Baptiste Gillet fait parler la classe

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Pour la 40e édition du Circuit du Mené, les petits jeunes de Morbihan Fybolia GOA n'ont eu aucune pitié pour la tradition de la course. Ils ont foulé à la pédale l'habitude de voir le maillot jaune du matin, après le contre-la-montre, baisser pavillon dans la course en ligne. Baptiste Gillet et Pierre Thierry ont même fait mieux, ils ont conservé leurs deux premières places acquises le matin au chrono de Plessala (voir le classement).

Pourtant, leurs adversaires ont tout fait pour leur faire respecter la tradition, notamment Vendée U et Sojasun espoir-ACNC, présents dans les deux grandes offensives de l'après-midi mais aussi en second rideau dans le peloton pour attendre le moment de sonner l'hallali. Avec deux atouts en main, Morbihan Fybolia GOA tenait à faire gagner Baptiste Gillet, pas avare de ses efforts depuis le début de saison pour ses coéquipiers. Les adversaires, comme Grégory Pouvreault (Vendée U), l'ont bien deviné. "Je sentais qu'ils voudraient contrôler la course mais qu'ils auraient du mal à assumer tout le poids de la course". Le 3e du classement final avait vu clair, le déroulement de la course lui a donné raison, enfin presque jusqu'à la fin.

LE VAISSEAU AMIRAL TOUCHÉ

Dans cette étape en ligne incontrôlable qui fait un des charmes du Circuit du Mené, le premier coup de six coureurs part au bout de 4 kilomètres avec deux hommes placés après le contre-la-montre, Antonin Souchon (Sojasun espoir-ACNC) et Quentin Cowan (Vendée U). Le peloton mené par l'équipe du maillot jaune laisse jusqu'à 2'40" avant de donner un coup de collier pour revenir à 65 kilomètres de l'arrivée. Presque immédiatement une deuxième échappée repart en deux vagues. Dix coureurs se retrouvent à l'avant dont trois dangereux. Encore l'intenable Antonin Souchon, Mateusz Gajdulewicz, le Vendée U de service, et Rayann Lacheny (Océane Top 16). L'écart grimpe vite, le bateau commence à prendre l'eau. Les dix comptent 1'30" d'avance à Moncontour. Pour ne rien arranger, le vaisseau amiral des Morbihannais est touché mais pas coulé. Le pneu arrière gauche de la voiture du directeur sportif rend l'âme et il faut transbahuter en quatrième vitesse vélos et roues de rechange dans un deuxième véhicule.

Si les Fybolia veulent faire gagner Baptiste Gillet, c'est le moment d'inverser la tendance. Théo Laurans a déjà abattu un gros boulot avant que se profile le juge de paix du Circuit du Mené. La côte de la Philippaie, la bosse qui a vu Julian Alaphilippe sauter du groupe de tête tiré par l'équipe de Slovénie en 2012 et Valentin Madouas lâcher David Gaudu et Elie Gesbert en 2016. Cette fois-ci, c'est Pierre Thierry qui sort le grand jeu alors qu'il reste 30 kilomètres. "J’ai tout mis et je me suis écarté pour que Baptiste (Gillet) arrive à sortir tout seul, mais finalement c’est resté groupé", explique le vainqueur de la Flèche de Locminé à DirectVelo. Depuis le début de l'étape, le maillot jaune est dans un fauteuil mais maintenant sa tunique l'isole encore plus dans le groupe de contre qui arrive sur le circuit final de Saint-Jacut-du Mené. "Avant le circuit, j’étais assez serein. J’avais de bonnes jambes. Mais à trois ou quatre tours de l’arrivée j’ai douté un peu", reconnaît le futur vainqueur. 45" devant, Antonin Souchon est leader virtuel, accompagné de Mateusz Gajdulewicz.

« JE ME SUIS DIT C'EST TERMINÉ »

Il y a le feu à la maison verte. "On a réussi à les faire un peu paniquer", observe Grégory Pouvreault. Pierre Thierry profite du retour d'une vingtaine de coureurs pour retrouver le peloton maillot jaune mais pas forcément l'espoir. "On a vu qu’on avait une minute de retard. Je me suis dit « je ne sais pas comment on va faire, je suis cuit ». À un moment j’ai vraiment cru que c’était mort. J’ai dû aussi changer de vélo parce que mes vitesses sautaient". Baptiste Gillet a l'intelligence de temporiser pour ne pas se priver d'un précieux soutien. "Là je me suis dit « c’est terminé, je vais être tout seul » mais je faisais un faux train pour qu’il puisse rentrer". Sur ce circuit final qui sent bon la galette-saucisse, le gars de Boisgervilly en Ille-et-Vilaine va mettre ses tripes sur la route et faire parler sa classe.  "Dès que Pierre est arrivé, on a remis en route et on est rentré. Le dernier tour de circuit on a fait un chrono par équipe avec Pierre. C’est impeccable". Placé aux premières loges, Grégory Pouvreault est admiratif du renversement de situation. "Ils font un sacré numéro, ça n'a pas été facile pour eux. Pierre et Baptiste sont hyper soudés et se sont bien organisés et se sont mis très mal pour garder le maillot. Chapeau à eux !". Pierre Thierry confirme qu'ils se sont sentis bien seuls dans leur Baracchi face à tout le monde. "On n’était que tous les deux à rouler. Les autres ne nous ont pas aidés pour rouler alors qu’ils étaient six. Du coup, c’est encore plus mérité".

Pour sa première année Espoir, Baptiste Gillet ne découvrait pas le Circuit du Mené qu'il avait disputé l'an dernier avec la sélection Juniors du comité de Bretagne. Il ne dépare pas le palmarès de la dernière Fédérale Espoirs du calendrier français, toujours passionnante à suivre. "Je ne pensais pas gagner le chrono donc je suis déjà super content. Et gagner le général, c’est incroyable. Pour ma première année, je commence bien. Gagner apporte de la confiance, il faut que ça suive maintenant", savoure le vainqueur du Circuit du Mené. Il disputera le Tour de Bretagne (2.2) pour sa première année avec les Élites.

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