Pour les “Niçoises”, « c’est la dep »

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle / DirectVelo

Toutes sont unanimes : la surprise a été totale, au moment de recevoir cet email commun partagé à l’ensemble du groupe, jeudi en fin d’après-midi. Sophie Almeida, Malorie Beunard, Lou Berland, Louhanna Duplouy, Justine Gegu, Axelle Guirado, Élodie Le Bail, Cindy Pomares, Coline Raby, Océane Tessier et Constance Valentin ont appris que la formation féminine du Sprinter Nice Métropole n’allait pas monter au niveau Continental. Pire encore : l’équipe ne repartira même pas en N1 et s’arrête, tout bonnement. La structure niçoise indiquait, jeudi, avoir été “contrainte de prendre cette décision à la suite de la promesse non-tenue du conseil départemental de son engagement pour 2022". Et le départemenent ne s'était toujours pas prononcé pour 2023. “On savait qu’il fallait attendre la validation de l’UCI mais pour moi, c’était bon. Je ne m’y attendais pas du tout, le budget semblait ficelé”, résume Coline Raby, dépitée, auprès de DirectVelo

“C’est vraiment n’importe quoi, on aurait au moins pu prendre le temps de nous passer un coup de fil”, souffle une autre athlète. “L’email est un petit peu victimaire. En gros, ils nous expliquent que ça leur est tombé sur la tête et qu’ils n’y sont pour rien. « On est désolé et bonne chance ». Voilà…”. Membre du Team ELLES Pays de la Loire en 2022, comme Coline Raby, Justine Gégu est elle aussi dégoûtée par la situation. “C’est la dép. Je ne m’y attendais pas du tout, je n’avais pas le moindre doute. On l’a appris une heure avant la publication de DirectVelo. J’ai lu l’article d’Océane (lire ici) et c’est exactement ça : on avait signé les contrats, on évoquait le matériel, le calendrier… Je ne vois pas comment on aurait pu imaginer cette situation. Ils nous avaient dit que de toute façon, si le dossier ne passait pas à l’UCI, ils feraient appel et que ce serait forcément bon”, regrette celle qui avait signé son contrat il y a trois semaines. “Ça peut sembler bête mais le plus dur, c’est presque d’annoncer à ses proches qu’en fait, non, je ne passe pas pro. Quand j’annonce ça à mes grands-parents, ils ne comprennent pas… Tout le monde est déçu”, ajoute-t-elle.

Pour Élodie Le Bail aussi, c’est un mélange entre déception, incompréhension et colère. “Si on nous avait parlé de difficultés de partenaires ou d’argent, on aurait pu se préparer avec un Plan B, juste au cas où. Mais rien n’a été évoqué. J’avais signé depuis septembre, pour moi, c’était bon… Recevoir un email comme ça, en novembre, c’est choquant. Ça a vraiment du mal à passer”. En 2022, elle avait déjà rejoint une équipe qui allait passer pro, du côté de St-Michel-Auber 93. Ce qui l’avait rassurée. “J’étais persuadée qu’ils avaient les reins solides, eux aussi à Nice. Comme Auber, quoi... Je me disais qu’après avoir été en division nationale, s’ils passaient Conti, c’est qu’ils savaient ce qu’ils faisaient”.

LES DOUTES SUR LA B&B HÔTELS DANS L'ÉQUATION

Voilà donc onze filles sans contrat pour 2023 début novembre. Alors, que faire ? “Je me dis qu’il ne va pas falloir perdre de temps et me rapprocher de toutes les équipes que je peux, en espérant qu’il reste une place quelque part. Je ne sais pas combien de temps je vais me donner pour prendre une décision”, répond Coline Raby, toujours étudiante en Fac de Biologie, à Poitiers. “J’ai une personne, très proche de moi, qui s’est occupée des premières démarches aujourd’hui (vendredi) car moi, je travaillais toute la journée. Elle me sert un peu d’agent, mais juste façon de parler”, sourit Justine Gegu - elle s’était pour sa part engagée avec Nice il y a trois semaines -, qui évoque la création d’un groupe de discussion avec l’ensemble des filles, histoire de savoir où chacune en est.

Certaines abordent ensuite l’épineuse question de la B&B Hôtels, qui est dans tous les esprits. En effet, alors que le marché des transferts a été particulièrement animé chez les féminines depuis plusieurs mois, avec énormément de mouvements dans certaines formations françaises notamment, personne ne sait vraiment si la B&B Hôtels aura bien une équipe féminine en 2023. Et après la mésaventure niçoise, certaines s’attendent désormais à tout. “Il faudra voir ce qu’il va se passer avec la B&B. Peut-être que ça fera encore dix filles de plus sur le marché. C’est vraiment une course contre-la-montre pour tout le monde. Je crois qu’il vaut mieux trouver le plus vite possible. Je vais passer un maximum de coups de fil car la situation pourrait encore se complexifier bientôt”, concède Justine Gégu.

“J’ai récemment entendu dire que la B&B était en train de prendre l’eau alors attention. J’essaie, comme tout le monde, de prendre la température un peu partout mais je sais que beaucoup d’équipes sont déjà complètes. Il y a des places réservées pour les filles de la B&B, au cas où”, lâche une autre athlète. “J’aurais pu éventuellement espérer aller chez Arkéa, en tant que bretonne, mais je crois qu’ils ne veulent pas des vieilles comme moi”, plaisante pour sa part Élodie Le Bail, laquelle préfère pour le moment prendre le risque de refuser d’éventuelles propositions venant de DN en espérant retrouver quelque chose au niveau Continental. “Retourner chez les amateurs changerait beaucoup de choses. Si je me retrouve en DN, il va falloir retravailler à côté et forcément, ça change tout au niveau des ambitions, de l'entraînement… Je prendrais encore un coup derrière la tête mais il faut se dire que ce n’est pas la fin du monde”.

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