Clément Venturini : « Ce titre a une grande importance »

Crédit photo Michaël Gilson / DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson / DirectVelo

Et de six ! Après 2017, 2018, 2019, 2021 et 2023, Clément Venturini a décroché, ce dimanche à Camors (Morbihan), un nouveau titre de Champion de France Élites de cyclo-cross, au terme d’un beau duel avec Joshua Dubau (voir classement). Un grand soulagement pour le Rhônalpin, qui offre ainsi un joli titre à sa nouvelle formation Arkéa-B&B Hôtels et qui se veut désormais ambitieux pour le prochain Championnat du Monde. Entretien.

DirectVelo : Tu as failli tout perdre sur un incident mécanique dans l’avant-dernier tour !
Clément Venturini : Le cyclo-cross est un sport mécanique, mais je ne voulais pas m’incliner sur ça. Être battu par plus fort, il n’y a aucun problème, mais je ne voulais pas perdre sur un souci…

Tu as finalement réussi à vite revenir sur Joshua Dubau !
Il fallait rester concentré et y croire jusqu’au bout. Sur le moment, j’ai essayé de tout mettre même si j’ai eu peur d’aller à la faute. Il me restait encore un tour entier, c’était ma chance. Je savais qu’il y avait une grande partie sur route pour rentrer, au cas où. J’ai réussi à garder mon sang-froid. Je m’attendais plutôt à ce que Joshua enclenche vraiment, pour ne pas me laisser récupérer. Mais il a temporisé, j’imagine qu’il avait besoin de souffler. Une fois que je suis rentré, je me suis dit qu’il ne fallait surtout pas que je refasse une erreur. Ensuite, je me suis concentré sur le sprint. J’ai pensé à (Mathieu) Van der Poel au Mondial d’Hoogerheide, face à (Wout) van Aert. Je m’attendais à ce que Joshua fasse un gros sprint aussi. J’ai pensé à ça, je ne sais pas pourquoi.

Et te voilà avec ce nouveau maillot bleu-blanc-rouge sur le dos…
La saison dernière, j’ai traversé une année difficile mentalement. Rejoindre l’équipe Arkéa-B&B Hôtels m’a donné un second souffle. C’est comme un renouveau. Ce titre appartient grandement à l’équipe. Je suis vraiment content de débuter un nouveau chapitre de ma carrière.

« J'ÉTAIS ARRIVÉ À BOUT DE SOUFFLE »

Ce titre a-t-il une saveur particulière ?
Mon premier, c'était déjà en Bretagne, à Lanarvily. Celui-là, je le place très haut. Physiquement, non, car je me sentais très bien, même s’il n’était pas facile de sortir Joshua. On connaît ses qualités. Mais au niveau émotionnel, ce titre a une grande importance. J’étais arrivé à bout de souffle l’an passé. Je ne peux pas dire que je suis plus sérieux car je l’ai toujours été. J’ai toujours été irréprochable. Mais j’ai un nouvel entraîneur, un nouveau manager… J’ai eu un gros staff la semaine dernière, ça m’a même fait un peu bizarre mais j’ai voulu en profiter.

Tu permets également à ta nouvelle équipe de quitter Camors avec un titre…
J’aurais aimé que Rémi (Lelandais) gagne hier (2e en Espoirs, NDLR), ça nous aurait enlevé une part de pression. Pour les filles, on a bien vu le sponsor mais on préfère avoir un maillot (2e et 3e via Amandine Fouquenet et Anaïs Morichon, NDLR). C’était quand même un gros week-end, réussi, pour l’équipe.

Revenons au scénario de ce Championnat national : tu as toujours voulu rester aux commandes face à Joshua Dubau. Pourquoi ?
C’est surtout que sur la route, on s’ennuie à suivre pendant quatre-cinq heures. En cyclo-cross, ça dure une heure alors si on commence à se regarder pédaler… J’ai horreur de ça. Je voulais tenir un rythme intense. Joshua (Dubau) a pris un relais. C’est un cyclo-cross, on est là pour se faire la bagarre. C’est toujours mieux d’être devant plutôt que de subir.

« TOUT LE MONDE ÉTAIT INQUIET »

La saison n’est pas terminée !
Différentes personnes ont différents objectifs avec moi. Je pense à François Trarieux (le sélectionneur national, NDLR). Lui, il n’en a rien à faire que je sois Champion de France (sourire), par contre il m’attend au Championnat du Monde. L’équipe et moi avions cet objectif du Championnat de France. Mais dans tous les cas, ma saison ne s’arrêtera pas à Tabor. En toute humilité, je suis quand même attendu sur la route. Je n’ai pas signé que pour le cyclo-cross. Dès le 20 février, je serai de retour sur les routes avec l’ambition de traduire les Top 10, Top 5 en victoires. Je prends l’avion ce soir pour rejoindre l’équipe en Espagne, ça va faire du bien de rouler au soleil et de les retrouver. Je ferai aussi trois jours avec l’équipe de France sur place.

Que peux-tu espérer du Mondial à Tabor ?
Mathieu (Van der Poel) est ultra favori, il est une jambe au-dessus de tout le monde. Mais sur une très bonne journée, je pense que je peux rivaliser avec les seconds couteaux. Malheureusement, on ne peut dire que ça car Mathieu met la barre vraiment très haut… Mais derrière, il y a deux autres places sur le podium à aller chercher et Mathieu n’est jamais à l’abri de quelque chose. En toute sincérité, une 3e place serait déjà une victoire.

Jusqu’à ce titre national, tout n’avait pas été simple pour toi ces dernières semaines...
Je me suis fait un peu taper dessus. Ce n’est jamais plaisant. Tout le monde était inquiet de me voir un peu plus loin. Mais c’est aussi grâce à ces courses-là qu’aujourd’hui je suis devant. On a beau être bon sur le vélo, le cross est un effort spécifique. Sébastien Loeb ne gagnera pas une course de F1 demain…

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