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Océane Top 16 : « Une certaine fatalité »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

Il n’y a pas vraiment eu de surprise du côté de l’Océane Top 16 en découvrant le classement du critère sportif permettant aux structures de postuler, ou non, à la N1 pour la saison 2024 (voir ici). Faute de résultats, l’équipe charentaise devra repartir en N2, comme ce fut déjà le cas il y a cinq ans. Après l’annonce de cette relégation, Directvelo a fait le point avec Stéphane Bauchaud, le manager de l’Océane Top 16. 

DirectVelo : L’Océane Top 16 est contrainte de repartir en N2 en 2024…
Stéphane Bauchaud : On avait fait nos calculs, il faudra que je regarde si ça correspond mais on savait qu’on ne passerait pas. On s’était préparé à deux options en sachant qu’à 90%, ça allait se passer comme ça. Nous étions allés à Paris il y a quelques semaines pour parler avec la FFC. Mais il y a une certaine fatalité.

C'est-à-dire ?
Ce n’est pas la faute de la FFC ce qui est arrivé à certains de nos coureurs. Au Tour du Piémont Pyrénéen, Louis Ferreira tombe dans une descente alors qu’il était parti pour gagner l’étape-reine et donc peut-être le général le lendemain. On est allé au Tour du Loiret sans Louis Lapierre. On est forfait au Tour des Deux-Sèvres car on n’avait pas assez de coureurs. Nous avons sept garçons qui ont eu une fracture pendant cette saison. Mathis Tiphaigne n’a plus couru depuis avril à cause de sa blessure. Il y avait toujours trois-quatre blessés chaque week-end.

« ON NE VA PAS PASSER NOTRE TEMPS À CHIALER »

Au-delà des blessés, la situation n’a pas été évidente avec certains coureurs…
On a des coureurs qui n’ont pas tenu leur engagement vis-à-vis de nous. J’en veux profondément à quatre coureurs. Quand tu en as quatre qui te pètent dans les doigts… On a été sur une course comme le Pays Roannais avec trois Espoirs 1ère année, des Open… Ils n’auraient jamais dû être au départ. Ce n’était pas possible de faire quelque chose là-bas. La profondeur du banc n’était pas assez large pour que ça passe. Le hasard n’existe pas, c’était écrit. Il y a deux options aujourd’hui, soit ça donne raison à ceux qui sont pour cette réforme et on dit que certaines équipes n’avaient pas leur place, soit on a un léger caractère humaniste. La fédération française n’aura plus que 21 équipes en N1, c’est très bien… Ils feront appel aux N2 et aux équipes étrangères pour compléter les plateaux. Tout va bien…

Comment imagines-tu la suite pour ton équipe ?
On ne va pas passer notre temps à chialer. Être en N2 nous fera perdre des moyens financiers. Des partenaires privés sont déçus de la saison, les subventions ne seront pas les mêmes… Il faut savoir pourquoi on fait les choses. On avait tendance à dire qu’on gérait une équipe pour les sportifs… C’était le sens de mon implication. Si le modèle post-covid est de faire les choses pour soi ou pour la structure… Je donne pour le vélo depuis 1998, c’est la moitié de ma vie de passer mes week-ends sur les courses alors si en face il n’y a pas un minimum, mon action n’a pas de sens. Pour 2024, j’ai vu des coureurs motivés, qui voulaient venir à l’Océane Top 16. Nous avons fait notre premier stage le week-end dernier, ça s’est très bien passé. On veut retrouver les valeurs qui étaient les nôtres, on espère prendre du plaisir.

« À L'ÉPOQUE, ON AVAIT UNE VISIBILITÉ »

L’Océane Top 16 était déjà descendue en 2018. Est-ce un avantage pour mieux appréhender ce moment ?
À l’époque, on avait une visibilité sur la suite. On savait qu’en faisant une bonne saison 2019, on pouvait remonter en DN1. On avait une feuille de route. Nous avions terminé 4e de la Coupe de France DN2 et comme la DN d’Auber s'arrêtait, on avait pu remonter. Cette fois, il y a deux difficultés. Si on a un groupe sain et serein, qu’on est tous dans le bâteau, la remontée sera envisageable. Il y a des coureurs comme Louis Ferreira et Lilian Langella qui nous ont fait confiance. Ils croient en nos valeurs. Concernant le second aspect, on ne sait pas ce que sera le vélo amateur en 2025. Là, on a une visibilité à six mois. En juin, on nous présentera la nouvelle réforme… C’est clairement compliqué d’aller voir des investisseurs si tu ne sais pas où tu seras dans un an. On essaiera de faire au mieux de notre côté même si on peut se demander s’il y aura encore du vélo amateur dans un futur proche.

Tu sembles très inquiet pour le vélo amateur…
Aujourd’hui, je ne suis pas inquiet pour moi mais pour les salariés du cyclisme amateur. La précarité s'installe… Nous avons des belles structures qui s’en sortent, comme le Vendée U, l’AVC Aix ou Cre'Actuel-Marie Morin-U 22, mais à côté de ça les 12, 13 et 14e s’arrêtent et ça n’affole personne. Le calendrier est devenu ridicule… Je ne sais pas si tout le monde a les mêmes indicateurs car certains disent qu’on a un problème de riches avec autant de N1. En 2024, il y aura les JO, on doit s’adapter aux matchs de foot (lire ici). Un quart de finale de l’Euro sera plus important que le Championnat de France de vélo. On place du coup le Championnat de France Amateur en ligne le lendemain du contre-la-montre et on nous dit de donner de l’importance au chrono… Il y a quelques années, il a été demandé aux équipes de se structurer. On a fait un service-course et aujourd’hui, ça ne sert à rien. De notre côté, on va repartir pour un an et après, advienne que pourra.

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