L'histoire retiendra que c’est Victoire Berteau qui a offert le premier titre national sur route à la Cofidis. Ce samedi, la Picarde de 22 ans a ramené le titre de Championne de France Élites Femmes à sa formation dès sa deuxième année d'existence, tandis que le groupe masculin attend toujours un premier maillot bleu-blanc-rouge depuis sa création en 1997. Gaël Le Bellec, qui a mis en place la formation nordiste, revient pour DirectVelo sur cette journée inoubliable.

DirectVelo : Que peut changer ce titre pour Victoire Berteau ?
Gaël Le Bellec : J'espère que c'est le déclic pour aller gagner des courses parce qu'elle n'avait pas encore levé les bras avec nous jusque-là. Et là, elle gagne la plus belle course de la saison. Maintenant, à elle de confirmer en WorldTour. La semaine dernière, elle n'a pas osé tenter le sprint face aux leaders et face aux meilleures coureuses du monde (au Tour de Suisse, NDLR). Il faut qu'elle ose un peu plus maintenant. C'était la première étape, c'est un Championnat de France. C'est bien, mais il y a des courses de très haut niveau derrière, encore. Je pense que le petit déclic mental, il est passé ce samedi !

Le terrain était finalement idéal pour elle malgré le dénivelé… 
Elle avait un profil plutôt sprinteuse chez les Juniors. Elle passe de mieux en mieux les bosses. On l'a vu sur le Tour de France l'an dernier, à la Flèche Brabançonne ou lors d’A travers la Flandre. C'est un parcours qui lui convenait parfaitement malgré les 2000m de dénivelé positif. Elle a pris un coup de chaud en Suisse mais ça a été bénéfique pour le Championnat de France.

Te disais-tu que c’était possible ?
On y croyait un peu, mais on connait les filles qui sont dans le peloton professionnel depuis quatre, cinq voire presque dix ans. Victoire, ce n'est que sa deuxième année avec nous, elle a fait quelques années avant à Doltcini. Elle a un calendrier de courses fourni. On lui a fait confiance avec un calendrier piste et route. On savait qu'elle nous le rendrait si on la laissait sur la piste. Donc on est content aujourd'hui d'avoir fait ce pari.

« C’EST UN PEU INESPÉRÉ »

Elle ne disputera pas le Tour de France…
C'est une décision que l'on a prise avec elle, en accord avec ses entraîneurs de l'équipe de France, avec Cédric Vasseur et moi-même. On lui fait confiance pour être la plus performante quand elle est avec nous, mais on lui laisse aussi la possibilité d'aller sur la piste. Avoir une ou deux représentantes de Cofidis aux Jeux Olympiques, c'est aussi une grosse fierté pour nous. Il en reste pas mal des Tours de France.

À titre personnel, comment vis-tu ce titre ?
J'ai commencé le projet Cofidis en 2021, ça fait presque trois ans maintenant. C'est la concrétisation de tout le travail de recrutement des coureuses, du staff pour mettre en place une équipe qui fonctionne et qui roule. Notre philosophie, c'est performance et bienveillance. On sait qu'une fille épanouie va performer donc on a toujours mis l'athlète au cœur du projet avec un staff jeune, dynamique et assez moderne. Une bonne bande de copains et une bonne famille qui sont volontaires, il n'y a que de cette façon que ça peut marcher. Forcément ce titre, c'est un peu inespéré même si on en rêvait un peu.

Comment l'équipe va-t-elle évoluer ?
Elle a vite et bien grandi. On a eu une victoire l'an dernier, deux cette année et maintenant ce titre de Championne de France. On savait qu'on ferait un bilan après deux ans. Ça fait exactement deux ans que le projet a été lancé. Donc le premier bilan n'est quand même pas trop mauvais. Mais on sait que dans les plus grosses WorldTeams, les augmentations de budget vont très vite, donc c'est à nous de suivre le mouvement. Mais là ce n'est pas à moi de jouer, c'est au staff. On a passé la journée avec Thierry Vittu (Président de Cofidis Compétition), c'est la première fois qu'il vient avec nous dans la voiture. J'espère que ce n'est pas la dernière, car il nous a porté chance aujourd'hui.