Un air de Classiques en Drôme-Ardèche

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Une fois encore, le week-end en Drôme-Ardèche n'aura pas laissé indifférent. Conditions météos très délicates, courses menées tambours battants, parcours extrêmement casse-pattes : les deux compétitions d’un jour ont marqué les corps et les esprits. “Ici, c’est vraiment comme une Classique, Que ce soit au niveau du parcours ou de la météo, c’était pour hommes forts”, résumait après l’arrivée Rui Costa pour DirectVelo. L’avis de l’expérimenté coureur de 36 ans, ancien Champion du Monde sur route au palmarès long comme le bras, compte dans le milieu. 9e en Ardèche et surtout 2e dans la Drôme, dimanche, le Portugais réalise un début de saison impressionnant - déjà trois victoires en Espagne - et il a profité de cette course éreintante pour faire une nouvelle fois parler ses qualités.

Derrière, parfois loin derrière le coureur d’Intermarché-Circus-Wanty, beaucoup ont souffert samedi et plus encore dimanche, alors que le vent soufflait terriblement fort et qu’il n’a jamais fait plus de 5°C.Je me suis accroché mais c’était vraiment pénible. Je n’ai pas pris beaucoup de plaisir sur le vélo. Entre le vent, les bordures, les petites montées sèches… C’était très compliqué. Je n’ai vu personne prendre le temps d’une pause pipi sur l’ensemble de la course, c’est une anecdote assez parlante”, témoigne Jordan Jégat, coureur du Team CIC U Nantes Atlantique.

SEULE LA MOITIÉ DU PELOTON A TERMINÉ LA COURSE DIMANCHE

Outre les Nantais, les Franciliens de St-Michel-Mavic-Auber 93 ont également souffert. Samedi, seul Thomas Gachignard a terminé la course du côté de la Conti. Dimanche, Nicolas Debeaumarché a été le meilleur représentant de sa formation, lui qui a coupé la ligne à la 25e place, à plus de huit minutes d’Anthony Perez, lors d’une course durant laquelle près de la moitié des coureurs sont montés dans le bus de leur formation avant l’arrivée (72 classés pour 68 abandons). “On le savait avant de courir là-bas mais on prend quand même un coup sur la tête quand on est six à abandonner en Ardèche puis qu’on est tous loin encore le dimanche. Avec ce vent, le placement joue un rôle primordial. Or, quand tu as le maillot d’Auber, ce n’est pas comme quand tu as le maillot de Quick-Step ou de Trek. Déjà, tu es moins fort physiquement mais en plus, tu prends tous les coups d’élastique à l’arrière”, rappelle Nicolas Debeaumarché, qui s’est arraché ce week-end pour prendre de la caisse face à une concurrence relevée. “Quand on se retrouve le soir à table pour débriefer, il y a forcément une part de fatalisme. Mais on arrive aussi à prendre du recul. On se dit qu’il faut passer par là. C’est dans la difficulté et l’adversité qu’on progresse. Une journée comme celle de ce dimanche, tu ne peux jamais la faire à l’entraînement”.

Sur ces Boucles Drôme-Ardèche, tout le monde a galéré et certainement pas que les coureurs de Conti. Paul Ourselin, par exemple, a lui aussi trouvé le temps long sur ces courses particulièrement mouvementées et intenses. “Ce sont des courses qui prennent de l’ampleur de par le plateau notamment, mais aussi avec ces conditions météo. C’était super nerveux. C’est vrai que ça peut faire penser aux Classiques, il y a des parallèles. Surtout pour le dimanche car c’était plus long et avec ce vent… Il y avait des changements de direction, parfois on quittait l’axe principal pour aller chercher des bosses sur des petites routes, il y avait donc aussi de petites descentes, et de grosses relances. Tout ça rend ces courses très nerveuses”, insiste le coureur du Team TotalEnergies.

DIFFICILE DE PERFORMER SUR LES DEUX JOURNÉES

10e dimanche dans la Drôme, Dorian Godon acquiesce lui aussi la comparaison. “C’était une vraie Classique mais sans les coureurs de Classiques. Il y avait beaucoup de grimpeurs donc c’était un peu plus facile pour moi d’être dans les bonnes bordures, concède le coureur d’AG2R Citroën. Dans le final, j’étais complètement cuit avec le froid et le vent de face.
Je roulais à 30 km/h à bloc. Je ne ferais pas tous les week-ends des courses de ce type car ça use beaucoup”. Directeur sportif de l’équipe Cofidis, ancien membre de l’AVC Aix-en-Provence chez les amateurs comme son coureur Anthony Perez vainqueur dimanche, Benjamin Giraud a apprécié le spectacle ce week-end. Et le Provençal tient à souligner la difficulté de ces deux courses via un autre angle. “On se rend compte que les coureurs ont tous eu du mal à bien enchaîner les deux journées, et c’est représentatif de la difficulté de ces Boucles Drôme-Ardèche. Les mecs qui étaient devant samedi ont, pour la plupart, été plus à la peine dimanche. Je pense à Julian Alaphilippe ou à Mattias Skjelmose. Mais c’était aussi le cas chez nous avec Guillaume (Martin) ou Victor (Lafay). Ils étaient un peu moins percutants. Il n'y a que David Gaudu qui a marché très fort les deux journées”.

Qui de mieux qu’un Belge pour évoquer la comparaison (bien sûr relative) avec les Classiques belges ? Ce week-end, Maxime Monfort était présent sur les BDA au volant de la voiture de l’équipe Lotto-Dstny. Et il a lui aussi vu des similitudes. “J’y ai surtout pensé ce dimanche sur les deux premiers tiers du parcours, qui offrent beaucoup de possibilités de scénarios de course. Entre le vent et les bosses, on savait que ça allait casser et qu’il y en aurait de partout. Ce sont de très jolies courses”. Coureur expérimenté du Team DSM, Romain Combaud conclut l’analyse de façon aussi simple qu’efficace : Ça s’appelle Ardèche Classic et Drôme Classic. Tout est dans le nom (sourire). On peut vraiment considérer ces courses comme telles. D’ailleurs, je l’ai dit au briefing le matin, j’ai expliqué aux gars qu’il fallait prendre ces courses comme des Classiques. Le nom n’est pas volé, c’est bien approprié. On a eu de vraies courses de guerriers”.



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