Valentin Darbellay : « Ça ne marche pas toujours, mais là… »

Crédit photo Romain Zanol - DirectVelo

Crédit photo Romain Zanol - DirectVelo

Valentin Darbellay a surpris le groupe qui se dirigeait vers la ligne d’arrivée à Cours-la-Ville. Avec quatorze coureurs en son sein, il fallait trouver la clé pour tromper tout le monde et finir en solitaire. C’est ce qu’a réussi le coureur d’Elite Fondations, dans les derniers hectomètres de l’épreuve (voir classement). Vainqueur du Triptyque Ardennais devant des coureurs de Continental en Belgique, et d’une épreuve dans son pays, le Suisse a ajouté une course française à son palmarès cette année. Un soulagement alors qu’il vit actuellement une saison à deux vitesses. Et ce mardi, il a montré qu’il était actuellement pied au plancher. Ancien skieur, Valentin Darbellay a fait le point avec DirectVelo sur les hauts et les bas qu’il connait depuis qu’il est passé au vélo.

DirectVelo : Tu t’imposes en solitaire !
Valentin Darbellay : Il a fallu jouer malin, après il faut quand même être costaud parce que j'étais seul de mon équipe, du coup les autres attaquaient une fois chacun. J'ai essayé de ne pas sauter sur tout ce qui bougeait, c'était difficile. À 3 kilomètres, je me suis dit : « j’essaye de partir dans la descente », et là je ne me suis jamais relevé. J’étais vraiment à bloc au dernier kilomètre. Je me suis dit peut-être que ça va rentrer à deux et que je vais faire podium, et puis ce n’est jamais rentré. J’ai un peu douté. Après, je ne me suis pas trop retourné. J’ai vraiment fait mon effort et j’étais concentré sur le fait de tout donner malgré le lactique dans les jambes et d’être à bloc. Après j'ai entendu le motard qui a dit que pour lui la victoire était jouée donc là ça m'a encore donné un coup de pouce.

Que représente ce succès pour toi ?
C’est une belle victoire. J’étais déjà venu ici l'année passée et ça m'avait bien plu comme parcours. Il est quand même usant et pour les costauds. J'étais assez motivé pour faire quelque chose, après de là à aller chercher la victoire… Des fois c'est un peu un jeu de poker dans le dernier tour. Physiquement j’étais assez fort aujourd'hui vu que j'étais seul de mon team. Je pense que c'était assez malin d'essayer de sortir tout seul à 3 km de l’arrivée. Derrière, ça discute, ça se relève, ça se gueule dessus un peu. Ça ne marche pas toujours, mais là ça a marché.

« J’AI APPRIS À AVOIR DES ÉCHECS ET À REBONDIR »

Comment tu juges ta saison ?
J'ai eu un peu deux phases. J'ai eu un super mois de mai et après j'ai eu le Beaujolais où j'ai eu une crevaison, au Tour du Pays Roannais où j'ai eu des chutes, et puis la Belgique, où j’ai eu des soucis mécaniques. Ces derniers temps, ce n’était pas la joie, même si le niveau physique était là, j'ai eu un peu moins de bonnes performances. Ça fait plaisir de revenir en forme ici à Cours-la-Ville.

Cette victoire permet de relancer une dynamique ?
On essaie toujours de rester motivé mais c'est vrai quand tu enchaines les galères c’est compliqué. On est bien entourés donc ça nous remonte le moral. Après, je n’ai plus 18 ans, j’ai 25 ans donc c’est plus facile de prendre du recul. Par rapport à mon ancienne vie de skieur, où j'ai aussi appris à avoir des échecs et à rebondir. Mais quand on est dans la période de trou c’est moins facile. Maintenant, je peux dire que ça ne me fait pas peur.

Qu’est ce que tu attends pour la fin de l’année maintenant ?
Continuer à ce niveau-là. Après on va partir en Belgique, pour le Tour de Namur. C'est cinq jours, cinq étapes, et il y a un gros niveau donc j'aimerais bien performer là-bas. J’ai encore une semaine pour me préparer. Après, je reviens du Tour de Liège donc je connais bien le niveau là-bas et je pense que je pourrai jouer ma carte. L’objectif, c’est une belle étape ou un bon classement général.

Et à plus long terme ?
C’est un peu compliqué des fois le mercato, c'est toujours difficile à savoir vraiment tant que tu n’as rien signé. Je ne suis pas depuis longtemps dans le milieu donc j’ai de la peine à savoir. Mais je suis assez content de mon intégration parce que ça fait une année et demi, plus ou moins, que je fais des courses Elites. Ça a été assez vite, je n'ai pas à me plaindre, je pense.

« J’AI ENVIE DE PLUS »

Dans quel domaine tu as le plus progressé ?
Tout d’abord, à m'habituer à ce rythme parce qu’avant je faisais quelques cyclos donc ça n'a rien à voir. C'est un rythme de petits efforts succincts assez durs et je me suis bien adapté à ça. Tout comme les efforts longs sur 4-5 heures parce qu’il faut encore pouvoir jouer dans le final et avoir les jambes. Je pense être puncheur, en tout cas pas grimpeur vu mon gabarit. Les bosses de 15-20 minutes, je les passe quand même. Quant aux bosses de 5-10 minutes, c'est presque ma spécialité.

Dans quel domaine tu aimerais encore progresser ?
Clairement dans le placement dans le sprint. Ça arrive quand même souvent dans des groupes de 30 et je n’arrive pas trop à sortir mon épingle du jeu, même dans un sprint à 30 coureurs. Le but serait vraiment d'apprendre et d’arriver vraiment placé, pour pouvoir utiliser mon explosivité. Ça me permettrait de jouer un peu plus la victoire quand je n’arrive pas en solo.

Quel objectif tu te fixes dans le vélo ?
J'aimerais bien passer pro. Je sais que j’ai déjà 25 ans. Mais ça m'est un peu tombé dessus, donc là je suis à bloc pour tout mettre autour du vélo et puis essayer de passer pro. On verra ce que ça donne. L’année dernière, j’étais venu ici, en France, j'essayais de donner un coup de main à un collègue qui essayait de faire de place et là cette année je joue la gagne. Ça change quand même pas mal. Je ne pensais pas avoir ce niveau-là. Maintenant, je m’y habitue un peu et j’ai envie de plus. J’ai des attentes qui montent. J’espère ne pas m’arrêter là.



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