Jean-René Bernaudeau : « Les difficultés nous font grandir »

Crédit photo Zoé Soullard / DirectVelo

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La formation TotalEnergies aurait pu repartir de la Promenade des Anglais avec un maillot distinctif mais Mathieu Burgaudeau s’est fait chiper la tunique de meilleur grimpeur de Paris-Nice sur le fil, ce dimanche lors de la dernière étape, par un Remco Evenepoel qui est passé devant en tentant de renverser le classement général durant la dernière heure de course. Malgré tout, Jean-René Bernaudeau se satisfait de l’engagement de ses coureurs tout au long de la « Course au Soleil ». DirectVelo a fait le point avec le manager général de la ProTeam vendéenne en marge de cette dernière journée de course. Entretien.

DirectVelo : Que vas-tu retenir de la semaine de l’équipe sur les routes de Paris-Nice ?
Jean-René Bernaudeau : Il y a bien sûr eu la semaine de Mathieu (Burgaudeau) mais plus généralement, il y a eu beaucoup d’engagement. On savait que c’était un Paris-Nice de très haut niveau avec de nombreux favoris. On a cherché une fenêtre de tir en y mettant beaucoup d’engagement et on voulait surtout finir sans regret (entretien réalisé dimanche midi, au départ de la dernière étape, NDLR). Pierre Latour a fait des exploits, Jordan Jegat est une bonne surprise pour sa première course à ce niveau. Il a déjà gagné beaucoup de temps d’apprentissage en une semaine ici. On est très content de son recrutement. Globalement, il y a des enseignements intéressants à tirer pour préparer l’avenir, c’est un Paris-Nice satisfaisant car il y aura eu de l’engagement, c’est ce que je retiens.

« PERSONNE NE FAIT DE CADEAU »

Ces dernières semaines, il a beaucoup été question de ces absences d’invitations sur des épreuves telles que Milan-San Remo ou le Tour des Flandres. En tant que manager, comment vis-tu cette situation ?
C’est le cyclisme qui est comme ça, on doit vivre avec. Personne ne fait de cadeau, il y a des équipes qui ont plus d’invitations que d’autres. On demande seulement à l’UCI de nous mettre à notre place. Le cyclisme on le respecte, on a une histoire, après c’est à eux de voir… On est des acteurs de courses mais les organisateurs invitent qui ils veulent. Maintenant les difficultés nous font grandir, certains coureurs de l’équipe sont aussi responsables du fait qu’il nous ait manqué très peu de choses pour être une place de mieux au classement UCI. Il faut qu’on remonte dans la hiérarchie, on est la 22ème équipe mondiale et il faudrait être 21ème.

L’équipe est-elle condamnée à une course aux points UCI tout au long de la saison ?
Chez nous, c’est non ! La culture de la gagne est fragile, il faut la cultiver d’une manière très forte. Si on commence à parler de points UCI ça devient contradictoire. On préfère avoir des révélations en fin de saison. On fait aussi avec ce que l’on a. Il faut bien se dire que nous sommes à notre place dans la hiérarchie des budgets. Les coureurs ont été exemplaires, même si j’aurais bien aimé qu’Anthony Turgis, Pierre Latour et surtout Peter Sagan assurent un peu plus. Il y a un minimum à faire et ils ne l’ont pas fait. C’est aussi un peu de leurs responsabilités mais ce n’est pas méchant de le dire, c’est juste un fait.

« ON SERA ENCORE LÀ DEMAIN, CE QUI NE SERA PEUT-ÊTRE PAS LE CAS DE TOUT LE MONDE »

Sur la construction du calendrier, imagines-tu disputer des courses sur lesquelles vous n’avez pas l’habitude d’aller, pour essayer de décrocher des points UCI plus “faciles” sur le papier ?
Non, on ne parle pas de ça. On va faire un calendrier pour envisager des victoires. Le but principal, c’est surtout de faire un grand Tour de France car il n’y a que ça qui compte. Si on gagne une étape sur la Grande Boucle et qu’on a de belles victoires avec de belles révélations cette saison, on demandera à ceux qui dirigent le vélo de nous mettre à la place qu’on mérite. Aujourd’hui, si on doit rassurer les gens, c’est en leur rappelant qu’on fait un vélo de panache, d’éducation. Et on sera encore là demain, ce qui ne sera peut-être pas le cas de tout le monde.

Tu évoquais précédemment le cas Sagan, qui a désormais quitté l’équipe, mais aussi le rendement de Pierre Latour et d’Anthony Turgis. Quels (autres) coureurs doivent aussi porter le groupe cette année selon toi ?
Je pense que Steff Cras est vraiment là pour le général des courses par étapes. C’est ce qu’il a joué cette semaine sur Paris-Nice même s’il est plus un coureur de chaleur mais on imagine que sur le Tour, avec un peu de réussite, il peut espérer être dans les dix meilleurs. Il faudra qu’il provoque la réussite mais ça serait la révélation. La confirmation serait Mathieu Burgaudeau, il est fortement construit, il ne se contente pas d’une place de 2e. On lui a préparé une équipe pour l’aider sur son terrain alors qu’avant, il se prenait en charge tout seul. Je compte, notamment, sur ces deux éléments.

 

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