C'est une situation qu'il n'aurait pas envisagé une seconde il y a encore quelques mois de cela et pourtant, Alexis Gougeard se retrouve actuellement sur les routes des Boucles du Haut-Var, dans les rangs amateurs. Après neuf saisons chez les pros, le Normand a été contraint de redescendre au niveau inférieur à la suite de l'arrêt de l'équipe B&B Hôtels-KTM, qu'il avait rejoint l'an dernier après avoir passé près d'une décennie chez AG2R La Mondiale. Vainqueur à onze reprises chez les pros, dont une étape du Tour d'Espagne, voilà l'athlète de 29 ans sous le maillot du VC Rouen 76. Mais pas question de se morfondre pour celui qui compte bien prouver que sa place n'est certainement pas à ce niveau. Entretien. 

DirectVelo : Qu’est-ce que ça te fait de te retrouver aux Boucles du Haut-Var alors qu’il y a quatre mois, tu étais sur Paris-Tours et que l’été dernier, tu n’étais pas loin de gagner une étape du Tour ?
Alexis Gougeard : Il faut passer à autre chose. Je me dis que je dois avancer. C’est clair que ce n’est pas forcément évident tout le temps... Mais je suis dans une bonne équipe, il y a une bonne ambiance. J’ai confiance en mes coéquipiers. J’essaie de prendre du plaisir sur les courses qu’on me donne, même si en ce moment, je suis un peu malade.

« JE N’AVAIS PAS L’INTENTION D’ARRÊTER »

Comment as-tu géré la période qui a suivi l’annonce de l’arrêt de B&B Hotels-KTM ?
Je n’ai pas contacté d’autres formations avant la fin de l’équipe. Malheureusement, parfois, il ne faut pas forcément faire confiance... J’ai commencé à contacter des équipes à partir du moment où on nous a dit que c’était fini et qu’on était libre. Je me suis bougé les fesses pour chercher une équipe. Ce n’était pas forcément évident. Je ne suis pas une priorité sur le marché des transferts, j’ai 29 ans... Parmi tous les coureurs libres, il y avait des mecs qui marchent comme Franck Bonnamour ou Mark Cavendish. Les équipes avaient déjà bouclé leur budget et leur effectif. À un moment donné, il fallait prendre une décision et savoir ce que je voulais faire. Pendant un mois et demi, je ne savais pas si j'allais être pro, amateur ou raccrocher le vélo. Mais je prends du plaisir sur le vélo depuis deux-trois ans et je n’avais pas l’intention d'arrêter. 

Tes anciens coéquipiers chez B&B Hotels-KTM, Jérémy Lecroq et Alan Boileau - eux aussi présents aux BHV - expliquent avoir besoin de temps pour se remettre dedans et être compétitifs. Est-ce également ton cas ? 
Je veux tout de suite être dans le match. Je vais de l’avant. Ce qui s’est passé est dommage mais c’est comme ça. Il y a de quoi faire dans le calendrier amateur avec de belles courses. J’ai des objectifs personnels et il y a plein d'épreuves importantes pour l’équipe. J’en ai parlé avec Jean-Philippe (Yon) et Pascal (Carlot). Le but est de gagner un maximum de courses, que ce soit individuellement ou collectivement. Je veux me faire plaisir avant tout, mais je ne suis pas là pour faire des cadeaux.

« IL FAUT S'Y FAIRE »

Chez B&B Hotels-KTM, tu étais l'un des plus expérimentés puisque tu n'avais plus connu le peloton des amateurs depuis 2013 avec l’USSA Pavilly Barentin…
Il n’y a pas d’oreillettes, ce n’est pas structuré comme chez les pros. Ça ne fait pas non plus de mal de redescendre et de voir comment ça se passe. Il faut être à l’avant et attentif. C’est différent, il faut s’y faire. Je dois reprendre des automatismes que j’avais perdus en étant chez les pros. Il faut qu’on arrive à courir tous ensemble et à se trouver. Il y a de gros moteurs dans ce peloton des amateurs. On va monter petit à petit en pression. Ça va venir.

Espères-tu toujours retourner chez les pros ?
Je veux me donner un maximum de chances de pouvoir repasser au-dessus et ne pas avoir de regrets. J’ai conscience que même si je gagne plein de courses, ce n’est pas sûr que ce soit possible. J’aurai au moins essayé même si ça ne marche pas. Si tel n’est pas le cas, il faudra se rendre à l’évidence et passer à autre chose.