Johan Le Bon : « Je n’ai plus cette pression de résultats »

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Crédit photo Michaël Gilson - DirectVelo

Après deux saisons chez les amateurs, au sein de Dinan Sport Cycling, Johan Le Bon prépare lentement sa reconversion loin du peloton. Actuellement en formation avec Bleu Mercure, c’est tout naturellement que l’ancien professionnel s’est engagé avec l’UC Briochine, sponsorisée par cette même entreprise. Ainsi, la pression des résultats en N1 est mise de côté, et c’est désormais en N3 que le coureur de 32 ans va s’exprimer pour 2023. Avant de reprendre la saison, Johan Le Bon s’est confié à DirectVelo sur ses deux années fastes avec les amateurs, ce changement d’équipe, mais aussi sa motivation et ses projets pour cette nouvelle année qui débute.

DirectVelo : Tu retrouves le club de tes jeunes années !
Johan Le Bon : Ça fait plaisir, j'ai fait deux ans Junior et six mois amateur ici, ce sont des belles années, des bons souvenirs. Maintenant on va dire que je me tourne vers un projet de reconversion et de transition qui fait tout autant plaisir. Au niveau professionnel c’est avec Bleu Mercure, j'ai intégré la société depuis quatre mois. Je fais une formation, l'équivalent d'un BTS attaché commercial sur la CCI de Saint-Brieuc. Et du coup je vais ralentir le vélo tout doucement, avec l’idée de se faire plaisir et apporter mon expérience. C'est bien de tourner la page doucement, de continuer quand même une passion qui dure depuis que je suis petit.

Quel a été ton état d'esprit durant cet hiver ?
Ça a été assez difficile au début, du fait de n'avoir connu que du vélo depuis 2009, ne vivre que de ça. Il faut se lever le matin et ne penser qu'à ça, récupérer etc. Maintenant il y a des contraintes nouvelles, plus ou moins. Je m'éclate dans mon nouveau boulot, ça me plait énormément, mais j'ai des contraintes horaires etc. Comme 90% des amateurs finalement (sourire), je ne suis pas le seul ! C'est un rythme à prendre, je suis content de le faire, ça va être un autre vélo maintenant. C'est motivant aussi de ne plus avoir cette pression que je me mettais auparavant.

« JE N’AURAI PAS LE MÊME NIVEAU EN DÉBUT DE SAISON »

Justement sur cette pression, tu passes de la N1 à la N3, ça a changé quelque chose pour toi pendant l'hiver ?
La première année amateur je m'étais mis une pression car je voulais remonter chez les pros, je voulais faire des résultats. Ça a été une très belle année. L'an dernier ça a été complètement une autre vision. C'était juste pour ne pas se prendre la tête. J'avais pris plus de recul. Je n'ai peut-être pas refait la même saison, mais ce sont des belles victoires qui resteront gravées à vie, comme le Tour de Bretagne. Je pense que ce sont les plus belles que j'ai eues, même si j'ai gagné chez les pros, en WorldTour. C'était de belles années, mais maintenant il faut aussi tourner la page. L'envie de gagner est toujours là, mais je n'ai plus cette pression de résultats.

Faut-il s'attendre à te voir au même niveau que les deux dernières années ?
Le niveau sera loin d'être le même. Je m'étais mis des priorités dans l'hiver par rapport à la reconversion, le boulot. Je ne serai pas à mon niveau, c'est sûr. J'ai moitié moins de kilomètres que les autres années. Mais une saison est très longue, les beaux jours vont arriver. Je pourrai reprendre l'entrainement après le travail et les cours, ce sera un peu plus facile. Mais je n'aurai pas le même niveau en début de saison.

Tu as quand même participé au stage en Espagne !
C'était une volonté. En décembre, je suis tombé malade sur un stage. J'y suis allé avec mon patron, Arlan Boulain, qui fait partie du club partenaire d'Arkéa. J'étais plus dans le club partenaires, je n'ai pas pu faire le stage comme je voulais en étant malade. Arlan a voulu garder ce stage en Espagne en janvier, dans des conditions top pour rouler. J'ai apporté mon expérience, on a bien roulé, on a fait une bonne semaine. Maintenant, le vélo ce n'est pas juste une semaine de stage. 26 ou 27 heures sur une semaine ne va pas aider à gagner des courses. Il y a encore du boulot pour retrouver mon niveau.

« ON S’EST RASSEMBLÉ »

Vas-tu faire certaines impasses au calendrier ?
Je n'irai pas à la Route Bretonne, c'était un choix d'aller à Plaintel-Plaintel. C'est une course que le club aime beaucoup. J'ai un copain qui aime bien cette course. Si je peux apporter mon expérience et aider l'équipe à faire quelque chose, je le ferai avec plaisir. Ce n'est pas trop loin de la maison, je connais bien, c'est plus l'envie de reprendre tranquillement et me faire plaisir. Je fais Melrand, Plaintel, après je fais Tressignaux et Manche-Atlantique. Puis je vais enchainer les fameuses classiques bretonnes.

Vous êtes plusieurs coureurs d'expérience dans l'équipe...
On est une petite bande, je connais Romain (Hardy) depuis 2008. Il m'a appelé en septembre, il était motivé à intégrer une N3. Il ne voulait pas la pression d'une N1, il voulait se faire plaisir. Fabien (Schmidt) c'est pareil, on se connait depuis les Juniors. C'est une bande de copains, on s'est rassemblé et c'est ça qui est sympa.

«  LE VÉLO RESTERA DANS MON CŒUR »

Penses-tu à la fin définitive de ta carrière ?
J'ai envie d'apporter au vélo ce qu'il m'a apporté. À voir quand je vais planifier ça, mais dans ma tête l'idée est de faire une année complète. On fera le point l'année prochaine. Si ça se trouve je vais trouver des marques, et je pourrai évoluer à un rythme où je peux continuer. Peut-être que je viendrai en bénévole pour donner un coup de main à ce club qui m'a offert énormément. Je vois au jour le jour et je prendrai une décision l'année prochaine, mais c'est clair que le vélo restera dans mon cœur.

Tu conserves des objectifs ?
Gagner des courses ! En nombre pas vraiment, mais au moins en gagner une, ça serait bien. L'idée est surtout que l'équipe en gagne. Moi ou les autres, ce n'est pas grave. Ma carrière sportive est derrière moi, c'est plus une victoire d'équipe que je souhaite.

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