi ressemblera mon calendrier pour le moment. Le Tour de France ? Je n’en fais pas une priorité pour le moment. Cela dépendra sans doute de mon début de saison. Je n’ai que 21 ans. Si c’est pour s’en prendre plein la figure pendant trois semaines, sans le moindre résultat à la clef, ce n’est pas la peine d’y aller. En revanche, je me vois bien participer aux Classiques du Nord. Dans les catégories de jeunes, j’ai bien marché sur une course comme Paris-Roubaix. J’y ai été très offensif chez les Juniors ou les Espoirs. Alors pourquoi ne pas me lancer dans ce genre d’aventures en 2013. J’ai toujours cette envie d’attaquer, de partir dans de longues échappées. C’est quelque chose que je pourrais peut-être faire en m’alignant sur ce type de courses. Car il est évident que je n’irai pas là-bas pour gagner. Cela pourrait être un beau challenge. »

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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