Camille Charret : « Un long combat contre moi-même »

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Mabyle - DirectVelo

Camille Charret était dans un grand jour, ce dimanche, au Championnat de France Juniors d'Altkirch. Après avoir anticipé dans une première échappée, le coureur qui représentait le comité Auvergne-Rhône-Alpes en est ressorti seul, avant que la menace d'un retour par l'arrière ne soit trop importante. Alors qu'il restait 37 kilomètres avant l'arrivée, l'habituel coureur du VC Villefranche Beaujolais a tenu la dragée haute et plus personne ne l'a revu (voir classement). Déjà médaillé de bronze au contre-la-montre et Champion du relais mixte, Camille Charret a vécu un Championnat de France de rêve, comme il l'explique à DirectVelo.

DirectVelo : Tu as fait une grande course pour décrocher le titre de Champion de France !
Camille Charret : Je ne réalise pas. Je savais que j'avais les capacités pour un Top 5 ou un podium, mais aller chercher le titre avec les concurrents qu'il y avait en face, c'est incroyable. J'ai longuement travaillé. Je ne remercierai jamais assez toutes les personnes autour de moi, tous les jours. Déjà avec un podium sur le chrono individuel, c'était inimaginable. Je savais que j'avais les capacités mais là... En plus avec ce titre route qui vient conclure une semaine magnifique, avec le relais mixte. C'est une semaine remplie de joie et de bonheur.

Tu as commencé très tôt à faire la course...
J'étais dans la première échappée du départ, après deux tours. À 100 kilomètres de l'arrivée environ. Puis je suis reparti à 35 kilomètres du but, seul. C'était un peu fou dans ma tête. Mais je voyais que ça ne voulait pas trop rouler dans l'échappée car les favoris revenaient derrière. Ça accusait le coup alors j'ai tenté ma chance. Je me suis longuement préparé, je n'ai pas couru pendant deux-trois semaines sur route. Je ne me suis préparé que pour ça, et ça a marché.

« JE N'AVAIS PLUS RIEN DANS LES JAMBES »

Tu pensais tenir ?
Je sais que j'ai des qualités de rouleur, mais les favoris revenaient très fort. Je voyais l'écart diminuer. Je me suis dit que ça allait être chaud. J'ai tout donné dans le Roggenberg et sur la partie après en faux plat. J'ai re-creusé sur Rémi (Daumas), car je ne le voyais vraiment pas loin. C'est incroyable. Ce matin j'ai dit que ça serait très dur pour moi. Je devais prendre un coup d'avance. Et ce coup m'a mené à la victoire.

À quoi as-tu pensé dans le final ?
Je n'ai pas pensé à grand-chose. Je voulais tout mettre, penser au maillot qui m'attendait. Je pensais à l'équipe derrière, Paul vient en plus chercher la médaille de bronze. On avait un collectif qui avait à cœur de ramener un maillot ou une médaille, c'est incroyable. Mais je n'avais plus rien dans les jambes. Ça a été un long combat contre moi-même pendant ces 35 kilomètres.

As-tu trouvé ta place facilement dans un collectif comme ça ?
On a été très clairs au briefing avec Paul (Seixas) et Valentin (Martinet). On a dit que c'était mieux de voir quelqu'un réussir plutôt que d'aller chercher sa placette. Tout le monde s'est mis à la planche, je pense qu'ils sont tous contents pour nous deux. Et nous on est contents du travail qu'ils ont réalisé. Ils nous ont aidés, on se doit de le retenir aussi.

« UNE ANNÉE EN N1 NE PEUT QUE ME FAIRE DU BIEN »

Le téléphone va forcément sonner...
Je n'y pense pas forcément. Je sais que beaucoup d'équipes vont venir. Mais j'ai encore des lacunes techniques et je pense que je dois encore apprendre. J'ai fait des courses à contre-temps sur le début de saison. Je pouvais aller chercher des meilleurs résultats. Comme là, c'était osé. Si je me faisais reprendre c'était foutu, mais on ne sait jamais. Le meilleur pour moi est de faire une année en N1, à Villefranche, sachant que c'est l'une des meilleures équipes formatrices. Et la suite on verra.

C'est original comme discours aujourd'hui...
Je trouve que passer professionnel aussi tôt... C'est compliqué de trouver sa place. On passe des courses de 120 bornes à presque 200. Il faut passer un cap. Même si j'ai les qualités ça va être un peu dur, et une année en N1 ne peut que me faire du bien. Je pensais aller en STAPS à Lyon l'année prochaine pour être plus proche de Villefranche. Mais il y a le bac d'abord, et c'est compliqué de gérer les deux avec le vélo.

Qu'est-ce qui t'a motivé à te lancer dans le vélo ?
C'était au passage du Tour de l'Avenir à Brioude, en 2014. Il y avait la fête du sport début septembre, j'ai attaqué comme ça. Quand j'étais petit j'ai pu rouler régulièrement avec Romain Bardet qui est près de chez moi (Camille Charret est originaire de Vieille-Brioude, NDLR). Ça a été un exemple même s'il n'a pas du tout les mêmes qualités que moi.

Tu attends quoi maintenant ?
J'espère avoir des sélections pour les Championnats internationaux. Je fais de la piste aussi donc les Championnats du Monde seront aussi très importants avec un objectif de record du monde sur la poursuite individuelle. Je vais longuement travailler tout le mois d'août avec un stage en hypoxie pour atteindre cet objectif.

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