Stéven Le Hyaric met le vélo au placard

A l'âge de 25 ans, Stéven Le Hyaric a décidé de mettre un terme à sa carrière à l'issue des Championnats de France. Le coureur du CC Villeneuve Saint-Germain explique son choix à www.directvelo.com. L'ancien vainqueur d'étape sur le Tour de Loir-et-Cher en 2010 revient également sur toutes ses années passées dans le peloton amateur du VC Evreux jusqu'au CC Villeneuve Saint-Germain, en passant par le Team Vulco-VC Vaulx-en-Velin et le CC Nogent-sur-Oise.

DirectVélo : Qu'est-ce qui t'a poussé à arrêter ta carrière ?
Stéven Le Hyaric : Beaucoup de choses, Premièrement depuis le début de saison je manque de sensations, ensuite je suis entré dans une mauvaise spirale qui a entraîné une baisse de moral, le temps passe, je voyais de nouveaux coureurs arriver notamment des coureurs très jeunes et certainement encore plus motivés que moi.
Comme je l’ai dit récemment à Eddy Seigneur, je n'ai certainement pas le mental d'un champion mais au fond je suis un gagneur alors c’est très très dur depuis 5 mois pour moi de faire du vélo dans ces conditions, c’est une réelle descente aux enfers car même lorsque que j’étais bien physiquement je n’y arrivais même pas et c’est encore plus frustrant car je suis un passionné, quelqu’un de déterminé et de courageux. Pourtant il faut bien tourner la page à un moment.

« Je me transcende sur les classes 2, ce que je n’arrive pas à faire sur les autres courses »

Y a-t-il un lien avec le fait que Villeneuve n'ait pas été retenue sur des courses comme le Tour des Pays de Savoie ou encore dernièrement le Tour Alsace ?
Evidemment ces courses me font rêver et me motivent, j’y ai déjà participé par le passé avec de très bons souvenirs aussi bien avec le CC Nogent-sur-Oise qu’avec Lyon Vaulx-en-Velin j’avais pris énormément de plaisir au Tour Alsace, ce sont des parcours que j’affectionne beaucoup. Je me transcende sur les classes 2, ce que je n’arrive pas à faire sur les autres courses, j’aime la manière de courir chez les pros également même si ce ne sont que des courses de classe 2.

Comment jugeais-tu ta forme ces dernières semaines ?
Ma forme était ascendante, après deux stages à la montagne avec Steve Houanard et un gros travail, j’avais réussi à retrouver mon niveau physique et à me refaire un moral sur des routes que j’apprécie mais ce manque chronique de confiance en moi est réapparu après ma non sélection à quelques classes 2 avant les Championnats de France.

« Le Championnat de France a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase »

Comment se sont passés pour toi les Championnats de France ?

Très mal, un cauchemar mais c’est un Championnat, ça a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase qui était déjà bien plein. Des sensations moyennes pendant la course alors que j’aspirais à faire quelque chose de grand ce jour-là, un peu à l’image de ce qu’a fait Matthieu Converset.

Que retiendras-tu de ces quelques mois passés à Villeneuve et aux côtés d'Eddy Seigneur que tu souhaitais connaître ?
Assez bien, une bandes de copains, pas mal de coureurs étrangers, Eddy a fait le maximum pour moi de même que David Pagnier. J’ai pu nouer quelques liens d’amitié avec des coureurs comme Geoffrey Rouat ou Matthias Fraissé par exemple. J’ai apprécié travailler avec Eddy car sous une apparente froideur je pense que c’est quelqu’un d’entier épris d'humanisme qui donne son maximum à chacun des coureurs qu’il a dans l’effectif. Eddy est un travailleur infatigable et en ça je me rapprochais beaucoup de lui.

« Le vélo m'a appris beaucoup en tout cas, notamment l'extrême médiocrité de certaines personnes, et que la franchise est très rare mais toutefois, elle existe »

Que retiens-tu de toutes tes années passées dans les rangs amateurs du côté d'Evreux, puis de Vaulx-en-Velin, de Nogent et enfin de Villeneuve ?

J’ai appris beaucoup de choses qui vont me servir dans l’avenir proche ou lointain, des valeurs que le sport de haut niveau inculque, la rigueur entre autres. Le vélo m'a appris beaucoup en tout cas, notamment l'extrême médiocrité de certaines personnes, et que la franchise est très rare mais toutefois, elle existe. Je n’en veux à personne en tous les cas, c’est moi qui n’ai pas été à la hauteur même si parfois les conditions de réalisation n’étaient pas les meilleures.
Je ne garde que le meilleur de ma « carrière » cycliste. Les copains, les souvenirs de retour de courses, les galères, les champions qui sont passés à mes côtés, les victoires, les défaites, les sacrifices, les pleurs, les rires...

Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Sportivement mon meilleur souvenir est sans aucun doute ma victoire l’an passé au Tour du Loir-et-Cher en classe 2, mes années Junior restent aussi de supers souvenirs avec Yoann Offredo, Steve Houanard, Stéphane Rossetto notamment en sélection Ile-de-France. Mes très jeunes années aussi car j’ai débuté le vélo très tôt, il y a près de 18 ans, ce sont les meilleurs souvenirs de vélo, entre copains, sans pression, ce sont les années de l’insouciance.

« Je pense que j’avais des capacités physiques et qu’il y avait une place pour moi chez les pros, même en tant que coéquipier »

As-tu des regrets ?

Aucun, hormis, peut-être, le fait de ne pas avoir foncé, lors de mes deux premières années espoirs vers une grosse structure, comme le font maintenant tous les jeunes ayant un bon niveau chez les juniors, je pense que j’ai perdu 2 ans. J’ai connu de superbes structures, rencontré également des personnages du cyclisme amateur et aussi professionnel. Peut-être aussi le regret de ne pas avoir été au niveau au-dessus car je pense que j’avais des capacités physiques et qu’il y avait une place pour moi chez les pros, même en tant que coéquipier.

Que vas-tu faire désormais ?
Je vais reprendre une formation en Image et Médias, je passe plusieurs concours cette semaine en ce sens dans de grandes écoles de publicité. Mon souhait est de me former, d’apprendre, d’emmagasiner de l’expérience, je suis persuadé qu’il est possible de réussir en prenant beaucoup de plaisir dans un autre milieu que le vélo. Je vais probablement aller à l’étranger prochainement pour devenir bilingue.

« Pour le moment, je ne souhaite plus entendre parler de vélo »

Est-ce un arrêt définitif ou est-il possible que tu reprennes une licence ces prochaines années ?
Je n’exclus rien mais pour le moment je ne souhaite plus entendre parler de vélo, cette année le vélo m’a fait trop souffrir. Pour tout vous dire je n’ai pas retouché au vélo depuis mon abandon aux Championnats de France.
Je vais me lancer d’autres défis qui me trottent dans la tête depuis un certain temps, finir un Ironman par exemple, un marathon également et reprendre le tennis, un sport que j’aime beaucoup.
J’espère que mes anciens coéquipiers du CC Villeneuve Saint- Germain vont finir la saison en beauté et je souhaite bonne chance à tous les coureurs que j'ai pu côtoyer au cours de ma carrière.

A qui penses-tu au moment de raccrocher le vélo ?
Je tiens à remercier ma fiancée qui a dû me supporter lors de ces derniers mois difficiles et mes amis, notamment Yoann Offredo, Stéphane Rossetto, Peter Brouzes et Steve Houanard qui m’ont remotivé à me battre pour finir la saison.
Je tiens à remercier également tous les directeurs sportifs qui m’ont fait confiance notamment Eddy Seigneur et David Pagnier au CC Villeneuve Saint-Germain, Michel Gros, Régis Auclair pour Lyon Vaulx-en-Velin, Charlie Leconte et Pascal Carlot pour le CCNO, Loïc Borgogno au VC Evreux.
Mais aussi Jean-Pierre Fraïoli et plus récemment Antoine Vayer avec qui j’ai collaboré pendant plus de trois années et qui m’a fait prendre conscience de mes capacités.

Retrouvez en cliquant ici la fiche wiki de Stéven Le Hyaric.

Crédit Photo : DR
 

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