Jérémy Cabot : « Changer ma façon de courir »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Jérémy Cabot tient son premier résultat de référence sous le maillot de St-Michel-Mavic-Auber 93. Pour ses débuts avec la Conti francilienne cette saison, il avait quitté le Gard et l’Etoile de Bessèges frustré après être passé à côté de son chrono à Alès. Mais le solide rouleur de 32 ans a fait bien mieux ce jeudi en terminant dans le Top 5 du contre-la-montre inaugural du Tour de la Provence (voir classement). L’occasion pour DirectVelo de faire le point avec celui qui envisage de changer sa façon d’aborder les courses cette année. Explications.

DirectVelo : Tu as réalisé un très bon temps ce jeudi sur la corniche de Marseille !
Jérémy Cabot : On se doutait que ce serait compliqué de jouer la gagne avec Mads Pedersen sur la liste des partants. Un Top 5, c’est bien. C’était l’objectif et ça l’a fait, c’est cool.

Tu es parti dans les tout premiers. Était-ce un choix ?
Oui parce que j’avais vu que le vent devait tourner et forcir en fin d’après-midi. Comme il y avait un petit peu plus long de retour que d’aller, on s’est dit que ça pouvait être une bonne idée. C’était un petit pari. Quand on vient au départ d’un chrono, c’est pour gagner. Mads Pedersen, je ne peux pas le battre à la pédale. Bruno Armirail, il est plus fort que moi. Alors il faut trouver des petits trucs, on ne sait jamais.

« CE N’EST PAS BON, ÇA NE ME PLAIT PAS »

Comment imagines-tu la suite de la semaine ? Les Lidl-Trek te semblent-ils au-dessus de la mêlée ?
J’imagine qu’ils vont vouloir cadenasser la course mais avec une météo capricieuse, ce ne sera pas forcément évident. Ils ont quand même une équipe super solide, on l’a déjà vu à Bessèges. Ils font encore 1 et 2 du chrono. Sur le papier, ce sont les plus forts. On annonce du vent et des bordures et ce n’est pas loin d’être l’équipe la plus forte dans ces conditions-là. Ils ont les armes pour tout gagner. Mais tout peut se passer. La semaine dernière, on a vu Samuel Leroux gagner une étape de l’Etoile de Bessèges. Il faut y croire, on ne sait jamais…

Le fait d’avoir déjà enchaîné le GP de Marseille et l’Etoile de Bessèges t’a-t-il aidé ce jeudi ?
J’ai besoin de quelques jours de course pour être au top généralement. Mais là, j’ai envie de répondre oui et non car je n’étais pas du tout content de mon chrono sur l’Etoile de Bessèges. Je n’étais pas au fond du seau non plus mais ça m’a mis un petit coup au moral, même si je n’ai jamais été fan de ce chrono. Avec cette bosse dans le final, je n’y arrive pas. Malgré tout, quand tu es spécialiste du chrono, que toute l’équipe a bossé pour toi sur l’ensemble de la semaine de course et que tu vas faire 30e… Ce n’est pas bon. Ça ne me plait pas. Je me mets pas mal la pression et là, je n’étais pas content.

« JE SUIS EXIGEANT AVEC L’ÉQUIPE »

Mais tu as vite su rebondir !
Sur le vélo, il faut avoir confiance en soi. Si j’avais eu confiance en moi ici, j’aurais peut-être pu gagner ces deux-trois secondes qui m’auraient fait monter sur le podium. Je pense que c’était accessible. Mais un Top 5, c’est déjà visible. On voit que je suis là. C’est bien pour l’équipe aussi, qui s’investit beaucoup pour moi, même si ça ne reste qu’une étape. Je suis exigeant avec l’équipe au niveau du matériel, des reconnaissances du parcours etc. Alors pouvoir leur apporter ce juste retour des choses, c’est normal.

Comment comptes-tu construire ta saison ?
Il n’y aura pas forcément de pics de forme plus que ça, même si le Championnat de France sera une nouvelle fois le fil rouge de la saison. Ces dernières années, j’ai sûrement trop ciblé certaines périodes chez TotalEnergies. Je me suis enfermé dans l’idée que je pouvais marcher sur certaines courses et pas sur d’autres, mais je veux arrêter de raisonner de cette façon. Parfois, même sur une course toute plate, l’échappée peut aller au bout. Je veux m’ouvrir à un plus grand nombre d’opportunités. Il faudra être à l'affût de toutes les opportunités. Je pense par exemple à des manches de Coupe de France, qui sont souvent ouvertes. Je vais changer ma façon de courir.

« JE NE VEUX PAS AVOIR DE REGRETS »

C’est-à-dire ?
Je veux tenter de loin en prenant plus d’échappées. Je veux aussi mieux me placer dans le peloton en restant moins derrière. Je dois me mettre un coup de pied au cul. Il faut que je donne tout sur chaque course de la saison. Une carrière cycliste, ça passe vite, je ne veux pas avoir de regrets. J’ai envie de résultats, j’en ai besoin. Je sais que je suis fort et je veux que ça se voit.

Tu es passé pro à Roubaix en 2017, puis tu es redescendu chez les pros en 2019, au SCO Dijon, pour écraser la saison chez les Amateurs, avant de signer chez TotalEnergies, et donc désormais de “redescendre” au niveau Conti, à Aubervilliers. Ta carrière fait le yo-yo ! 
Ne pas être gardé chez TotalEnergies a été une grosse déception, je ne vais pas le cacher. La fin de saison dernière a été difficile. Ce n’est pas dénigrer Auber de le dire, on veut toujours rester dans la meilleure division possible. Pour autant, je suis arrivé dans une équipe qui a beaucoup d’expérience et qui peut m’apporter beaucoup sur ce calendrier-là. L’avantage, c’est que je connais mon calendrier pratiquement jusqu’à la fin de la saison. Chez Total, j’étais équipier et c’était normal car il y avait des coureurs bien plus forts que moi. Mais là, je peux construire ma saison plus comme je l’entends. Je peux être ambitieux et ça, c’est positif. Je vais avoir d’autres opportunités.

 

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