Jade Wiel va mieux. Longtemps embêtée par des problèmes de santé l’an passé (lire ici), la Provençale compte bien désormais laisser ses soucis derrière elle et se concentre sur les objectifs à venir. Plus déterminée que jamais, plus méticuleuse qu’auparavant sur tous les à-côtés, l’ancienne Championne de France Élites - elle n’avait alors que 19 ans - espère passer un nouveau palier et compte bien décrocher sa place pour le prochain Tour de France. DirectVelo s’est entretenu avec la sociétaire de l’équipe FDJ-Suez en marge du Samyn, ce mardi.

DirectVelo : On t’a vu offensive ce mardi !
Jade Wiel : La stratégie d’équipe était d’éviter le sprint. On voulait rendre la course dure car on avait plusieurs cartes à jouer avec nos puncheuses. Si on voulait jouer la gagne, il valait mieux que ça bagarre. Personnellement, je sentais que ça allait bien sur les pavés alors j’en ai mis une pour me tester, j’en avais besoin. J’ai essayé de faire des efforts dans les petits taquets, ça me convenait bien. Malheureusement, on s’est fait piéger par deux filles dans le final. C’est frustrant, plus encore quand on voit que Vittoria Guazzini gagne le sprint du groupe de poursuite. Pour moi, c’était quand même une bonne mise en route. J’ai repris confiance. Maintenant, j’ai hâte de retourner au travail.

« PRENDRE SOIN DE MON CORPS »

Es-tu satisfaite de ta préparation et de ta montée en puissance ?
Oui. Finalement, après mon opération, je n’ai fait que quatre jours sans vélo puis j’ai bien enchaîné. J’ai pu repartir avec de bonnes hanches. Au bout d’une semaine, j’étais déjà capable de faire de longues sorties d’endurance de cinq heures et de faire pratiquement les mêmes séances que les autres filles lors du stage de l’équipe. J’ai repris les intensités il y a trois semaines, sans douleurs contrairement à avant. Je peux faire encore mieux mais j’ai déjà de bonnes valeurs. J’étais bien concentrée sur mon sujet tout l’hiver. J’essaie de bien faire les choses, de prendre soin de mon corps car je n’ai pas envie qu’il m’arrive d’autres pépins. J’espère que ça va payer prochainement. Pourquoi pas sur le Tour de Normandie, qui devrait être ma prochaine course. Ce sera une belle nouveauté. J’ai envie de me tester sur tous les types de course.

En 2019, tu avais décroché le titre national Elites alors que tu sortais tout juste des rangs Juniors. As-tu le sentiment d’avoir perdu du temps depuis à cause de ces problèmes physiques ?
J’essaie toujours d’en tirer du positif. Je me dis que le fait d’avoir vécu ces moments-là va me rendre plus forte. Lorsque j’étais blessée, j’arrivais à aller loin dans la douleur, voire à l’extrême, ça va m’aider. Et ça m’a aussi fait réaliser qu’il faut vraiment prendre soin de son corps. C’est mon outil de travail. Maintenant, je m’alimente bien, je dors comme il faut, je m’étire soigneusement, je vais toutes les semaines chez le kiné… Je fais vraiment le taff et ça fait plaisir.

On sent que tu sais désormais où tu veux aller et que tu as retrouvé de la confiance…
J’étais tombée dans un cercle vicieux. Comme ça n’allait pas trop en course, et qu’on me disait parfois que c’était dans la tête ou que j’étais cramée, ce n’était pas facile… Je savais qu’il y avait quelque chose, je connais mon corps. Mais j’avais moins la motivation de bien faire. J’étais ailleurs, je partais beaucoup me promener, je ne me reposais pas beaucoup. Maintenant, je pense avoir trouvé le juste milieu, mon équilibre.

« JE N'ÉTAIS PAS DANS UNE BONNE PHASE »

Tu as donc le sentiment d’être capable de bien mieux que ce que tu as réalisé ces deux dernières saisons ?
Au final, je ne savais pas vraiment ce que je valais ces derniers temps puisque je n’arrivais jamais à être à 100% de mes capacités physiques. Quand le corps ne va pas, la tête ne suit pas non plus. Je n’étais pas dans une bonne phase. Ici, j’ai pu me faire plaisir sur le vélo et c’est le principal. Je suis vraiment motivée et je ne veux plus rien laisser au hasard.

En parallèle du cyclisme, tu as récemment concocté un livre de recettes !
Je m’y suis mis depuis la période du Covid. Je cuisine beaucoup, ça me permet de rester au calme à la maison, de manger sainement. Quand j’écris mon livre, je me repose puisque je suis tranquillement sur l’ordinateur (sourire). Ça m’occupe l’esprit, c’est bien de ne pas penser qu’au vélo.

T’es-tu fixé un cap, un pic de forme à cibler pour les semaines et mois à venir ?
Je vais prendre les courses une par une, en me fixant à chaque fois un petit objectif. Je pense pouvoir bien m’amuser sur le parcours du Tour de Normandie. Niveau objectifs, je pense aussi au Championnat de France, dont le tracé pourrait me convenir. Et surtout, j’aimerais être sur les routes du Tour de France.