Joxean Fernández Matxín est un visage bien connu dans le cyclisme. Le manager sportif de la formation UAE-Team Emirates est souvent aux premières loges pour assister aux succès à répétition de Tadej Pogacar. Toutefois, ça ne l'empêche pas de superviser les coureurs prometteurs d'aujourd'hui. En cette période de Classiques ardennaises, il a fait un crochet par Liège-Bastogne-Liège Espoirs. Avant de devenir manager chez UAE-Team Emirates, il était recruteur au sein de l'équipe Quick Step de Patrick Lefevere. "Je faisais une centaine de courses par an. Maintenant, avec mon rôle chez UAE, je n'en fais plus que 20-30 sur l'année", souligne-t-il au micro de DirectVelo. Toutefois, pas question de partager la tâche du recrutement avec un autre collègue. "C'est moi qui gère cette partie, j'adore aller voir les futurs grands de demain. C'est la douzième année que je le fais. Je connais les gens, les agents et les directeurs sportifs. J'ai mon réseau". Malgré un emploi du temps chargé, Liège Espoirs occupe une place importante dans sa mission de recrutement. "Combien de coureurs n'ai-je pas vu ici ? Je me rappelle de Joao Almeida en 2018. C'est une course importante dans la catégorie. Je tiens à la voir".

À travers ces douze années, l'homme de 52 ans a appris comment analyser les jeunes pousses. "Je ne me concentre pas sur le résultat. Chez les Espoirs, tu as toujours des surprises. Ce sont des épreuves beaucoup moins contrôlées. Parfois, c'est une échappée de dix coureurs qui va au bout, mais tu n'as pas forcément le coureur le plus fort dans le groupe. Le coureur qui va t'intéresser fera peut-être 11e ce jour-là. Il faut essayer de comprendre un maximum avant de juger. Je prends l'exemple du Tour d'Italie Espoirs. Qui s'attendait à voir Léo Hayter s'imposer au général ? Il vient en dernière minute et l'emporte. Tu ne pourrais pas voir une telle surprise dans le WorldTour".

« MAINTENANT ILS SE MÉFIENT »

L'Espagnol constate une évolution des mentalités depuis six ans. "Avant, quand j'arrivais sur une course, j'étais souvent accueilli bras ouverts. Maintenant que la plupart des structures WorldTour ont leur équipe réserve, ce n'est plus pareil. Ils se méfient. C'est devenu plus fermé. Imaginons que je sois intéressé par Staune-Mittet et/ou Graat, ce serait impossible à l'heure actuelle de les avoir". En revanche, il reste méfiant par rapport au jeunisme actuel, qui consiste à bordurer la catégorie. "Le professionnalisme qu'on voit chez les Espoirs se retrouve aussi maintenant chez les Juniors. Je préfère que le coureur fasse ses gammes avant de devenir professionnel. Je vais voir des épreuves Juniors, mais pas dans l'optique de le faire signer tout de suite". Mais l'équipe de Tadej Pogacar ne reste pas les bras croisés chez les Juniors puisque Jan Christen, le Champion d'Europe en titre, s'est engagé avec elle jusqu'en 2027.

Face à l'émergence des équipes de formation, il apparaitrait logique qu'UAE-Team Emirates lance également son équipe. Pourtant, selon l'Espagnol, ce n'est pas dans les cartons à court terme. "Je ne ferme pas la porte. Ce n'est pas une question de budget, c'est plus pour la logistique. On pourrait pourquoi pas partir d'une équipe existante comme l'a fait Soudal-Quick Step avec Elevate p/b Home Solution-Soenens". Pour le moment, l'équipe des Emirats se contente d'apporter son soutien à gauche à droite. "Nous envoyons du matériel à des équipes d'Amérique du Sud, en Espagne et au Portugal. Pour le moment, nous sommes un peu partout, sans nous concentrer sur un seul projet et pour le moment, notre approche nous réussit".