Pierre Guille : « Je n’ai pas terminé ma mission »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Président du Grand Prix de Marseille-La Marseillaise depuis l'édition 2019, Pierre Guille a fait évoluer l’épreuve d’ouverture du calendrier professionnel français avec un soutien plus important de la ville de Marseille et l’arrivée de la diffusion télévisée depuis 2021. Le lieu de départ a également été modifié à plusieurs reprises ces dernières années. Pour DirectVelo, il fait le point sur une épreuve qui ouvrira le 28 janvier prochain le calendrier français.

DirectVelo : Par rapport à la saison dernière, il y a deux WorldTeams en moins, dont celle du vainqueur sortant Neilson Powless (EF Education-EasyPost)… Est-ce un regret ?
Pierre Guille : Je vois toujours le verre à moitié plein et pas à moitié vide. Aujourd’hui, on est concurrencé par d’autres grandes courses. Nos confrères du Tour de La Provence ont quasiment le même plateau que nous, celui de nos amis de Bessèges est un peu différent. On a encore de la marge de manœuvre qui nous permettra de monter. J’espère que l’année prochaine, nous aurons, non pas cinq, mais sept WorldTeams. J’y travaille. Je suis très heureux d’avoir cinq WorldTeams mais juste en-dessous, il y a des équipes magnifiques qui auraient tout à fait leur place dans le WorldTour. Le plateau est beau. À titre personnel, je suis très content d’avoir Matteo Trentin au départ, je suis fan de ce garçon.

« MONTRER LES JOYAUX DE MARSEILLE »

Pourquoi avoir de nouveau changé de lieu de départ ?
C’est un vœu et une volonté de montrer d’abord les joyaux de Marseille et, encore plus, la symbolique du départ des quartiers nord et l’arrivée dans les quartiers sud. Ce sont les valeurs de La Marseillaise et du Grand Prix qui sont portées. Il n’y a pas deux Marseille, il n’y a qu’une seule Marseille qui est indivisible. Elle est aussi importante dans les quartiers nord que dans les quartiers sud. C’est pour ça qu’on a décidé de faire ce départ à l’Estaque. Je ne dis pas que l’année prochaine, on ne changera pas. L’Estaque est un joyau magnifique. Le symbole de Marseille est la mer Méditerranée. On en sera au bord, contre les bateaux, il y a de la place. Il faut aussi savoir que les contraintes techniques sont énormes pour pouvoir garer les bus.

Cette année, la Route des Crêtes est prise dans le sens La Ciotat-Cassis et non plus Cassis-La Ciotat comme lors de la dernière édition. Pourquoi ?
Maxime Bouet nous a dit de faire comme ça. Je lui avais demandé s’il pouvait nous donner un coup de main quand il prendrait sa retraite, il nous a aidés. Il a son expérience de coureur professionnel que nous n’avons pas quand on le fait en voiture même si je suis issu d’une famille de cyclistes de l’Alpe d’Huez.

Pourrait-il y avoir d’autres changements à l’avenir ?
J’aime bien les nouveautés et remettre le travail sur l’établi. Mais je me dis que le parcours est quand même pas mal. Quand tu passes par l’Espigoulier, la Route des Crêtes, le Pas de la Couelle…, on a des joyaux, on les exploite. On a un territoire magnifique qui est sublimé par le Grand Prix. Je ne peux pas inventer de nouveaux bords de mer, ni de nouvelles montagnes. On a un groupe de travail avec Max et des bénévoles pour réfléchir à des changements à la marge. Le Grand Prix est très beau et on veut le garder comme ça.

« D’ICI TROIS-QUATRE ANS, ON N’Y ARRIVERA PLUS, MAIS CE SERA LE CAS POUR TOUT LE MONDE »

La course est-elle au niveau où tu l’attends depuis que tu es président de l'organisation ?
Elle est en constante évolution. Je ne dis pas qu’on part de loin parce que notre Grand Prix n’était malheureusement pas médiatisé et c’était un écueil important. Médiatiser une course à la TV coûte très cher. On a un groupe de réflexion avec la LNC et le ROCC autour des contraintes financières de l’organisation des courses cyclistes. D’ici trois-quatre ans, on n’y arrivera plus, mais ce sera le cas pour tout le monde. Quand on voit qu’une journée de captation télé coûte plus de 150 000 €…, c’est très compliqué. Mais on y arrive car il y aussi une volonté des élus et de partenaires privés. Ce n’est pas non plus un puits sans fond. Je le dis sans langue de bois, il y a encore du travail à faire. Je n’ai pas terminé la mission que je m’étais imposée de monter le Grand Prix à un niveau encore au-dessus de ce qu’il est aujourd’hui. On y travaille. Par rapport à il y a cinq ans, on est sur le bon chemin.

À quelle hauteur aide la ville de Marseille ?
C’est le partenaire principal à des niveaux assez importants. Quand je suis allé voir le maire de Marseille, je lui ai posé une question très simple. J’ai été un peu direct, c’est mon style. J’ai dit : « Quel est ton grand évènement qui porte Marseille au niveau du cyclisme ». Il m’a répondu : « Je n’en ai pas ». Maintenant, il en a un, c’est le Grand Prix de Marseille-La Marseillaise, on va y aller ensemble. La subvention a doublé.

Quels axes as-tu envie de développer ?
Il s’agirait d’autres petits évènements dans l’évènement pour pouvoir avoir un peu plus de finances et de plus petits partenaires. Il y a des gens qui sont capables de mettre 2000-3000 € pour venir avec des partenaires passer une journée. C’est quelque chose qu’on n’a pas encore vraiment bien développé. Je pense plus à une régie commerciale. Pourquoi pas par exemple donner rendez-vous dans les vignes à Cassis à des gens auxquels on fait découvrir le vin de Cassis qui est délicieux et qui voient passer la course. Certaines entreprises paieraient le fait de pouvoir venir. Ce sont des idées pour le futur.

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