Stephen Williams, le temps de la confirmation

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

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Tout y est : l’allure, l’accent, les expressions du visage, cet humour si spécifique… Il est impossible de s’y méprendre : Stephen Williams est un « British » pure souche, membre de cette génération qui a grandi avec les exploits de Bradley Wiggins puis de Geraint Thomas - Gallois comme lui - sur les routes du Tour de France. Le gamin d’Aberytwyth - côte ouest britannique - s’était révélé aux yeux des spécialistes dans les Pyrénées, en 2018 lors d’une fameuse Ronde de l’Isard dont il avait enlevé les deux premières étapes puis le général. Avec à la fois panache et maîtrise, il avait dominé la génération des Paret-Peintre, Champoussin, Almeida et autres Geniets ou Leknessund. Également vainqueur d’étape et porteur du maillot rose sur le Baby Giro quelques semaines plus tard, il avait tapé dans l'œil de la formation Bahrain-Merida.

Attendu comme l’un des potentiels (très) gros talents de sa génération, il n’avait pas eu les débuts escomptés chez les pros, et c’est le moins que l’on puisse dire. “Clairement, ça a été la galère pendant un moment”. Des problèmes récurrents au genou, qui l’avaient déjà contraint à arrêter le football, l’ont embêté plusieurs saisons. Cette importante gêne physique, combinée à la période Covid, lui ont fait perdre beaucoup de temps, avec un maigre total de 29 journées de course sur ses deux premières années pros. Mais « Stevie » n’a rien lâché et a fini par apercevoir la lumière au bout du tunnel. Vainqueur du Tour de Croatie en 2022 puis d’une étape de l’Arctic Race en Norvège en 2023, il a, peu à peu, fait son trou après avoir quitté Bahrain pour Israel. Jusqu’à jouer sa plus belle prestation (en attendant la suite ?) en janvier dernier, en enlevant le Tour Down Under, au niveau WorldTour. Le tout en gagnant la dernière étape avec le maillot de leader sur le dos. C’est énorme en termes de confiance. Je ne pouvais pas mieux commencer la saison”, lâche-t-il après coup pour DirectVelo, au cœur des Boucles Drôme-Ardèche.

« IL A MONTRÉ À TOUT LE MONDE CE DONT IL EST CAPABLE »

Directeur sportif de la formation Israel-Premier Tech ce week-end dans le sud de la France, Sam Bewley était déjà dans la voiture lors de l’épreuve australienne. Et il assure ne pas avoir été surpris par la performance de son protégé. “Il a commencé sa carrière professionnelle avec ce problème physique qu’il a traîné longtemps. Mais depuis que ça va mieux, on a toujours su que c’était possible. L’an passé en Norvège, il a montré à tout le monde ce dont il était capable. On savait qu’il pouvait faire un bon truc même s’il serait exagéré de dire qu’on visait la victoire finale. C’est un sacré numéro qu’il a fait là-bas mais franchement, sur le papier un podium était jouable”.

N’y-a-t-il jamais eu de doutes quant aux capacités du Gallois d’évoluer au plus haut niveau mondial ? “Quand tu gagnes sur l’Isard ou le Baby Giro, c’est déjà du costaud. Ce n’est pas une garantie mais ça prouve que tu as le niveau”, répond Sam Bewley. Le jeune retraité, qui était encore coureur chez BikeExchange-Jayco il y a deux ans, est important pour Stephen Williams. “C’est le genre de gars qui va toujours te mettre en confiance, en te parlant avec calme et sagesse. En course comme en dehors. Son expérience m’est précieuse”.

LES BOUCLES DRÔME-ARDÈCHE AVEC « TOUS LES INGRÉDIENTS » DES ARDENNAISES

Maintenant qu’il est “totalement libéré”, l’athlète de 27 ans ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Et s’il était présent dans l’Hexagone le week-end dernier, c’était pour préparer au mieux les grosses échéances à venir. “Les sensations ne sont pas mauvaises, ça va. Les premiers jours de course en Europe, ce n’est jamais simple, d’autant que ça roule vite ici avec un peloton de qualité. Et que dire de la météo ! C’est dommage mais ça fait partie du jeu, c’est possiblement une bonne préparation pour ce qui arrive”. À savoir le Tour de Catalogne, le GP Miguel Indurain puis, aussi et surtout, les Ardennaises, où il compte briller en avril prochain. L’Amstel, Flèche, Liège… Les trois seront vraiment les gros rendez-vous de ma première moitié de saison, prévient-il. C’est aussi pour ça qu’il était important de chercher directement à se faire mal aux jambes. Et ce genre de courses d’un jour, très dures, est l’idéal pour se mettre totalement dedans avant les Ardennaises. On y retrouve tous les ingrédients qui font le charme des Ardennaises”.

L’emporter au Tour Down Under a-t-il changé quoi que ce soit en termes de programme ou d’ambitions ? “Pas du tout, ça n’a rien changé. Il était déjà prévu initialement que je fasse une grosse saison avec de belles courses WorldTour. Je connaissais déjà la voie à suivre. Gagner là-bas m’a simplement conforté dans l’idée que j’étais sur la bonne voie”.

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