P-H Lecuisinier : « Je ne voulais pas attendre le sprint »

Pierre-Henri Lecuisinier, sacré Champion du Monde Juniors ce samedi, s'est confié au téléphone à www.directvelo.com quelques minutes après dîner. Il raconte sa course, la seule qui ait échappée à un sprint massif cette semaine, à Copenhague.

DirectVélo : Ce titre de Champion du Monde était-il une suite logique après celui de Champion d'Europe ?
Pierre-Henri Lecuisinier : Il s'agit à chaque fois de courses d'un jour. Trop de paramètres entrent en jeu et il n'y a rien d'automatique dans cet enchainement. Nous avions une excellente équipe de France. Non seulement dans l'état d'esprit puisque nous sommes tous de bons copains, mais sur un plan sportif aussi. Nous étions plusieurs à pouvoir prétendre gagner aujourd'hui. Guillaume (Martin, échappé avec Lecuisinier et qui le met sur orbite pour le sprint final, NDLR) aurait pu avoir sa chance, par exemple.

Comment t'es-tu entendu avec lui dans l'échappée ?
Très bien ! Dans un premier temps, quand nous sommes sortis à vingt kilomètres de l'arrivée, nous avons cherché à creuser l'écart au maximum avec le peloton. Nous étions six : deux Français donc, deux Belges et deux Néerlandais. Dans la dernière côte du circuit, on a perdu un Néerlandais donc on s'est concentré sur les Belges car ils étaient les seuls à armes égales avec nous.

L'un d'eux a d'ailleurs attaqué à deux kilomètres de l'arrivée...
Oui. C'est là que Guillaume s'est sacrifié pour moi. Il aurait pu attaquer plus tôt pour jouer sa propre carte mais en cas d'arrivée au sprint, il savait que j'étais le plus rapide. On ne s'est pas parlé, un regard a suffi. Il a roulé pour réduire l'écart sur le Belge. Son travail a été formidable et je l'en remercie beaucoup.

« Le coup de l'échappée était un peu risqué »

Il fallait reprendre le concurrent belge mais aussi échapper au retour du peloton...
Sur la ligne, l'écart n'est plus que de trois secondes mais à la flamme rouge, la dernière fois que je me suis retourné, le peloton était pointé à dix secondes. Les conditions étaient parfaites pour que je puisse organiser mon sprint.

Pourquoi es-tu passé à l'attaque au lieu d'attendre le sprint massif ?
Le sprint massif était le scenario auquel on s'attendait tous. Pour ma part, je pouvais espérer une place dans les cinq premiers, mais pas forcément la victoire. Je ne voulais pas attendre. L'équipe avait pour consigne de faire une course de mouvement. A vingt kilomètres de l'arrivée, ça s'est mis à frotter et j'ai décidé de jouer ma carte. C'est sûr, le coup de l'échappée était un peu risqué parce que si j'étais repris, je perdais mes chances de gagner. Mais le risque méritait d'être pris.

Au départ, tu avais bien encaissé ta déception après le contre-la-montre de mardi ?
On est toujours motivé avant une épreuve des Championnat du Monde, donc je n'ai pas baissé les bras ! Bien sûr, j'ai été déçu par ma neuvième place. Je voulais faire mieux qu'aux Championnats d'Europe (5e). Le chrono était mon principal objectif, bien plus que la course en ligne. Seulement, je me suis rendu compte que les coureurs devant moi étaient de purs spécialistes. Certains d'entre eux s'étaient entraînés depuis plusieurs semaines uniquement pour ce rendez-vous. Ils n'ont d'ailleurs pas tous couru l'épreuve en ligne.

« Nous avions vu que Démare lançait le sprint assez tard »

Ce Mondial, depuis combien de temps y pensais-tu ?
Peut-être depuis le stage de préparation de l'équipe de France avant le GP Rüebliland, fin août. C'était il y a peu de temps, finalement. J'ai pris les courses comme elles venaient. J'avais gagné les Championnats d'Europe en ligne et le Trofeo Karlsberg, mais je ne posais pas trop de questions.

La victoire d'Arnaud Démare hier a-t-elle changé quelque chose dans ton approche de la course aujourd'hui ?
Nous avons suivi la course à la télé, tous réunis dans la même chambre. Nous avions remarqué qu'Arnaud lançait le sprint assez tard et j'ai essayé de faire la même chose aujourd'hui. Le panneau des 200 derniers mètres était déjà passé quand j'ai démarré.

Tu ne le porteras jamais ton maillot arc-en-ciel en course ?
Sans doute pas, en effet, compte-tenu que je passe Espoir l'an prochain et que mon calendrier 2011 est terminé. Ou presque terminé... Il se pourrait que j'aille à Paris-Connerré la semaine prochaine. Mais ce sera sans le maillot dans tous les cas.

Retrouvez en cliquant ici la fiche wiki de Pierre-Henri Lecuisinier.

Toute la semaine, Pierre-Henri Lecuisinier tient son carnet de route sur le site www.u19racingteam.fr.

Crédit Photo : Alexandre Chenivesse - www.u19racingteam.fr
 

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