Victor Guernalec : « Vivre ça encore longtemps »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Parmi les meilleurs amateurs depuis le début de saison, Victor Guernalec était attendu ce dimanche au départ d’Annemasse-Bellegarde. Discret la veille à Saint-Étienne, le coureur de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme a frappé fort en s’imposant sur l’une des courses les plus prestigieuses du calendrier Élite (voir classement). Un succès qui tombe à pic pour le Breton de 24 ans, qui cherche à convaincre une équipe pro de lui offrir un contrat après plusieurs années où les blessures avaient freiné sa progression. Il raconte sa joie au micro de DirectVelo.

DirectVelo : Tu gagnes l'une des plus belles courses du calendrier amateur !
Victor Guernalec : C'est énorme car je l'avais cochée. Depuis un mois et les Boucles du Haut-Var, je n'étais pas top, j'étais tombé malade la nuit entre Aix et Puyloubier. On est passé à travers sur la Coupe de France N1 (au Tour des 4B Sud Charente, NDLR). À Limoges, c'est revenu, je me suis fait reprendre à 50 mètres de la ligne. J'arrivais ici un peu plus en confiance, je sentais que les jambes étaient meilleures cette semaine. Hier à Saint-Etienne, c'était frustrant, on est passé à travers stratégiquement. On n'a pas pris nos responsabilités. On a mis les choses au clair au débriefing donc j'avais à cœur de bien faire ici. Mais je n'étais pas forcément très confiant vu la performance d'hier….

Pourtant, tu ne t'es pas raté !
J'ai été patient, je me suis retrouvé dans un contre avec Joris (Chaussinand) et Mathias (Le Turnier). Après on est sorti sur le plat et j'ai mis une bonne attaque pour rentrer sur (Clément) Izquierdo et Mathias qui s'est sacrifié pour moi. Il m'a fait un train. Je ne pensais qu'au moment où on virait à droite, vers Chez Padon, pour en mettre une petite. On est rentré sur (Alexis) Guérin et (Thomas) Morichon, je sentais qu'il y avait un manque de fraîcheur même si moi je me sentais encore bien malgré un début de crampe. Dans chaque talus du final, j'en ai mis une. Je me sentais bien. Tout est finalement rentré aux 400 mètres, le gars d'Etupes (Jamie Meehan) a contré et en sortant du virage aux 250 mètres, j'y suis allé et ça se joue à rien.

Tu savais que tu avais gagné en passant la ligne ?
Non. J'ai même encore le doute là (sourire). C'était tellement serré que du coup on ne savoure presque pas. On est perturbé par le fait de se demander si on a gagné ou pas. C'était une belle bataille avec Clément. Hier il a marché, moi je n'ai pas fait un gros résultat mais je voulais me rattraper. C'est bien d'être avec des mecs comme ça, ça roule et ça ne se pose pas de questions. C'est cool quand il n’y a pas de jeu de bluff et que c'est à fond jusqu'à la ligne, et après on se départage dans le final.

« GAGNER DES GROSSES COURSES COMME ÇA »

Que représente Annemasse-Bellegarde pour toi ?
Je ne suis pas de la région mais quand on me parle, on me dit que c'est un peu le Manche-Atlantique de Rhône-Alpes. Ça fait un an que je suis dans le coin et trois ans à Bourg donc je commence à comprendre l'importance de ces courses-là. Ce sont des profils qui me correspondent, des courses dures où tu finis cramé. Avec un final pour puncheurs où il faut jouer sur mes qualités. C'est une super course à mettre à mon palmarès.

C'est sans doute nécessaire pour passer pro...
Il faut gagner des grosses courses comme ça, c'est clair. On est fin mars et j'ai trois victoires. À Aix, je suis arrivé pour la gagne et j'ai fait 3e à la fraîcheur. Je prends confiance, je sens que je progresse de plus en plus. J'ai envie de passer pro mais ce n'est pas moi qui décide, c'est le choix d'une personne qui me propose ou non un contrat. J'espère que j'aurai cette chance, j'adore ce que je fais, l'entraînement. Je suis comme un pro, j'ai envie de vivre ça encore longtemps et voir jusqu'où je peux aller. Je pense avoir le niveau, ça ne serait pas aberrant que je passe pro. Mais on sait que les gars passent de plus en plus tôt. J'aurais aimé aussi, j'étais en équipe de France Juniors avec des mecs qui sont passés ensuite. J'aurais aimé mais je ne pouvais pas avec les blessures que j’ai eues. Entre temps, je me suis remobilisé alors que 99% des mecs n'auraient pas rebondi après une année où tu réussis bien et que d'un coup tu prends trois ans où tu ne mets plus un pied devant l'autre.

Tu es d'autant plus fier de tout ça ?
Oui, même d'être revenu l'année dernière, d'être Champion Auvergne-Rhône-Alpes, d'avoir fait deux Top 5 en Coupe de France. J'ai pris confiance. Un paquet de mecs devaient se dire "mais pourquoi il continue le vélo". Mais moi je savais que le jour où tout serait en ordre, avec mon sérieux et ma passion, ça pouvait revenir. Tout se décante et c'est un plaisir. Tout ça m'a rendu plus fort et plus mature. J'en suis presque à être content que ça me soit arrivé, car je me dis que ça fait partie de mon chemin, que c'est atypique, et maintenant le plus beau serait d'avoir une chance chez les pros. 

« RAPIDEMENT DANS LES CLOUS »

Ça te frustrait de ne pas en avoir gagné une aussi belle, en étant l'une des cartes principales de Bourg ?
L'équipe me fait confiance, j'avais à cœur d'en gagner une très grosse. Aux 4B, on n'a rien pu faire. Là je gagne au sprint donc ce n'est pas un bon exemple, mais si je fais un sprint à l'entraînement avec (Clément) Izquierdo il me met trois vélos. C'est juste que là c'est un peu plus à la fraîcheur et ça me réussit bien. On ne peut pas non plus gagner tous les week-ends, et mine de rien ça fait déjà trois victoires au 24 mars. C'est pas mal ! Mais maintenant, la grosse victoire, c'est fait.

Quelle sera la suite ?
Il y a un gros programme de Coupe de France en avril, je vais aussi courir à Vougy dans huit jours. J'aimerais bien que d'autres gars de l'équipe lèvent les bras ou fassent des podiums etc. Un peu comme l'année dernière, qu'on ait une dynamique générale et pas juste un coureur. La saison est encore longue, certains vont monter crescendo. J'ai fait un bon hiver à Nice qui m'a permis de passer un cap et d'être rapidement dans les clous. Mais j'espère qu'on va être dans une bonne spirale et que chacun va pouvoir tirer son épingle du jeu. Et je n'en doute pas.

As-tu coché une course en particulier ? 
Pas spécialement, je sais qu'on va faire l'Alpes Isère Tour. Sur le papier je ne sais pas si j'ai le niveau pour gagner des étapes. On voit que les amateurs sont forts en passant pro. L'année dernière, j'ai fait 7e à la Mirabelle en Classe 2, c'est déjà ça. Là je suis plus fort donc pourquoi pas. Et je vais me donner les moyens.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Victor GUERNALEC