Les frères Barbier, retour par la case Conti

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Drôle de parcours pour les frères Barbier. L’aîné, Rudy, sort de deux saisons frustrantes avec Israël-Premier Tech et souhaitait “absolument changer d’air”. Son petit-frère, Pierre, a été contraint de retrouver une équipe en urgence après l’arrêt de la B&B Hôtels-KTM, officialisé seulement au mois de décembre.Si ça avait été de ma faute, si je n’avais rien retrouvé parce que j’avais été nul toute l’année, ce ne serait pas pareil. Mais quand ça ne dépend pas de soi… J’ai réellement attendu le 4 décembre car j’avais confiance en l’équipe. On devait partir en stage en Espagne le 9… C’est fou quand on y repense… Mais j’ai réussi à rebondir, tant mieux. Je pense à tous mes ex-coéquipiers qui retournent en amateurs, à ceux qui ont arrêté leur carrière là-dessus, c’est dur. Je me sens privilégié”, résume Pierre pour DirectVelo.

En 2023, il va évoluer sous les couleurs du Team CIC U Nantes Atlantique en s’étant lui-même chargé de démarcher un sponsoring pour sa future formation. “C’est une sorte de mécénat mais via un vrai partenariat, avec un marchand de cycles que je connais très bien. Ça a permis de financer 50% de mon salaire pour la saison”. Et de s’assurer une place chez les pros pour celui qui n’envisageait pas de redescendre après sa “meilleure saison” dans les pelotons l’an dernier. “J’aurai un bon calendrier que je connais par cœur, pour l’avoir déjà fait plusieurs fois avec Roubaix puis Delko. Bien sûr, ça m’embête quand même de me retrouver en Conti mais je suis reconnaissant envers Nantes. Vu la situation, c’est déjà ça”. Rudy, lui non plus, n’a eu d’autre choix que de redescendre en troisième division, du côté de St-Michel-Mavic-Auber 93. “J’aurais aimé trouver une WorldTeam, bien sûr, mais c’était bouché en France. Au final, c’est un mal pour un bien, j’aurai moins de longs déplacements. Je vais pouvoir profiter plus souvent de mes enfants à la maison et je suis très heureux de rejoindre Stéphane Javalet et Stephan Gaudry”.

2023 EN FORME DE TREMPLIN


Cette saison, la fratrie ne pourra pas disputer la moindre épreuve WorldTour et devra se contenter d’un calendrier avant tout hexagonal. L’occasion, pour Pierre comme pour Rudy, d’avoir très régulièrement un rôle de leader dans leurs différentes formations et de jouer la victoire, le maître mot pour cette saison. “L’objectif sera de gagner. Il n’y a que comme ça, et avec une belle régularité, que j’arriverai à remonter dès 2024. Si je gagne une belle course, le téléphone ne fera que sonner les journées suivantes. Il en suffit d’une, c’est sûr…”, assure Pierre, qui n’a pas encore gagné chez les pros, bien qu’il en soit passé tout près l’an passé sur les routes du Tour de Croatie. “Le classement général de la Coupe de France peut aussi être un objectif, étant donné que je vais disputer un grand nombre de manches”.

Pour sa part, Rudy n’a plus gagné depuis septembre 2020, c’était sur une étape du Tour de Slovaquie. “J’ai fait plusieurs podiums en 2022 même si je n’ai pas réussi à gagner. Il n’a pas manqué grand-chose, plusieurs fois. Mais je n’étais pas dans les meilleures conditions pour que ça le fasse…”. Du côté d’Aubervilliers, il va pouvoir compter sur un groupe qui a eu l’habitude d’emmener les sprints pour Jason Tesson depuis deux saisons. Ce dernier étant parti au Team TotalEnergies à l’intersaison, le Picard le remplace, en quelque sorte, poste pour poste, dans le rôle à la fois du sprinteur et du leader N°1 du groupe. “Forcément, ça a pesé dans la balance. Ils ont un savoir-faire maintenant. Les mecs connaissent le calendrier par cœur, ils savent lancer les sprints. J’avais besoin de ça, je vais pouvoir m’appuyer sur un collectif, j’en suis ravi”.

BESSÈGES EN GUISE DE MISE EN JAMBES


Pierre est persuadé que Rudy va profiter de cette année 2023 pour pleinement se relancer, et vice-versa. “Il va avoir un train qu’il n’a peut-être jamais eu jusque-là. C’est top, je suis content pour lui”, se réjouit Pierre. “Pour lui, c’est encore une autre histoire que pour moi ! Il a été pris pour un con mais il retrouve toujours une option, même s’il n’a pas de chance. C’est l’un des meilleurs sprinteurs français de la nouvelle génération. Il n’y en a pas 50 qui vont aussi vite que lui. J’espère que ça va tourner et je suis sûr qu’il peut faire une grande saison”, promet Rudy.

En évoluant chacun dans une Conti française, Pierre et Rudy vont très régulièrement se retrouver et jouer la victoire dans les mêmes lignes droites. Et ce dès cette semaine sur les routes gardoises de l’Etoile de Bessèges. Mais Rudy explique avoir besoin de temps. “La première étape risque d’être trop dure pour moi et je ne suis qu’en reprise. Autant travailler pour le collectif pour le moment et partir sur de bonnes bases, en m’appliquant au maximum. Février sera l’occasion de prendre mes marques, vu le programme”. Quant à Pierre ? Il se veut lui aussi prudent. “Je n’ai jamais fait les deux premières arrivées, alors que certains connaissent déjà. C’est un désavantage mais s’il y a une opportunité, je ne vais pas me gêner”. Tous deux ont déjà terminé 2e et 3e d’étape(s) sur la première course par étapes française de la saison. Reste à atteindre la plus haute marche. Et si ça ne se fait pas cette semaine, les occasions seront encore nombreuses tout au long de la saison. Reste à savoir qui montrera la voie à son frangin.



Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Pierre BARBIER
Portrait de Rudy BARBIER