Quelques minutes avant le départ du Circuit des 2 Provinces, Normann Latouche cherche la voiture du dépannage neutre pour déposer sa paire de roues de rechange. Le coureur du Team Energizer est un peu livré à lui-même de ce côté-ci de l'Atlantique. "Je n'ai pas l'encadrement qu'on a chez Vélo Matnik Team Energizer. On  n'a pas le label DN mais c'est comme si on était en DN", commente-t-il pour DirectVelo.

« EN MARTINIQUE, ON PASSE COMME DES KAMIKAZES »

Depuis la mi-août, Normann Latouche est de retour en Métropole. Il a quitté la Martinique pour revenir courir en Bretagne. Ses trois courses dans l'Ouest, à la Ronde Finistérienne, au Pertre et à Guerlédan étaient même ses premières courses depuis le Tour de la Martinique. "C'est ma reprise après des problèmes de dos. Je ne suis pas mécontent de mon niveau, avec le manque de course et le fait qu'on ne roule pas à cette vitesse", analyse-t-il avant d'expliquer les différences entre les deux façons de courir. "J'ai la force mais pas le rythme. Ici, ça tire beaucoup plus de braquet, c'est plus linéaire, il n'y a pas de gros taquets, il n'y a pas d'énormes à-coups, j'ai l'impression de faire du derrière scooter, c'est agréable".

La remise dans le bain dans les premiers kilomètres a été rude dans l'Elite Nationale. "Les 20 premières bornes, j'ai rien vu. On était 180 au départ, j'étais 170e pendant 20 bornes. Je me faisais pousser, je ne savais plus faire mais je me suis dit, si t'as pris le départ, essaie au moins. Ici, les coureurs savent super bien frotter, ça roule hyper vite sur des petites routes et il n'y a pas une seule chute, c'est nickel. Un moment j'ai repris confiance mais ça fait bizarre au début". L'ancien coureur de l'UC Nantes Atlantique a vite repris le goût de l'initiative et s'est retrouvé en contre-attaque. Il a trouvé une autre différence avec les pelotons martiniquais. "Il y a des virages où ça ne prend pas de risques alors qu'en Martinique, on passe comme des kamikazes".

« ON ESSAIERA DE FAIRE DES DÉPLACEMENTS »

Le représentant du Team Energizer a débuté la saison plein pétrole avec cinq victoires entre janvier et février, la première place temporaire du Challenge BBB-DirectVelo. Mais la suite a été plus difficile. "J'ai eu un problème de santé. On avait bien préparé le Tour de Martinique, j'avais fait un gros mois de mai et malheureusement en juillet j'ai essuyé des problèmes de dos que je n'avais pas connus depuis des années. C'est un problème assez grave. Rien que finir le Circuit des 2 Provinces sans avoir mal au dos, c'est déjà une petite victoire pour moi, 3 heures et demi de course, 3 heures et demi de plaisir", résume-t-il.

Pour sa troisième saison aux Antilles, le vainqueur du Grand Prix du Développement durable et solidaire garde aussi son regard d'observateur. D'abord sur son club. "J'espère que l'année prochaine, on essaiera de faire des déplacements. On a vocation de grandir, on a de beaux coureurs martiniquais dans notre équipe, on aspire à en avoir d'autres. Ils ont de belles qualités mais c'est comme tout, au début on souffre car c'est une manière de courir totalement différente". Et aussi sur l'organisation du cyclisme si vivace dans les comités d'outre-mer. "On aimerait bien qu'ils changent les calendriers entre les deux îles. Ils ne sont pas du tout harmonisés. Nos belles courses sont toujours le même week-end, c'est mal fait. En Martinique, on a un creux au mois d'avril et en Guadeloupe c'est à peu près pareil. Avec la Guyane c'est la même chose. Il faudrait qu'ils se mettent tous d'accord mais je pense qu'il y a des soucis d'égo entre comités. On a de belles courses chez nous. C'est un peu du vélo champagne". A partir du 4 septembre, Normann Latouche va s'envoler vers un autre continent pour courir en Chine le Tour du Lac Poyang (2.2) avec le Team France Clubs Défense. Avant de repartir pour une nouvelle saison en Martinique.