Testé positif, Raphaël Rocchi invoque un anti-allergique

Suspendu jusqu'au 24 février, Raphaël Rocchi (Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme) a été contrôlé positif le 28 mai lors de la Commentryenne (Auvergne). De la pednisone et de la pednisolone, c'est-à-dire des corticoïdes, ont été retrouvées dans ses urines. Le coureur de 25 ans plaide l'erreur par négligence. Il livre sa version des faits à www.directvelo.com.

DirectVélo : Pour la deuxième fois en deux ans, tu fais l'objet d'une suspension. Que s'est-il passé ?
Raphaël Rocchi : J'ai été contrôlé positif une première fois l'an dernier [le 19 juin 2010, sur le Tour de la CABA, NDLR]. J'utilise ponctuellement un traitement contre une allergie au pollen qui s'appelle "Deturgylone", simplement pour déboucher le nez. Ce traitement est autorisé mais il contient de la prednisolone, une substance interdite au-delà d’un certain taux. Pour simplifier, cette substance est interdite par voie orale et autre, mais autorisée par voie topique (pour un effet local). J'ai dépassé très légèrement le taux, sans doute par une erreur d’utilisation, et je n'avais pas mon ordonnance sur moi ce jour-là. C'est la raison de ma suspension en octobre 2010.

Est-ce le même oubli d'ordonnance qui s'est produit en mai de cette année ?
Cette fois-ci, j'avais bien la justification thérapeutique. J'ai déclaré l'usage du médicament lors du contrôle. Mon taux était un peu plus haut que la dernière fois mais reste proche du seuil autorisé. Je regrette d'ailleurs qu'il n'ait pas été communiqué par la FFC. Mon taux de prednisone était en fait de 107 nanogrammes par millilitre, la limite étant de 30 - la majorité des cas mettant en cause la substance concernent des taux 10 à 20 fois supérieurs. Je n’essaie pas de justifier mon taux anormal mais simplement de dissocier les cas. Si j’ai hésité à reprendre ce traitement notamment à cause du rôle pédagogique qu’a eu ma première suspension, l’avis médical m’a clairement confirmé qu’une utilisation normale de ce produit ne devait pas aboutir à un dépassement du seuil et que je devais juste être vigilant à l’utilisation et notamment au nombre de pulvérisations.

« Avec le taux décelé, on ne peut pas améliorer les performances »

Tu contestes avoir cherché à te doper ?
Avec le taux qu'on a décelé dans mes urines, on ne peut pas améliorer les performances. Ceci ne justifie pas ma négligence, l’essentiel était de connaître les raisons. C’est pourquoi avec mon encadrement je me suis rapproché de plusieurs médecins afin de savoir comment il était possible de dépasser le seuil autorisé avec ce spray nasal prescrit sur avis médical. Deux raisons m’ont été proposées : la première est une utilisation trop importante du produit liée à une élimination urinaire plus rapide pour certaines personnes ; la seconde est une pulvérisation avec la tête trop en arrière qui permet un passage plus important du produit dans l’organisme. Dans les deux cas, l’erreur vient de ma part car la posologie du médecin était bonne mais c’est réellement une erreur "pratique" qui aboutit à ce résultat. L'ALFD [l'Agence française de lutte contre le dopage, NDLR] a décidé de faire appel de la décision de la FFC de me suspendre cinq mois durant la période hivernale. Je ne sais pas ce qui sera décidé finalement, mais l’essentiel est qu’il soit bien admis que le produit détecté provenait de mon traitement et aucunement d’une autre volonté.

Comment a réagi ton club ?
J'ai été convoqué par les dirigeants pour m'expliquer. Ils ont voté et se sont prononcé pour ne pas prolonger la sanction prise par la FFC. Certes, mon image et celle de mes proches sont mises en cause par ce problème. Je le regrette également pour mon club et mes coéquipiers. Mon traitement n’était un secret pour personne car l’ordonnance a été donnée en cours d’année à l’encadrement, plusieurs précautions ayant été prises suite à mon premier problème en 2010. Tout le monde a compris l’erreur dans l’administration mais je sais qu’une suspension laisse toujours une image négative quelle qu’en soit la justification. La certitude est que je soignerai mon allergie autrement cette année, plusieurs traitements sans risque étant possibles en remplacement. Un nouveau fonctionnement beaucoup plus strict va également être mis en place au sein de l’équipe en 2012 et tous les traitements médicaux de tous les coureurs devront recevoir l’aval du médecin du club même pour les traitements les plus bénins.

Comment vis-tu cette affaire ?
Difficilement. Je le redis : j’ai fait une véritable erreur de négligence et je ne me rendais pas du tout compte des conséquences possibles. La FFC a d'ailleurs décidé de me suspendre pendant l'hiver. Cela veut peut-être dire quelque chose. Franchement, je prends cinq mois de suspension et ceci est très difficile à vivre par-rapport à l’image que peut signifier une suspension dans le sport cycliste.

Retrouvez en cliquant ici la fiche wiki de Raphaël Rocchi.

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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