Jumbo-Visma et les maudites crevaisons

Crédit photo Pauline Ballet / ASO

Crédit photo Pauline Ballet / ASO

Quel Paris-Roubaix frustrant pour la Jumbo-Visma. Alors que la WorldTeam néerlandaise était venue sur ce troisième Monument de la saison avec des rêves plein la tête et une multitude d'atouts à jouer, plusieurs crevaisons ont empêché les hommes forts de l’équipe de jouer leur carte à fond à des moments cruciaux de la course. Christophe Laporte, tout d’abord. Le Français, récent vainqueur de Gand-Wevelgem et d’A travers la Flandre, a été écarté de la course à la victoire à la suite d’une crevaison dans la Trouée d’Arenberg, au moment où il accompagnait les favoris dans le bon coup. “On avait tout bien fait jusque-là mais j’ai crevé au pire des moments”. Malgré cette mésaventure, et alors que le groupe des favoris s’est vite retrouvé hors de portée, à plus d’une minute, le Varois n’a pas lâché l’affaire et a relancé en ressortant de ce qu’il restait du peloton principal, en compagnie de son coéquipier Nathan Van Hooydonck. “On voulait remettre un coup de pression mais j’ai subi une autre crevaison”. Il a finalement passé toute la dernière partie de la course dans ce premier petit groupe de contre, pour conclure la course en fond de Top 10 (voir classement). 

À l’avant, Wout van Aert s’est ainsi retrouvé isolé pour la Jumbo-Visma, une situation qu’il n’avait pratiquement jamais connue jusque-là sur l’ensemble de cette période des Classiques. “Christophe n’a pas eu de chance. En plus de cette crevaison, il y avait trois coureurs de l’équipe Alpecin-Deceuninck devant. Ils étaient très forts et ils ont constamment maintenu un rythme soutenu pour s’assurer que ça ne revienne pas de l’arrière”, témoigne le Flamand après coup, en zone mixte. Alors que beaucoup s’interrogaient sur l’état de santé de Wout van Aert après sa chute au Tour des Flandres, il est apparu dans une forme étincelante tout au long des 256 kilomètres de course, lui qui n’a pratiquement jamais lâché d’un mètre la roue de son principal rival, Mathieu Van der Poel. Mais dans le Carrefour de l’Arbre, et alors même que le Belge avait pris quelques longueurs à Matthieu Van der Poel avant de le voir revenir, il a été - lui aussi - victime d’une crevaison de la roue-arrière. “C’est vraiment dommage de crever à ce moment-là, c’est dur à accepter. Je me sentais bien toute la course. Sur le coup, je ne pouvais pas y croire. C’était un cauchemar…”.

« ON N'ÉTAIT PAS LÀ POUR FAIRE 3 ET 10 »

Dépanné au bord de la route, il est reparti une trentaine de secondes derrière l’homme de tête, a repris ses anciens compagnons de galère - Filippo Ganna, Stefan Küng, Mads Pedersen et Jasper Philipsen - puis n’a pas hésité à appuyer de gros relais pour tenter de rentrer. En vain. “Je pense que j’étais le plus fort du groupe derrière Mathieu. Je suis resté concentré jusqu’à la fin, pour aller chercher au moins un podium. Voire pour revenir devant mais en fait, c’était impossible. Il est trop compliqué de boucher un trou de 20 secondes sur un gars comme Mathieu…”.

Finalement, ni Christophe Laporte ni Wout van Aert n’ont pu pleinement jouer leur chance à fond. “On sait qu’il y a toujours une part de chance sur cette course, et la possibilité de crever, de chuter… C’est décevant. On n’était pas là pour faire 3 et 10, ni pour que je termine premier Français”, peste Christophe Laporte. Un scénario particulièrement “frustrant” pour les deux hommes et l’ensemble du collectif néerlandais, pour cette 120e édition de Paris-Roubaix. Un véritable Enfer du Nord.

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